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DEH

DÉHANCHÉ, ée. adj. Qui a les hanches rompues ou disloquées, ou qui marche en laissant aller le haut de son corps, comme s’il avoit les hanches rompues. Cette femme paroît toute déhanchée. On le dit aussi des chevaux qui n’ont plus de force aux hanches, ou qui ont fait un si violent effort de hanches, que les ligamens qui tiennent l’os, se sont relâchés.

Molière a dit se déhancher, dans la scène 4e de son impromptu de Versailles, où il donne cet avis à Mademoiselle Du Parc. Prenez bien garde vous, à vous déhancher comme il faut, & à faire bien des façons : cela vous contraindra un peu, mais qu’y faire ? Il faut par fois se faire violence.

DÉHARDER. v. a. Terme de Chasse, C’est : ôter des couples que l’on a passées dans le milieu d’une couple qui tient deux chiens, pour en tenir plusieurs ensemble, & les en ôter aussi quand ils ont les jambes prises dans leurs couples : lâcher des chiens qui sont liés quatre à quatre, ou six à six. Solvere.

DÉHARNACHEMENT. s. m. L’action de déharnacher. Pomey. Instructus equini exemptio.

DÉHARNACHER, v. a. Ôter le harnois d’un cheval. Instructu suo equum eximere. Dites au cocher qu’il ne déharnache pas ses chevaux. On dit aussi populairement & par extension, qu’une personne est déharnachée, lorsqu’elle est à demi déshabillée, ou qu’il manque plusieurs choses à son ajustement.

Déharnaché, ée. part.

DÉHÉRENCE. Voyez DÉSHÉRENCE.

DÉHET. adj. Vieux mot. Gaillard, qui se porte bien.

Monté sur belle haquenée,
Et pensez que j’étois déhet.

On disoit autrefois Déhés, pour malheur, & Daudehés, pour mauvaise rencontre.

DEHLI. Quelques-uns écrivent Delly, & le P. Catrou, dans son Histoire générale du Mogol, écrit Déli & Dely. C’est une ville du Mogolistan en Asie, capitale d’un Royaume de même nom. Delium. Déhli est situé sur la rivière de Gemini ou Sémeux. Maty. par les 31 degrés 45 minutes de latitude, & les cent vingt-trois de longitude. P. Catrou. Délhi est divisé en deux ; le vieux qui n’est plus qu’un fauxbourg, & le nouveau, qu’on nomme Cha-Jaham-Abad, c’est-à-dire, ville ou colonie de Cha-Jaham. Déhli fut bâti au commencement du dernier siècle, par Cha-Jaham, dans le dessein d’en faire la capitale de son Empire, au lieu d’Agra, où il trouvoit les chaleurs de l’été trop violentes. Corn. Déhli avoit cependant déjà été, sous un règne précédent la résidence de l’Empereur du Mogol. Voici ce qu’en dit l’Historien du Mogol, qui a écrit sur les Mémoires de Manourhi. Akebar avoir transporté la Cour de Déli à Agra, & Jehan-Guir d’Agra à Lahor. Cha-Jaham la fit retourner de Lahor à Dély, & rétablit cette ancienne capitale dans son premier lustre. Il est vrai que le vieux Dély ne servit que comme de fauxbourg au nouveau. Il est incroyable quelle dépense l’Empereur fit à l’ériger & à l’embellir. On dit même qu’il signala la fondation de sa nouvelle capitale par des superstitions jusque-là inouies aux Mahométans, & qu’il emprunta sans doute de la superstition des Indes. Il fit verser le sang de plusieurs criminels qu’on égorgea dans les fondemens de la ville. On en traça l’enceinte dans une grande plaine sur le Gemma. On y ouvrit onze portes. Comme la ville étoit fortifiée de douze tours, on laissa une entrée au milieu de chaque courtine. La plus grande & la plus magnifique répond à la citadelle qui sert de palais à l’Empereur, & de Serrail pour ses femmes. Les murailles en sont construites de briques, avec de grandes chaînes de ces pierres de taille rouges, qui ressemblent à du marbre. Les Bazards ou les Marchés publics de Dély, sont environnés d’arcades qui supportent une large terrasse. Quoique les Palais des Seigneurs y soient beaux, bien bâtis, & ornés de jardins, les maisons des simples Bourgeois n’y sont guère couvertes que de roseaux, mais les appartemens en sont gais & commodes. P. Catrou. Voyez aussi Bernier sur Déhli & Agra.

DEHORS. Adverbe de lieu relatif opposé à dedans. Foris. La porte de la ville étoit fermée, il a fallu coucher dehors. Votre mère & vos frères sont là dehors. Port-R. On dit absolument qu’on a mis dehors quelqu’un, pour dire, qu’on l’a chassé. On dit aussi dehors, pour dire, sortez d’ici. Foras. Dehors est aussi quelquefois une préposition : cela arrive lorsque dehors a un cas ou sous-entendu, comme, par dehors la ville. Il en est dehors, ou quelquefois simplement, il est dehors, parce que dans ces phrases dehors a une relation au lieu dont il a été parlé.

Ce mot vient de de & de foris. Nicot.

En termes de Marine, mettre un vaisseau dehors, c’est le faire sortir du port, lorsqu’il est équipé.

Dehors, terme de Manège : c’est le côté opposé à celui sur lequel le cheval tourne. Quand le cheval tourne à droite, toutes les parties gauches du cheval & du Cavalier sont les parties du dehors.

On dit proverbialement, qu’un homme n’est ni dehors ni dedans, lorsqu’il est incertain de la réussite d’un affaire commencée, qu’on ne lui veut dire ni oui ni non.

Dehors. s. m. En termes de Fortification, se dit de toutes les pièces détachées qui servent de défense à une place, comme les ravelins & demi-lunes, ouvrages à corne & à couronne, contregardes, envelopes, &c. Circummunitio, exterius munimentum. Les dehors de cette ville étoient bons, mais les murailles, le corps de la place ne valoient rien. Les dehors doivent commander les uns aux autres : les plus voisins de la place doivent être les plus élevés. Les coups échapés que l’on tire des dehors, & qui sont hauts, parce que les ennemis ont peur de se trop découvrir. Bussi Rab.

Dehors, se dit de tout ce qui environne une chose, de ce qui en approche le plus. Adjacentia, circumjecta loca. Une maison belle par dehors, par le dehors. Alors ce mot est synonyme d’extérieur & d’apparence, en observant les nuances marquées par M. l’Abbé Girard. Voy. ces mots. Le dehors est ce qui environne ; il n’est pas proprement de la chose, mais il en approche le plus. Les fossés les cours, les jardins & les avenues sont les dehors d’un Château. Les toits, les murs, les jours & les entrées en sont l’extérieur.

☞ Dans le sens figuré, ce mot est souvent employé dans la signification d’extérieur, d’apparence. Externa facies, species. L’intérieur des familles est souvent troublé, pendant que les dehors contens, paisibles & enjoués, vous y font supposer une paix qui n’y est point. La Bruy. Les soins attachés aux dignités forment dans l’esprit un tourbillon de chagrin qui rend les dehors sombres & rebutans. Le P. Gail. Sous l’humble dehors d’un respect affecté vous cachez une noire malice. Boil. Tous les dehors du vice sont plus spécieux parmi les Grands ; mais le fond y est le même que chez le peuple. La Bruy. Les femmes ne doivent pas négliger les apparences, ni les dehors de leur conduite, sous prétexte qu’elles s’abstiennent de ce qu’il y a de plus grossier dans le vice. Bell. On ne prend les dehors de la dévotion que pour être en droit de réformer son prochain. Vill.

☞ Il faut pourtant remarquer avec M. l’Abbé Girard, qu’extérieur se dit plus souvent de l’air & de la physionomie des personnes ; que dehors est plus ordinaire pour les manières & pour la dépense ; & qu’apparence semble être plus d’usage à l’égard des actions & de la conduite. L’extérieur prévenant n’est pas toujours accompagné du vrai mérite. Les dehors brillans ne sont pas des preuves certaines d’une fortune solide. Les pratiques de dévotion sont des apparences qui ne décident rien sur la vertu. Je