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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/918

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COR

coup plus fort sans en changer le ton, comme remarque M. Perrault. Les cordes faites d’or trait dans les clavessins, rendent un son presqu’une fois plus fort que celui des cordes de cuivre. Une corde d’acier a le son plus foible qu’une corde de laiton, parce qu’il est moins pesant & moins ductile. La sixième corde des basses de viole, & la dixième des grands thuorbes sont faites de 50 filets de boyau ; & il y en a qui ont jusqu’à cent pieds de long, qu’on tord & qu’on polit avec la prêle.

☞ Outre les cordes à boyau dont on vient de parler, les boyaudiers en font d’autres plus grossières de boyaux unis en filets, tortillés & unis avec la prêle, qui servent à fortifier ou à mouvoir des machines.

☞ On a fait aussi des cordes de nerfs ou plutôt de ligamens & de tendons qu’on a voulu substituer aux ressords des chaises de poste & des autres voitures. Il paroît que cette nouvelle invention n’a pas eu le succès dont on s’étoit flatté.

Corde, en termes de musique, signifie la note, ou le ton qu’il faut toucher ou entonner, & se dit de tous les intervalles de musique. Nota, sonus. La quinte à cinq cordes ou cinq sons. On l’appelle dominante. La tierce s’appelle médiante, & celle par laquelle on finit, s’appelle finale. Corde signifie aussi un accord ; c’est dans ce sens qu’on dit : cette pièce a de belles cordes, pour exprimer les beautés qu’on trouve dans la mélodie. Rameau. Il y a dans le mode quatre sons essentiels, qu’on nomme cordes : la corde fondamentale qui est ordinairement la finale, la tierce du dessus de la finale, qu’on nomme médiante, la quinte au-dessus de la finale qu’on nomme dominante, & l’octave qu’on nomme replique. La corde principale est celle qui sert de fondement aux autres. Monteclair.

Cordes-avalées, terme de Musique. C’est un accord du violon en quarte, au lieu que l’accord ordinaire est une quinte. Les habiles joueurs de violon jouent à cordes avalées, afin de faire plus V facilement des accords.

On dit figurément en ce sens, toucher la grosse corde, quand on parle d’une chose qui doit faire du bruit, ou toucher vivement celui à qui on parle. On dit aussi, il ne faut pas toucher cette corde-là ; pour dire, ne parlez point de cette affaire, de cette circonstance, de peur de choquer quelqu’un qui renverseroit tous vos desseins.

Corde de bois, c’est une certaine mesure de bois à brûler qui se faisoit autrefois avec une corde. Mensura desecti caudicis. Aujourd’hui on la mesure entre deux membrures de quatre piés de haut, & éloignés l’une de l’autre de huit pieds. Le mot de corde est le mot usité parmi les marchands de bois. J’ai vendu, diront-ils, cent cordes de bois cette semaine ; j’ai bien deux milles cordes de bois dans mon chantier. Cependant le peuple de Paris se sert ordinairement de voie, qui ne contient qu’une demi-corde. Il me faut huit voies de bois pour mon hiver ; c’est-à-dire, il me faut quatre cordes. Le bois de corde est proprement le bois neuf qui est opposé à celui qui est flotté, parce qu’il vient par bateau, & que les marchands le mesurent par cordes.

En géométrie, on appelle corde, la ligne droite qui se termine à deux points de la circonférence d’un cercle, sans passer par le centre, & qui divise le cercle en deux parties inégales, qu’on appelle segmens. La corde d’un arc est la ligne droite qui va de l’extrémité d’un arc de cercle à l’autre. Linea. On l’appelle autrement subtendante. Les cordes sont marquées sur le compas de proportion. On appelle corde du complément d’un arc, ou demi-cercle, la corde qui soûtient le reste de cet arc, ou demi-cercle. La corde s’appelle en latin chorda, ou subtendens chorum. Elle coupe à angles droits la ligne tirée depuis son milieu jusqu’au centre du cercle. Elle est à son égard dans la même disposition que la corde d’un arc est à l’égard de la flèche, & c’est ce qui a fait nommer cette ligne, la corde de l’arc, & l’autre la flèche de l’arc, sagitta, comme l’appellent les anciens Géomètres. Le mot de corde est toujours demeuré ; mais on ne se sert plus guère de celui de flèche. Ce que les Anciens appeloient flèche, s’appelle maintenant le sinus du complément ; la moitié de la corde de l’arc double est ce qu’on appelle maintenant le sinus droit ; la différence de la flèche au rayon, ou la ligne qui va depuis la circonférence perpendiculairement sur le milieu de la corde, s’appelle sinus verse. La corde d’un angle & la corde de son complément au demi-cercle est la même chose. La corde de 50 degrés est aussi la corde de 130. On écrit toujours en françois corde sans h. Les grecs écrivent χορδή, & les latins chorda.

En agriculture on appelle corde, certaine dureté qui vient au milieu de certaines plantes & racines. Rigor, durities. Ces raves ne valent plus rien, elles ont des cordes. Condurescere, obdurescere. On le dit de quelques poissons, comme de la lamproie, parce que dans une certaine saison, lorsqu’elles commencent à se passer, elles durcissent, & il s’y forme, comme dans les raves, une espèce de corde. Voyez au mot Corder.

Corde, en termes de manège, est la grande loge qu’on tient à l’entour du pilier où le cheval est attaché pour le dégourdir, ou le faire manier. On appelle aussi les cordes des deux piliers, les longes du cavesson, quand le cheval travaille entre deux piliers : on dit qu’on le fait donner dans les cordes, pour le dresser à être bon sauteur.

Corde cablée, terme usité dans la chasse des oiseaux & la pêche des poissons. C’est une corde semblable à celle dont on se sert aux bateaux, laquelle est faite de trois cordons, composés chacun de trois autres. Dict. Œconom. au mot Termes non-vulgaires.

On dit aussi des chevaux, qu’ils font la corde ; pour dire, que par la respiration, ils retirent la peau du ventre à eux au défaut des côtes. Soleisel. On dit encore que les chevaux ont une corde de farcin, quand ils en ont bien des boutons de suite, qui font comme une corde. On le dit aussi dans certaines maladies vénériennes.

Corde à feu. Ce terme d’artificier signifie ordinairement les mèches de corde, dont on le sert pour conserver long temps une petite quantité de feu, & en allumer dans le besoin. On donne aussi ce nom à une sorte d’étoupille qui porte le feu plus lentement que les autres.

Cordes feuillards. On nomme ainsi à Bordeaux & dans le reste de la Guienne, les cordes à relier les futailles.

On appelle aussi la corde d’une montre, une corde de boyau qui se range autour de la fusée, quand le ressort est bandé, quoi qu’on la fasse par fois de fer ou de cuivre, & que ce soit une petite chaîne. Catella.

Corde sans fin, terme d’horlogerie. C’est une corde dont les deux bouts sont confus ensemble, & dans laquelle on renferme quatre poulies, quand on l’applique à une pendule à secondes. Cette corde a la propriété de ne point faire perdre le temps au mouvement, quand on remonte le poids.

Corde, terme de jeu de billard. On appelle corde deux clous placés sur les deux bandes des côtés, en deçà desquels un joueur doit placer sa bille pour commencer à jouer.

Corde (Tabac en) ; on appelle ainsi celui qui a été cordé. Voyez Corder.

CORDEAU. s. m. petite corde. Il se dit proprement de ces longues cordes & menues qui servent aux Géomètres & Ingénieurs pour lever des plans, pour tracer des desseins de bâtimens, ou des fortifications ; ou de celles des jardiniers qui font des parterres, ou qui plantent des arbres en droite ligne ; ou de celles des charpentiers avec lesquelles ils allignent leur bois. Linea. Le maçon appelle ligne, ce que le jardinier appelle cordeau. On