DÉROQUER. Voyez Dérocher.
DÉROS. adj. pl. On trouve ce mot dans le vieux langage, pour dire, rompus. Il vient de ruptus, comme si l’on disoit déroups. On a dit aussi doéroups.
DEROTE. Ville de la basse Egypte, au couchant du Nil, vers la pointe du Delta. Derota, autrefois Latona, Latonæ civitas. Long. 49. Latitude 30 d. 40′.
☞ DÉROUGIR. v. a. Oter la rougeur. Rubedinem, rubrum colorem abstergere. Son visage étoit tout rouge de la petite vérole, mais le grand air l’a dérougi.
☞ Dérougir. v. n. Devenir moins rouge. Son nez bourgeonné commence à dérougir.
☞ Il est aussi réciproque. Cela commence à se dérougir. Rubedinem amittere.
Dérougi, ie. part.
DÉROUILLER. v. a. Oter la rouille de dessus un métal. Rubiginem abstergere, detergere. On dérouille les épées avec de l’huile & de la pierre d’émeril. Il est aussi réciproque. Le fer se dérouille à force de le manier.
Dérouiller, se dit figurément de l’esprit, pour dire, façonner, polir. Expolire. Les Provinciaux se dérouillent bientôt à Paris, à la Cour, à l’armée. L’air du grand monde lui a dérouillé l’esprit, lui a appris à vivre. Expression du style familier.
Dérouillé, ée. part.
DÉROULEMENT. s. m. Terme de Géométrie. Production d’une courbe par l’arrangement des rayons d’une autre courbe. Les déroulemens de ces spirales c’est-à-dire, les courbes qui naîtroient si les rayons ou ordonnées, qui concourent toutes en un point, étoient toutes posées parallèlement entre elles selon l’ordre qu’elles avoient, & en conservant la même grandeur. Acad. des Sc. 1704. Hist. p. 52.
DÉROULER. v. a. Etendre une chose qui est roulée. Evolvere, explicare. Il falloit autrefois dérouler les livres pour les lire, car ils étoient roulés. Dérouler les titres d’un trésor pour en faire un cartulaire.
DÉROULER. Terme de Géométrie. Former une courbe par le moyen d’une autre courbe, & de ses rayons différemment posés. Dérouler une spirale, c’est ranger les rayons d’une spirale parallèlement sur un même axe, dans le même ordre qu’ils avoient, & trouver la courbe qu’ils formeront étant ainsi disposés.
Déroulé, ée. part. Evolutus, explicatus.
☞ DÉROUTE. s. f. Fuite & désordre général d’une armée après la perte d’une bataille. Fusi exercitus strages, dissipatio. C’est particulièrement dans la déroute que se fait le grand carnage. Mettre en déroute. Dans cette déroute, l’ennemi perdit son bagage.
Déroute & défaite ne doivent pas être regardés comme synonymes. Une armée peut-être battue, & perdre le champ de bataille, sans être mise en déroute. Si les troupes se retirent en bon ordre, elles font retraite. Si les bataillons & les escadrons se sauvent en désordre, c’est une déroute. Voy. Défaite.
Annibal mit quatre fois en déroute les Romains. Dans cette déroute il a perdu son bagage. A peine le Général s’est-il sauvé de cette déroute.
Déroute, se dit figurément du désordre des affaires. Perturbatio. Il ne faut qu’un créancier trop pressant pour mettre en déroute un Marchand, & lui faire faire banqueroute. Les François ont mis en déroute toute la politique d’Espagne ; pour dire, déconcerter, rompre les mesures. Une objection faite brusquement met quelquefois un Docteur en déroute, le trouble & l’interdit, le met hors d’état de répondre.
Et par tout sur le Vhal, ainsi que sur le Leck,
Le vers est en déroute ; & le Poëte à sec. Boil.
DÉROUTER. v. a. Tirer quelqu’un de sa route, de son chemin. Nous étions dans le bon chemin, on nous a déroutés. De viâ abducere, deducere.
Il signifie figurément, rompre les mesures de quelqu’un, déranger ses projets. La Mort de ce protecteur m’a dérouté. Je ne sais plus quel parti prendre, je suis tout dérouté.
Il signifie encore déconcerter. La réprimande qu’on lui a faite l’a dérouté.
☞ Dérouter, pris au figuré, n’est que du style familier.
☞ Dérouté, ée. part.
DEROY. s. m. Terme des Officiers de la bouche du Roi, pour signifier la somme que l’on paie par jour à la maison où sont logés les Officiers quand le Roi sort de chez lui. Quand la Cour marche, on donne par chaque jour à la maison ou est logé le gobelet, 3 liv. à celle ou est logée la cuisine-bouche 5 liv. pour la cuisine du petit-commun 3 liv. pour la cuisine du grand commun 3 liv. Pour le Pâtissier-bouche 20 sous ; pour la Panneterie-commun 20 sous, le Pâtissier-commun 20 sous, la Fruiterie 20 sous, la Fouriere 20 sous. Ce qu’on appelle payer le deroy, ou le débris des Offices. Etat de la France.
DÉROYER. v. a. Vieux mot. Dévoyer ; mettre hors de sa route. Déroyé, qui s’est égaré, qui a perdu sa route. On a appelé aussi les fous déroyés, parce qu’ils ne suivent pas les chemins accoutumés, & qu’ils courent par les champs. Ce mot est composé de la particule de & de roie, ornière, sentier. On a dit aussi se déroyer, pour dire se mettre en déroute.
DERPT. Ville capitale du Palatinat de Derpt en Livonie. Derpatum, Torpatum. Elle est sur la rivière d’Embeck à quelques lieues du lieu où elle se jette dans le lac de Peipis. Elle avoit autrefois un Evêché, qui a été supprimé, & à la place duquel Gustave Aldolphe, Roi de Suéde, érigea une Université l’an 1632. Long. 45 d. 10′. Lat. 58 d. 10′.
Le Palatinat de Derpt, est une contrée de l’Estonie en Livonie. Derpatensis Palatinatus. Ce sont les Suédois qui lui ont donné le titre de Palatinat, & le nom de Cercle de Derpt qu’elle porte aussi.
DERRAIN. adj. Dernier. Vieux mot. On a dit derrain, derrenier & desrein.
DERRIÈRE. s. m. La partie postérieure d’un animal, la croupe, partie qui comprend dans l’homme le fondement & les fesses. Tergum. Un Postillon est sujet à s’écorcher le derrière. Le devant de ce cheval est plus beau que le derrière, que la croupe.
Derrière, se dit aussi de ce qui est plus reculé que le reste de quelque chose, la partie postérieure. Posticum, postica pars. Le derrière de mon logis donne sur la rivière. Les écuries sont bâties sur le derrière de la maison. Le derrière d’un habit, d’un pourpoint. Le derrière du carrosse est la place la plus honorable. Les Peintres appellent le derrière d’un tableau, ce qu’on appelle autrement le champ ou le fond.
Derrière, est souvent une préposition relative, & opposée à ce qui précède & marque ce qui est après une chose, ou une personne. La préposition qui lui est opposée est devant ; derrière un buisson, derrière un arbre, &c. dans un sens qui a quelque chose de Métaphorique, parce que ces choses-là n’ont point de côté, ou de partie de devant, ou de derrière. Post, retro. Le Curé, à la procession, marche derrière tout son Clergé, le peuple suit derrière. Cette armée a été attaquée par le flanc & par derrière. Il combattoit derrière un parapet, un retranchement. Il a laissé derrière son train, son bagage. Un bon Capitaine ne doit point laisser de place forte, ni d’armée derrière lui. Les traîtres frappent leur ennemi par derrière.
Ce mot vient du Latin retro. Du Cange.
On dit, figurément, d’un excellent homme, d’un bon Auteur, qu’il a laissé tous les autres derrière lui ; pour dire qu’il s’est bien élevé au-dessus d’eux. Corneille s’est élevé au-dessus des autres Poëtes, & les a laissés bien loin derrière lui. Font.
☞ On dit en Morale qu’il ne faut point regar-
