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DEB

ment. Terrarum deponatio, exportatio. M. de Feuquieres dans ses Mémoires a employé ce mot. Si l’ennemi a fait un abbatis dans une forêt dont le fonds est marécageux, & où il n’y a que quelques chemins secs : comme les déblais de ces abbatis sont longs à faire sous le feu de l’ennemi, cet ouvrage coûtera bien des hommes.

DÉBLATHA, ou DIBLA, ou DÉBLATHAÏM, ou DIBLATHAÏM, & DIBLAÏM. Nom d’une petite région de l’Arabie Déserte, & qui faisoit la partie septentrionale de la Terre de Moab, ou des Moabites ; elle touchoit à la Tribu de Ruben. Il y avoit dans cette petite contrée un lieu nommé Beth-Deblathaïm, c’est-à-dire, Maison de Déblathaïm, que quelques-uns croient avoir été une ville, d’autres le nient. Voy. Ezech VI. 4. Jérem. XLVIII. 22.

☞ DÉBLAYER, v. a. Débarrasser d’une chose qui incommode. Expedire ab aliquâ re. Déblayer une maison, une salle, &c. des choses qui sont incommodes, qui embarrassent. Ce mot s’est du originairement des Marchands de blé qui s’étoient défaits du blé qui occupoit & embarrassoit leurs greniers : & on a dit autrefois déblayer au propre, pour signifier moissonner un champ, en couper & ôter le blé ; Metere, comme l’on a dit emblaver & ablayer une terre, pour dire l’ensemencer en blé ; & ablais & emblée & debleure, pour dire, le blé pendant par les racines, comme l’on voit en plusieurs Coutûmes, qui disent aussi bléer ou debléer.

Déblayer. Se dit aussi en termes de guerre. Il fallu plusieurs jours pour déblayer le camp des blessés. M. de Feuquieres dans ses Mémoires.

Ce mot vient de bladare, ou de bladiare, qu’on a dit en la basse Latinité, pour signifier, moissonner des blés.

Déblayé, ée. part. Expeditus, liberatus ab aliquo, ab aliquâ re.

☞ DEBLEURE, ou EMBLEURE. s. f. Terme de Coutumes. Voy. l’art précédent. Ces mots signifient non seulement les bleds pendans par les racines, mais quelquefois la récolte ou la levée des bleds.

DÉBLOQUER. v. a. Terme d’Imprimerie. C’est remettre dans une forme les lettres qui, ayant manqué dans la casse, ont été bloquées, c’est-à-dire dont les places ont été remplies par d’autres lettres mais que l’on a renversées.

Deboêté, ou Déboîté, ée. part. pass. & adj. Os motum sede suâ.

DÉBOÊTEMENT, ou DÉBOÎTEMENT. s. m. Il se dit d’un os qui est hors de sa place. C’est la même chose que dislocation. Ossis de sede suâ depulsio.

DÉBOÊTER, ou DÉBOÎTER, v. a. Disloquer un os, le faire sortir de sa place. Os sede suâ movere.

Déboêter, se dit aussi des pièces de bois assemblées, qui sont sorties de leurs mortoises. Compagem aliquam, coagmentum dissolvere. Cette bordure de tableau est déboêtée.

On le dit aussi en hydraulique, pour séparer des tuyaux endommagés, pour en remettre de neufs.

Déboêter est aussi réciproque. Un os se déboëte. Une cloison se déboëte.

DÉBOIRE. s. m. Mauvais goût qui reste de quelque liqueur après qu’on l’a bue. Ingratus sapor. Il se dit aussi de la qualité ou de la saveur même qui cause ce mauvais goût. Ce vin a un déboire affreux Boil.

Déboire, se dit figurément du déplaisir, des chagrins occasionnés par le mauvais succès d’une affaire, ou des mortifications que l’on reçoit d’un Supérieur. Molestia. Les Courtisans sont souvent sujets à avoir de fâcheux déboires. C’est un furieux déboire que de se voir préférer un fat insolent. S. Evr.

DÉBONDER, v. a. & n. Lâcher, ou ôter la bonde d’un étang, d’un tonneau, &c. Sublato objectaculo aquam emittere. Quand on veut pêcher un étang, il faut le débonder & lâcher la bonde, afin de laisser écouler les eaux. Avec le pronom personnel, il se dit en parlant des eaux qui se répandent avec impétuosité ou abondance par les ouvertures qu’elles trouvent. Effluere, affluere, effundi. Cette chaussée est rompue, les eaux se débondent dans les prairies. Quand les écluses & les digues de Hollande sont rompues, la mer se débonde dans les campagnes.

On dit aussi neutralement que l’eau d’un étang débonde par quelque ouverture.

Débonder, se dit aussi des humeurs qui sont dans le corps. Effluere, effundi, diffundi. Quand la bile se débonde, elle fait de grands ravages. Quand le ventre se débonde & se décharge, le corps en est fort soulagé.

Transporté au figuré, ce mot n’est que du style familier. Ses pleurs ont enfin débondé. Après s’être fait violence pendant long-temps, il fallut enfin débonder, & donner un libre cours à la colère, à ses larmes. Erumpere in, &c.

Débondé, ée. part.

DÉBONDONNEMENT. s. m. L’action de débondonner. Pomey. Solutio, operculi detractio.

DÉBONDONNER. v. a. Oter le bondon. Suum dolio operculum detrahere. On a trop tôt débondonné ces muids, il les faut débondonner, les laisser débondonner durant quelque tems.

Débondonné, ée. part. pass. & adj. Solutus operculo.

DÉBONNAIRE. adj. m. & f. Doux, Bienfaisant. C’est là proprement l’idée que présente ce mot. Pius, lenis, humanus : mais il n’est d’usage que dans le style noble ou sérieux, en parlant des Princes : partout ailleurs il se prend en mauvaise part, ou en plaisantant. Louis le Débonnaire, ou le Pieux, Roi de France, étoit fils de Charlemagne. M. Châtelain, dans son Martyrologe, dit aussi Antonin le Débonnaire. Nos Antiquaires disent Antonin Pie. Le même Auteur avec Baillet dit : Saint Sulpice le Débonnaire, d’autres disent le Pieux.

Saint Louis étoit un Prince débonnaire. Un homme débonnaire est un homme facile, foible, & bon jusqu’à l’excès. M. Esp. Il n’est plus guère en usage en bonne part, suivant ce qu’a dit Balsac : Ils ont nommé le débonnaire, celui qu’ils n’ont osé nommer le sot. En parlant de cette vertu, que J. C. a canonisée, & qui va à souffrir & à pardonner les plus grands outrages, on peut dire : Les vrais Chrétiens sont débonnaires. Hors de-là, je ne voudrois pas m’en servir, & aujourd’hui un visage débonnaire signifie une physionomie niaise. Du tems de Montagne il signifioit quelque chose de doux & d’humain. Il y a, dit-il, quelque art à distinguer les visages débonnaires, d’avec les niais. Bouh. Quand on appelle quelqu’un débonnaire, on ne sait si c’est pour le louer, ou pour le blâmer. M. Esp. La mollesse des personnes débonnaires fait leur débonnaireté. Id.

On appelle un mari débonnaire, un mari qui souffre patiemment la mauvaise conduite de sa femme.

Pasquier, après Henri Etienne, dit que ce mot est composé de ces trois mots, de bon aire. Mais Ménage, à cause que cette signification est trop éloignée, tient qu’il vient de bonus & bonarius.

DÉBONNAIREMENT. adv. Avec douceur, avec bonté. Benignè, clementer. Un vainqueur doit traiter ses ennemis débonnairement. Il est vieux & hors d’usage.

DÉBONNAIRETÉ. s. f. Qualité de celui qui est d’humeur débonnaire. Clementia, mansuetudo, benignitas. La débonnaireté sied bien à un Prince. Il vaut mieux dire la douceur, ou la clémence, que la débonnaireté ; car lorsque la débonnaireté n’est pas une vertu du Christianisme, elle se prend d’ordinaire pour un manque de vigueur & de courage. Bouh. Dans le monde on se moque de la débonnaireté, & de la forte patience de ceux qui se laissent opprimer sans résistance. S. Evr.

La débonnaireté a quelque chose de vil & de méprisable. M. Esp. Ce mot est vieux.

DÉBORD. s. m. Ce qui sort ou qui passe au-delà du bord. Projectura, eminentia. On le dit en termes de monnoie, de cette saillie qui est hors le bord des