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COT

Coton se dit aussi, mais figurément, du premier poil follet qui vient au menton des jeunes gens avant la barbe. Lanugo.

Et ne tarderont ses conquêtes…
Qu’autant que le premier coton,
Qui de jeunesse est le message,
Tardera d’être à son visage,
Et de faire ombre à son menton. Malherbe.

On dit proverbialement : Cela jetera un beau coton ; pour faire entendre qu’une chose mal entreprise produira un mauvais effet, & qu’elle sera désavantageuse à ceux qui l’ont commencée. Cette façon de parler, quoiqu’elle ait passé de la ville jusqu’à la Cour, est basse & ridicule. Cail. On dit, jetter un vilain coton ; pour dire, ne faire rien qui vaille, en parlant d’un homme dont les affaires sont ruinées.

Coton. s. m. C’est le nom qu’on donne en Amérique aux petits d’un oiseau qu’on appelle Diable ou Diablotin. Les cotons sont couverts d’un duvet épais & jaune, comme les oisons, & sont comme des pelotons de graisse. Ils sont plus délicats que les Diables, mais si chargés de graisse, qu’ils la rendent, comme s’ils étoient pleins d’huile. Labat. Voyez Diable.

COTONINE. Voyez ci-après Cotonnine, sorte de grosse toile, & de pierre.

☞ COTONNER. v. n. Il se joint toujours avec le pronom personnel & signifie commencer à se couvrir de duvet, de bourre de coton. Flocculis Lanuginosis perpergi. Le Dict. de l’Acad. l’applique aux joues des jeunes gens qui se couvrent du premier poil follet. Ses joues se cotonnent. Il se dit peu dans cette acception. On le dit plus ordinairement des étoffes sur lesquelles il s’élève une certaine bourre. Cette étoffe, cette toile se cotonne ; & des fruits, pommes, poires, artichauds, &c. quand leur substance devient mollasse & spongieuse comme du coton.

COTONNÉ, ÉE. adj. Qui tient du coton, qui ressemble au coton. Gossipio similis, gossipium referens. Les étamines du Chamœrododendros sont plus ou moins colorées de purpurin, mais blanches & cotonnées à leur naissance. Tournefort, Acad. des sc. 1704, Mém. p. 347. Le ciel étoit fort brouillé, & la lune étoit couverte de nuages cotonnés, qui empêchoient de voir bien distinctement les taches de la lune. De la Hire. Ibid. p. 352.

COTONNÉ, ÉE. part. pass. & adj. Qui est plein & couvert de coton. Floculis lanuginosis perpersus. De toutes les fourrures, les plus communes à la Chine, sont celles de peau d’agneaux : elles sont blanches, cotonnées, & forts chaudes, mais pesantes, &c. P. le Comte.

☞ On appelle cheveux cotonnés, des cheveux courts & frisés comme ceux des Nègres.

COTONNEUX, EUSE. adj. mollasse & spongieux comme du coton. Il se dit seulement des fruits & des racines, qui commencent à s’amollir, & n’ont plus le même goût ni la même saveur que dans leur point de maturité. C’est en ce sens que l’on dit, des raves cotonneuses, des pommes cotonneuses, des pêches cotonneuses, des poires cotonneuses.

COTONNIER. s. m. Xylon, plante qui porte le coton. Le Cotonnier ordinaire, Xylon herbaceum, J. B. est annuel. On le cultive à Malte & dans plusieurs endroits du Levant. Sa tige est haute, environ de trois à quatre piés, droite, velue, un peu ligneuse, & presque toujours branchue. Ses feuilles sont alternes, & pareilles à celles du petit érable, mais moins fermes, plus velues & plus blanchâtres ; celles du bas de la plante sont arrondies & échancrées seulement en quelques endroits. Ses fleurs, qui naissent aux extrémités des branches, sont de la grandeur à peu-près & de la figure des fleurs de la mauve ordinaire ; elles sont jaunes sur les bords, pourprées dans leur fond. Le pistil, après que la fleur est passée devient un fruit gros comme une petite noix, divisé en quatre ou plusieurs loges, qui contiennent chacune plusieurs semences enveloppées d’une filasse blanche qui est appelée coton.

Le Cotonier, arbre, Xylon arboreum, J. B. diffère du précédent par la grandeur de toutes ses parties. Celui-ci est très-fréquent dans les Indes, & ne périt pas toutes les années : sa tige est haute de plusieurs piés, & donne des branches ligneuses, chargées de feuilles alternes, qui ne sont pas beaucoup différentes de celles du Ricin. Il n’y a presque que la consistance & la couleur qui les distinguent. Ses fleurs sont jaunes, & du diamètre des fleurs de la Mauve qu’on nomme rose d’outre mer ; son fruit est plus gros, mais la semence & le coton sont tout-à-fait semblables au précédent.

Cotonnier se prend encore pour l’Apocyn, qu’on nomme ainsi en Canada. Voyez Apocyn.

COTONNINE. s. f. grosse toile, dont la chaîne est de coton, & la trame de chanvre. On s’en sert pour les voiles des galères, & en certains pays pour les petites voiles des autres vaisseaux.

Albâtre cotonnine, pierre précieuse, espèce d’agathe, commune en Italie. Il y en a un beau tabernacle aux Carmélites de Lyon, fait à Florence en 1684, & donné par M. de Villeroy.

COTONNIS. s. m. pl. Les attlas cotonnis sont des satins qui viennent des Indes Orientales.

COTONS. s. m. pl. terme de marine. Ce sont des pièces de bois dont on se sert pour fortifier un mât, auquel en les joint étroitement.

☞ COTONAL, dans les Indes, est le Juge des affaires criminelles, Soubachi en Turquie, Daroga ou Daruga en Perse. Il ne peut faire mourir personne, qu’il n’ait envoyé un Courier au Roi, pour apprendre sa volonté sur le procès de celui qui mérite la mort. Ce Cotonal doit répondre de tous les vols qui se font dans la ville. C’est pourquoi il a des Archers qui font des Corps-de-garde, & qui y font la visite trois fois la nuit, à neuf heures, à minuit & à trois heures.

COTOYER, v. a. marcher à côté de quelqu’un. Alicujus latus tegere. Le premier Echevin côtoie le Prévôt des Marchands dans les cérémonies.

Côtoyer signifie aussi marcher le long d’une côte, d’un rivage, ou d’une autre chose étendue en longueur. Oram legere, littus radere. L’armée fut obligée de cotoyer long temps la montagne. Les galères côtoient le rivage, quand elles vont terre à terre. Les côtes de Malabar sont pleines de Corsaires qui les côtoient sans cesse.

CÔTOYÉ, ÉE. adj. en termes de blason, se dit lorsqu’une bande, côtice ou barre, est accompagnée de quelques autres pièces en même sens, & en même nombre, égale des deux côtés la principale des pièces. Stipatus.

COTRET. s. m. faisceau de morceaux de bois de moyenne grosseur, & liés par les deux bouts avec des harres. Ligni fasciculus brevior. Un bâton de cotret. Un cotret de hêtre. On dit, châtrer des cotrets ; pour dire, en ôter quelques bâtons. Les cotrets, soit de taillis, soit de quartier, doivent avoir deux piés de longueur sur dix-sept ou dix-huit pouces de circonférence. Ce nom a été donné à cette espèce de bois, parce qu’il est venu d’abord de la forêt de Villers-Costerets, ou Col de rets.

Ménage dérive pourtant ce mot du latin costrettum, qu’on a dit au lieu de constrictum, d’où les Italiens ont fait constreto, à cause qu’on les lie à deux endroits. D’autres le dérive du mot Danois got trehe, qui signifie bon bois.

On appelle figurément & burlesquement des coups de bâton, huile de cotret. On dit aussi d’un homme maigre & décharné, qu’il est sec comme un cotret.

On dit proverbialement : on vendra demain des