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BRO

BRODÉ, ÉE, part.

BRODERIE. s. f. Ouvrage en or, argent, soie ou fil formé à l’aiguille, sur une étoffe ou sur de la mousseline, pour l’orner davantage. Acu pictum opus. Le Roi a donné des ornemens à l’Eglise tout couverts de broderie d’or & de perles. On fait des lits, des habits, des housses de chevaux en broderie.

Broderie appliquée, est celle dont les figures sont relevées, & arrondies par le coton ou velin qu’on met dessous pour l’arrondir.

Broderie en couchure, est celle dont l’or & l’argent est couché sur le dessein & cousu avec de la soie de même couleur. Encyc.

Broderie en guipure, lorsque dans cette broderie on met de l’or ou de l’argent frisé, du clinquant, des paillettes.

Broderie passée, est celle qui paroît des deux côtés de l’étoffe.

Broderie plate, est celle dont les figures sont plates & unies, sans frisures, paillettes, &c.

Broderie, se dit aussi figurément des embellissemens qu’on donne à des contes, & à des histoires, & le plus souvent aux dépens de la vérité. Ornatus. Il y a dans ce conte quelque chose de vrai, mais le reste est de la broderie. On tomba sur les contes naïfs, & il falut en dire un à mon tour. Je contai celui de Marmoisan, avec quelque broderie qui me vint sur le champ dans l’esprit. Mlle L’Héritier.

Broderie, se dit aussi des parterres qui sont faits seulement de buis nain, composés de feuillages, & de fleurons ornés & tracés à la manière des Brodeurs, à la différence de ceux qui sont faits par planches, carreaux & compartimens, où l’on met des fleurs. Le fond des parterres de broderie doit être labouré, & de terre noire ; & le dedans des feuilles sablé. Ils sont entourés de platebandes de fleurs & d’arbrisseaux verts. Il faut que les ornemens de broderie soient sans confusion, & marqués distinctement. Leur beauté consiste à n’être jamais répétés. Il y a aux Tuileries de beaux parterres de broderie.

Broderie en musique. Voyez Broder, terme de musique.

BRODEUR. s. m. Artisan qui fait de la broderie. Phrygio, Phrygii operis artifex. Ces bandes de tapisserie ont été appliquées par le Brodeur sur cette étoffe. ☞ L’on ne comprend sous le nom de Brodeurs que les ouvriers qui ornent les étoffes d’ouvrages de broderies. Les femmes qui brodeur le linge ne sont point de la communauté des brodeurs.

Ce mot est : venu par transposition de Bordeur, parce qu’on ne brodoit autrefois que le bord des étoffes. On ne mettoit des embellissemens que sur les bords ; d’où vient que les Latins les ont aussi appelés Limbularii. Du Cange dit qu’autrefois on disoit aurobrustus ; pour dire, bordé d’or, ou brusdus, brudatus & brodatus. C’est la remarque du P. Papebrok sur ces mots des actes de S. François de Paule, Quidam homo, quem Brodatorem Regis vulgò nuncupabant. Acta SS. April. T. I, p. 159. Voyez aussi Pasquier, Rech. de la Fr. Liv. VIII, Chap. 62.

On dit proverbialement ; autant pour le Brodeur, pour se moquer d’un homme qui fait un conte à plaisir ; comme si on disoit, pour le bourdeur, qui nous donne des bourdes, des menteries, qui brode des contes.

L’invention de la broderie est : attribuée aux Phrygiens. Les Latins même ont appelé les brodeurs, Phrygiones.

BRODEUSE. s. f. Ouvrière qui brode. Phrygii operis artifex fæmina. Il y a en particulier de certaines Brodeuses qu’on appelle Brodeuses de gaze : ce sont des ouvrières qui embellissent de divers petits agrémens la gaze dont on fait des coëffes.

☞ BROD-NEMEKI, ou DEUTSHEN-BROD. Petite ville du cercle du Czaslaw, sur la rivière de Sozawa.

☞ BRODRA, BRODERA ou BROUDRA. Ville d’Asie, dans l’Indoustan, au Royaume de Guzurate, vers le Golphe de Cambaye.

☞ BRODT. Petite ville fortifiée, du Royaume de Hongrie dans l’Esclavonie, sur la Save.

☞ BRODY. Ville de Pologne, aux confins de la Volhinie & de la Russie.

☞ BRODZIECK. Petite ville, ou gros bourg de Pologne dans la Lithuanie, au Palatinat de Minski.

☞ BROGARDER. Vieux v. a. Conter des fables. Apologare. Ch. Est. Dict.

BROIE, ou BROYOIRE. s. f. C’est un instrument dont on se sert pour rompre le chanvre après qu’il est roui, & le filer ensuite plus aisément. Voyez-en la description dans le Dictionnaire Œconomique. On dit dans quelques Provinces Brai & Braye, & Brayoire.

BROIER. Voyez Broyer.

BROIEUR. Voyez Broyeur.

BROIL. s. m. Vieux mot. En bas latin, broilum. Broussailles, bois, branche d’arbre. Gloss. des Poës. du Roi de Nav.

BROILLIS, pour BROUILLERIES. Gloss. sur Marot.

BROILLOT. s. m. Vieux mot. Petit bois ou broussaille, appelé ainsi, parce qu’on avoit accoutumé de le brûler, afin de le défricher. On a dit aussi Bruillot & Bruillet.

☞ BROITSCHIA. Ville d’Asie dans l’Indoustan à douze lieues de Surate ; sur une rivière qui sépare le Royaume de Decan de celui de Balagate.

BROMALES. s. m. & pl. Bromalia. Ce nom se trouve dans Balsamon au 62e Canon du IVe Concile de Constantinople appelé in Trullo, comme si ce nom venoit de Bromius, Bromien ; surnom de Bacchus ; mais on prétend qu’il faut dire Brumales, & non pas Bromales. Voyez Brumales.

BROMIEN. s. m. Epithète qui se donne à Bacchus. Bromius.

Le blond Phœbus à tasse pleine
Se coëffe au bord de l’Hippocrène,
Aussi rondement, aussi-bien
Que fait le bon Pere Silène
Du jus du Pere Bromien.

Ce nom vient du grec βρέμω, je frémis, je fais du bruit, & fut donné à Bacchus, parce qu’il nâquit au bruit d’un coup de tonnerre qui fit accoucher Semelé sa mere, ou parce que les bûveurs font beaucoup de tumulte & de bruit.

BROMOS. s. m. Plante dont les feuilles ressemblent à celles de l’avoine sauvage. Elle pousse plusieurs tuyaux bas, menus & noués ; ses sommités, au lieu d’épi, portent des barbes longues & rudes au toucher. Cette plante qui croît au bord des chemins, est détersive, dessiccative, vulnéraire, propre pour les ulcères, principalement du nez. Ses racines sont menues & nombreuses.

BROMSBERG. Voyez Bydgost.

BRONCHADE. Faut pas que fait un cheval. Lapsio, lapsus, offensio.

BRONCHES. Voyez Bronchies.

BRONCHEMENT. s. m. Ce mot se trouve dans Pomey, pour signifier l’action de celui qui bronche.

BRONCHER. v. n. Mettre le pied à faux, faire un faux pas. Pedem offendere ad aliquid. Il se dit proprement des chevaux qui choppent.

Il n’est cheval si superbe
Qui ne bronche, dit le proverbe. Voit.

On le dit aussi quelquefois des hommes qui font des faux pas.

Sa canne s’accrocha
Dans l’un de ses canons, & mon homme broncha. Scar.

Broncher, signifie figurément, faire une légère faute, faillir. Offendere, labi, errare. Ce pere est si sevère, qu’il ne faut pas que ses enfans bronchent le moins du monde devant lui. A chaque pas qu’il faisoit, il croyoit broncher & offenser Dieu. Bouh