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mitiorum, & autres dont Linnæus relève & corrige souvent les fautes.

Diète Electorale. Quand l’Empereur est mort, l’Archevêque de Mayence, comme Doyen du Collège Electoral, est obligé de convier les Collègues à la diete par Lettres, ou par Ambassadeurs. Cette diète se tient à Francfort, & régulièrement elle doit commencer trois mois après la mort de l’Empereur. Les Electeurs y assistent, ou en personne, ou par Ambassadeurs. Les Electeurs s’assemblent dans l’Eglise de S. Barthélémy : on y dit une Messe solennelle. Au commencement de la Préface, les Protestans se retirent, & reviennent à la fin de la Messe, après laquelle les Electeurs font le serment accoutumé pour l’élection : de-là on passe dans un conclave. L’Electeur de Mayence, comme Grand Chancelier de l’Empire, préside à cette Assemblée. Un Electeur peut donner son suffrage à son fils ou à son frère, mais non pas à lui même, à moins que les autres Electeurs ne lui aient donné leur voix : car, en ce cas, il a droit d’y joindre la sienne, & de conclure l’élection en sa propre personne. Quand l’élection est faite, les Electeurs reviennent à l’Eglise. L’Empereur s’assied sur l’Autel, l’Archevêque de Mayence lui fait signer la capitulation. On conduit ensuite l’Empereur dans une tribune de la porte du Chœur, &, s’étant assis avec les Electeurs, il entend delà la proclamation qui se fait de son élection. Les Princes Etrangers envoient à cette diete leurs Ambassadeurs plénipotentiaires.

Diète, en ce sens, vient du mot diæta, qui a signifié premièrement une salle où l’on fait des festins, & ensuite une Assemblée d’Etats, parce que les Allemans tenoient la plupart de leurs conseils à table. Ménage. Diæta se trouve souvent, en ce sens, dans la basse Latinité. Voyez Bollandus, Act. Sanct. Jan. T. I. p. 184. 986. 987. 988. 990. 991. Mart. T. I. p. 590. F.

La diete générale de Pologne, selon les loix, ne se devroit tenir que de deux ans en deux ans. Les affaires pressantes font qu’elle s’assemble tous les ans. Les loix la bornent à 15 jours ; mais souvent on la prolonge de six semaines. C’est ordinairement à Varsovie qu’elle se tient : cette ville, étant la capitale du Royaume & le séjour des Rois, est commode pour ces sortes d’Assemblées : cependant on les a tenues souvent en d’autres villes, mais, parce que, de trois diètes, on doit en tenir une à Grodno en Lithuanie, lorsque, pour des raisons particulières, on est obligé de la tenir ailleurs, il faut que la Noblesse du Grand Duché y consente. C’est le Roi qui en fixe le temps, & qui la convoque par des Universaux, ou lettres circulaires, qu’il envoie à tous les Palatins. Dans un Interrègne, c’est l’archevêque de Gnesne qui le fait. Les dietes particulières, qui se tiennent six semaines avant la générale, y envoient trois Députés, choisis d’entre les Gentilshommes qui y sont présens. Il y a aussi en Pologne des dietes à cheval, qui se tiennent à la campagne : telles sont celles dans lesquelles on élit un Roi : on les appelle Pospolites.

Les Suisses ont des dietes des Cantons Catholiques, des dietes des Cantons Protestans, & une diete générale. Les premières se tiennent à Lucerne ; & le Canton de Lucerne a droit de les convoquer. Les secondes s’assemblent à Areau ; & c’est le Canton de Zurich qui les convoque. La diete générale, composée des Députés de tous les Cantons, tant Catholiques, que Protestans, se tient deux fois l’année, à la fin de Juin & au commencement de Décembre. C’est le premier Canton, qui est Zurich, qui a le droit de la convoquer.

Diète, se dit, dans quelques Ordres Religieux, des Chapitres ou Assemblées de ces Ordres, qui se tiennent entre deux Chapitres généraux, pour ce qui regarde leur discipline. Comitia. Dans l’Ordre des Sylvestrins, outre le Chapitre général, on tient encore tous les deux ans une diete générale, dans laquelle on change les Supérieurs, qui ont fini le temps de leur office, & on pourvoit au bien de la Congrégation. P. Heliot. T. VI. C. 21.

Diète, en Chancellerie Romaine, signifie le chemin qu’on peut faire en un jour ; c’est-à-dire, dix lieues. Diæta. Les Bénéfices sont réputés vacans in Curia, tant qu’on est dans une diete de Rome.

Diète, est une journée de chemin dans le Japon, de trente mille pas Géométriques.

Diète, en Jurisprudence, se dit, en quelques endroits, en matière d’inventaire, de vente, &c. pour vacation. La diete d’un tel jour, c’est-à-dire, la vacation.

DIETÈTES. s. m. pl. C’étoit à Athènes des Arbitres, à qui les Citoyens remettoient la décision des procès qui s’élevoient entr’eux touchant les contrats. διαιτηται. Ces Arbitres devoient être âgés au moins de 60. ans. Ils donnoient audience vers le coucher du soleil. Leurs sentences devoient être signées par les Archontes. Après leur administration, qui ne duroit qu’une année, ils en rendoient compte par-devant les Logistes.

DIETETIQUE. s. f. Terme de Médecine. La science qui comprend le régime de vie qu’il faut prescrire aux malades. Dictionnaire de M. Reneaulme.

Diététique. adj. On donne cette épithète aux remèdes sudorifiques & dessicatifs qu’on ordonne dans les maladies Vénériennes. Col de Villars.

DIETZ. Petite ville d’Allemagne, située dans les Etats de Nassau en Wétéravie, sur la rivière de Lohn. Dietia, Diezia, Decia. Cette ville est capitale d’un petit pays qui n’avoit autrefois que le titre de Comté & qui a maintenant celui de Principauté. Il est entre les Seigneuries de Stein, de Visbaden, le bas Comté de Catzenellebogen & l’Archevêché de Trêves. Long. 25d 35′. lat. 50d 22′.

DIEU. s. m. Il ne peut y avoir de vraie définition, à cause que c’est un Etre infini & incompréhensible. Le premier être, l’être nécessaire, qui existe par lui-même, qui n’a point de cause, & qui est la cause & le Créateur de toutes choses, celui qui est. Deus. Dieu est un pur esprit, Créateur du ciel & de la terre, & Seigneur universel de toutes choses. Dieu dit à Moïse, Exod. III. 14. Je suis celui qui suis. Tu diras aux Enfans d’Israël : celui qui est m’envoie à vous. Deus, supremum numen, effector mundi atque molitor. L’Ecriture le définit ainsi. Je suis qui je suis, Alpha & Omega, le commencement & la fin de toutes choses. Cicéron, de Nat. Deor. L. III. met dans la bouche de Cotta cet argument ridicule contre l’existence de Dieu : comment pouvons-nous le concevoir, ne lui pouvant attribuer aucune vertu ? car, dirons-nous qu’il a de la prudence ? mais la prudence constant dans le choix des biens & des maux, quel besoin peut avoir Dieu de ce choix, n’étant capable d’aucun mal ? Dirons-nous qu’il a de l’intelligence, & de la raison ? Mais la raison & l’intelligence nous servent à découvrir ce qui nous est inconnu, parce qui nous est connu : or il ne peur y avoir rien d’inconnu à Dieu. La justice ne peut aussi être en Dieu, puisqu’elle ne regarde que la société des hommes, ni la tempérance, parce qu’il n’a point de voluptés à modérer : ni la force, parce qu’il n’est susceptible ni de douleur, ni de travail, & qu’il n’est exposé à aucun péril. Comment donc pourroit être Dieu, ce qui n’auroit ni vertu, ni intelligence ? Port-R. La piété nous ordonne de concevoir de Dieu l’idée la plus pure qu’il soit possible. Claud. Les impies disent que le Dieu que le commun des hommes se figure, est un Dieu sans amour, & sans piété, qui, jouissant d’une paix profonde & d’un repos immuable, se plaît à tenir le monde dans l’agitation, & à faire éclater sa puissance par l’humiliation, & la ruine même de ses créatures. Flech. On doute de Dieu, dans une pleine faute ; &, quand l’hydropisie est formée, l’on croit en Dieu. La Bruy.

Pour nier l’existence de Dieu, il faut résister à la voix commune de tous les hommes, & s’opposer au consentement universel du genre humain. Les