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CUL — CUM

qui sont accoutumés à vivre de raison & d’intelligence, ne peuvent s’accommoder d’un culte où l’esprit n’a point de part. Port-R. Ce culte qu’on rend aux Saints ne peut être regardé comme un culte profane & mondain, parce qu’il se rapporte à Dieu. Fléch. Ce culte extérieur ne sauroit plaire à Dieu, lorsqu’il est séparé des mouvemens intérieurs de l’ame. S. Evr. Les Siamois tiennent que la diversité des Religions est agréable à Dieu, & que les différens cultes sont différentes manières de l’honorer qui ne lui déplaisent point, parce qu’elles tendent toutes à une même fin, & qu’elles ont toutes les mêmes objets. Id. Les Payens rendoient un culte superstitieux à leurs fausses Divinités. Epicure trouvoit que ces Dieux oisifs, ces êtres impuissans dont il ne voyoit rien à espérer ni à craindre, ne méritoient pas la peine de son culte. Id. Le culte, se divise chez les Théologiens en trois sortes ; le culte de latrie, celui qui se rend à Dieu ; le culte de dulie, celui qui se rend aux Saints, le culte d’hyperdulie, celui qui se rend à la Sainte Vierge. Voyez Latrie, Dulie, Hyperdulie.

☞ On dit aussi en parlant de l’idolâtrie : le culte des Idoles, le culte des Faux-Dieux.

Culte, se dit aussi figurément de l’attachement que nous avons pour certaines choses dont nous nous faisons des espèces de Divinités. Les femmes sont flattées agréablement par la vanité d’attacher les hommes, & d’être, pour ainsi-dire, l’objet de leur culte, & de leur adoration. Boursaut. Soumissions, bassesses, voilà le culte agréable aux Idoles à qui notre ambition nous fait sacrifier. S. Real. Voyez Adoration, Adorer.

CULTELLATION. s. m. Terme de Géométrie. Manière de mesurer assez simple par le moyen de l’instrument universel qui mesure les distances & les hauteurs pièce par pièce, & non tout à la fois par une seule opération. Cultellandi ratio.

CULTIVATEUR. s. m. Celui qui cultive. Cultor. Il a été trouvé juste de tout tems de donner une partie des fruits de la terre au propriétaire du fonds, & l’autre au cultivateur. Les Espagnols ont traité la question, si, après que le Curé avoit dîmé sur le monceau des gerbes provenues au champ, il pouvoit, après le partage fait entre le cultivateur & le propriétaire, redîmer encore sur la portion du propriétaire tirée ex acervo. Fevret.

CULTIVER, v. a. Labourer, amender une terre, lui donner les façons nécessaires pour la rendre plus fertile. Colere, culturam adhibere. La terre ne rapporteroit que des plantes inutiles, si elle n’étoit cultivée. Voyez Labourer, Fumer, Ensemencer.

Cultiver, se dit aussi des arbres & des plantes, quand on a soin de les tailler, émonder, déchausser, & de les garantir des mauvais vents & des injures du ciel, pour les faire mieux venir, & les faire mieux rapporter. Cultiver en ce sens, c’est labourer, arroser & conduire un arbre. Voyez ces mots. Les plantes qui naissent dans les pays chauds, ne se cultivent pas sans peine dans les pays froids.

Cultiver, se dit figurément de l’esprit, de la mémoire, &c. pour dire, les exercer, apporter du soin à les perfectionner. Il faut cultiver l’esprit des jeunes gens, leur mémoire, en leur donnant de bonnes instructions. Depuis cent ans on a bien cultivé les arts & les sciences dans l’Occident. On dit en ce sens cultiver l’amitié, la connoissance, la bienveillance de quelqu’un, pour dire, prendre soin de les conserver, de les ménager. Scipion avoit toute la vertu des anciens Romains ; mais polie & cultivée. S. Evr. Vous avez un esprit cultivé qui réveille le mien. M. de Scud. Je me suis fait un plaisir de cultiver un beau naturel que le hazard offre à mes soins, & que je ne veux point laisser stérile. Vill. On est trop dissipé dans le monde pour cultiver l’amitié : on se donne à tout superficiellement, & ; on ne s’attache à personne. Le Ch. de Mer. Le plus heureux naturel a besoin d’être cultivé par l’usage du monde. Bell. La science rouille l’esprit en cultivant le jugement. S. Evr.

On dit, c’est un homme qu’il faut cultiver, pour dire, c’est un homme dont il faut ménager, entretenir la bienveillance. Acad. Fr.

Cultivé, ée. part. Cultus.

CULTURE. Soin qu’on prend de rendre une terre fertile par le labour, par l’amendement, d’élever un arbre, une plante. Cultura, cultio, cultus. La culture de la terre est l’occupation la plus honnête & la plus innocente. Voyez Cultiver.

Culture, se dit figurément de l’esprit, des mœurs, des arts & des sciences. La culture de son esprit, est son unique application. Le plus beau naturel sans culture, est comme un champ négligé, qui ne produit que des plantes inutiles. Vaug. La culture des sciences forme l’esprit. Le peu de connoissance que j’ai, je le dois à la culture des bonnes lettres. Patr. Il faut songer à la culture des arts & des sciences. Ablanc. Travailler à la culture de son esprit.

Culture, & par corruption, Couture, s’est dit pour un lieu cultivé, un lieu plein de jardins, de prez, de vignes, &c. Colonia, ager, ou campus colonicus. Il y avoit autrefois aux environs de Paris, la Culture S. Eloy, aux environs de l’Eglise Saint-Paul, la Culture de Sainte Catherine, qui a donné son nom au quartier qui a été bâti dans son étendue, & qui s’appelle encore la Couture, la rue de la Couture, Sainte Catherine de la couture. De même Cultures, ou Coutures de Saint Gervais, du Temple, de Saint Martin, de Saint Lazare, de Saint Magloire, de l’Evêque.

☞ CULVERTAGE. Terme de coutume, dont la signification est ignorée : on sait seulement que c’étoit une servitude ignominieuse.

CUM.

CUMANA. s. m. Arbre Indien qui ressemble beaucoup au mûrier, tant par la forme, que par son fruit, dont on a fait un syrop, qu’on dit être fort bon pour la toux & pour l’enrouement. Son bois est si dur, qu’il fait feu comme le cailloux.

CUMANDA-GUACU. s. m. Nom de certaines fèves Indiennes fort grosses. On les fait rôtir, on les broie, & on en donne dans un œuf pour le flux du ventre. Bouillies, mises en cataplasme, & appliquées sur le ventre, elles passent pour guérir la colique. On s’en sert aussi sous cette forme pour résoudre les abcès.

CUMBERLAND. Nom d’une Province du Nord d’Angleterre qui a titre de Comté. Cumbria. Le Comté de Cumberland est séparé de l’Ecosse, par le Golfe de Solway, & par les monts Cheriotes qui la confinent du côté du Nord. Il a le Comté de Nortumberland au levant ; ceux de Vestmorland & de Lancastre au midi, & la mer d’Irlande au Couchant. Maty. Sa Capitale est Carlie. Les Isles de Cumberland, Cumbria insulæ, sont trois grandes Isles de l’Amérique Septentrionale, entre le détroit de Hudson & celui de Davis. Id.

CUMBULU. s. m. Grand arbre qui croît au Malabar. Sa racine prise en décoction avec une addition légère de riz, passe pour un bon remède dans les fièvres symptomatiques qui accompagnent la goutte. Voyez le Dictionaire de James.

CUMÉE. adj. fém. Qui ne se dit qu’au féminin & de la Sybille Italique, qu’on appelle aussi Cumée, parce qu’elle étoit de Cimmérie, petit bourg près de Cumes, ville de la Campanie en Italie. Cumæa. Enée, au Livre VIe. de l’Enéide, va consulter la Sybille Cumée, qui le conduit aux enfers. La Sybille Cumée est différente de la Sybille Cumane, qui vivoit sous le règne de Tarquin le Superbe. Voyez Onuphrius & Gallœus De Sybillis.

CUMÉEN, éene. s. m. & f. Qui est de Cumes. Cumæus, a. Hérodote écrit dans la vie d’Homère que les Cuméens sont les premiers Fondateurs de Smyrne. Du Loir., pag. 13.