Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, III.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
22
CRI — CRO

Tzetzès, montrent qu’on la cultivoit dans le douzième. Les manuscrits de la Bible corrigés par les Dominicains de Paris, & par les Docteurs de Sorbonne dans le XIIIe siècle montrent qu’elle subsistoit encore. Elle fut cultivée avec plus de loin encore dans les siècles suivans ; le XVIe & le XVIIe sur-tout l’ont beaucoup perfectionnée, & aujourd’hui tout le monde veut s’en mêler. Le P. Honoré de Sainte Marie, Carme Déchaussé, a fait des Réflexions sur les règles & sur l’usage de la Critique. Voyez cet Ouvrage. De tout ceci il s’ensuit que la Critique suppose une grande connoissance des matières sur lesquelles on l’exerce, & des principes des arts & des sciences qui en traitent, mais que la Critique elle-même n’est pourtant autre chose que le bon sens perfectionné par la Logique.

Critique. Se dit, en terme de Palais, de l’examen que l’on fait des moyens que propose la partie adverse, des réponses qu’on y fait, des témoins que l’on produit, dans une enquête, & des reproches qu’on y oppose, de la réfutation qu’on en fait. Confutatio, refutatio. On a fait une critique des témoins qui consiste à trouver de la contradiction dans ce qu’ils ont proposé. Durand.

Critique, signifie encore, Censure maligne, examen rigoureux, soit des actions, soit des Ouvrages. Censura. Les hommes ne doivent point se juger à toute rigueur ; personne ne peut arriver à un dégré de perfection qui soit au-dessus de la plus sévère critique S. Réal. Après avoir invoqué en vain la critique la plus chagrine, la plus dégoûtée & la plus piquante, il n’a pu s’empêcher d’admirer votre ouvrage. La critique est une arme offensive dont il faut se servir avec précaution. Id. Il ne faut pas outrer la critique. Bouh. Rien n’échape à sa critique.

Sans crainte & sans inquiétude,
Je livre mes amusemens
A la critique la plus rude. Des-Houl.

☞ Le mot de critique s’applique proprement aux Ouvrages littéraires : celui de censure, aux Ouvrages Théologiques, à la doctrine, aux mœurs.

CRITIQUER, v. a. Juger d’un Ouvrage, en examiner, en corriger les défauts. Alicujus scripta censoriâ virgulâ notare. Les meilleurs Auteurs ont été critiqués par les Grammairiens. Critiquer un tableau, un bâtiment.

Critiquer, se prend odieusement, pour dire censurer, reprendre sans cesse, ne trouver rien de bien fait à sa fantaisie. Reprehendere, carpere. Les femmes sont sujettes à se critiquer les unes les autres. Les gens qui critiquent sur tout sont insupportables.

Personne ne lit pour apprendre,
On ne lit que pour critiquer. Des-Houl.

Critiqué, ée. Part. Censoriâ virgulâ notatus.

CRITIQUEUR. s. m. Celui qui reprend, qui critique. Censor. Ce mot se trouve dans Richelet & dans La Fontaine.

CRITOMANCE. Voyez CRITHOMANCE.

CRITOPHAGE. Voyez CRITHOPHAGE.

CRO.

CROACER. v. n. C’est ainsi qu’il faudroit écrire, & non pas croasser. La première manière me paroît plus naturelle, étant plus conforme au latin crocire, crocitare, dont on a fait croacer ; mais l’usage est d’écrire croasser.

☞ CROAILLEMENT. s. m. Cri des Corbeaux. Crocitus. Ce mot se trouve dans le Dictionnaire de C. Etienne : Croailler, crier comme des Corbeaux. Crocire. Id.

CROASSEMENT. s. m. Cri des Corbeaux. Crocitus.

CROASSER. V. n. Crier comme les Corbeaux. Crocire.

Ce mot vient du latin crocitare.

Croasser, signifie figurément, criailler, c’est un terme de mépris. Clamitare, crocitare.

Si-tôt que d’Apollon un génie inspiré
Trouve loin du Vulgaire un chemin ignoré,
Ses rivaux obscurcis au tour de lui croassent. Boileau.

Laissons chanter sur ce sublime ton,
Chaulieu, la Mothe, & tel autre Génie,
Qui de la Lyre a reçu l’harmonie,
Et n’allons point, Poëtes croassans,
De leur concert troubler les doux accens. P. du Cerc.

Or à présent que le Parnasse
Est vilainement infecté,
Et n’est plus qu’un mont déserté,
Où maint & maint Corbeau croasse,
N’espère plus de telle race
La louange qu’as mérité. M. de la Fare.

CROATE. Nom de Peuple. Corbas, Chrovatus, Croatus. Les Croates, que Cédrénus appelle Corbates, sont les peuples qui habitent la Croatie, dont nous allons parler. Quelques-uns prétendent qu’on les appelle indifféremment Croates, ou Cravates, ou même Corvates, & Crobavates ; cela n’est pas vrai : quand on parle, en terme de guerre, de soldats de Croatie, il faut dire Cravate, c’est l’usage en notre langue. Une compagnie de Cravates, un régiment de Cravates. Un Capitaine de Cravates. Les Cravates furent commandés pour attaquer ce poste, & l’emportèrent. Voyez Cravate. Quand on parle des habitans de Croatie en d’autres matières, Croates paroît mieux. Les Croates sont bons soldats. Les Croates sont originairement les Chrovates, qui vinrent sur la fin du IX. siècle s’établir en Croatie, & lui donnèrent leur nom.

CROATIE, Province du Royaume de Hongrie. Croatia, Corbavia. Elle est bornée au couchant par la Carniole, au nord par la Save, rivière qui la sépare de l’Esclavonie. Elle a la Bosnie au levant, & au midi le Comté de Zara & le Golfe de Carnero. La Croatie se divise en deux parties ; l’une, qui est le long du Golfe de Carnero, s’appelle Morlaquie ; l’autre, qui est au nord & à l’orient de la Morlaquie, s’appelle Corbavie. La Morlaquie & la partie occidentale de la Corbavie est à la Maison d’Autriche. Les Turcs sont maîtres de la Corbavie orientale. L’ancienne Croatie, comprenoit encore la Bosnie occidentale, une partie de la Dalmatie & l’Esclavonie ; & elle avoit ses Rois particuliers. Charles, Roi de Hongrie, s’en empara en 1310. Le Ban de Croatie. Voyez Ban. La première Histoire particulière que nous ayons eue de la Croatie parut en 1666. in-fol. Amsterdam. Joannis Lucii Dalmatici de Regno Dalmatiæ & Croatiæ Libri VI.

CROC. s. m. (le c final ne se prononce point.) Ustensile de cuisine qui a plusieurs pointes recourbées où l’on attache de la viande. Uncus. Un croc toujours bien garni de volaille, de gibier. C’est un ancien mot François qui se trouve dans la Loi Salique. Ménage.

Croc se dit généralement de tout instrument à plusieurs pointes courbées dont on se sert pour y pendre ou pour y attacher quelque chose. Uncus, Hamus. Pendre quelque chose au croc.

On dit figurément & populairement, pendre les armes au croc, son épée au croc, pour dire quitter le métier de la guerre.

On dit de même qu’un procès est pendu au croc, pour dire qu’on ne le poursuit plus. Les vers & la prose sont au croc. Gomb. C’est-à-dire, qu’on ne veut plus écrire ni en vers ni en prose.

Le Paradis vous est hoc ;
Pendez le Rosaire au croc. Furet.

Croc, se dit aussi de tout autre instrument de fer ayant