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CYC — CYD

☞ Cylindre. Terme de Conchiliologie. Nom d’une classe de coquillage, qu’on nomme aussi rouleau. V. ce mot.

CYLINDRIQUE. adj. Qui a la figure d’un cylindre. Cylindraceus, cylindricus. On fait des miroirs & cadrans cylindriques.

On appelle aussi colonne cylindrique, celle qui n’a ni renflement ni diminution, comme les piliers Gothiques.

CYLINDROÏDE. s. m. Terme de Géométrie. C’est proprement ce qui a la figure d’un cylindre. Cylindroïdes. C’est une figure solide avec des bases elliptiques, parallèles, & situées également. Harris.

Ce mot est composé de κύλινδρος, cylindre, εἶδος, forme.

CYLLÈNE. Nom de lieu. Cyllene. 1o. Cyllène fut autrefois le nom d’un quartier de l’Élide, Province du Péloponnese. 2o. Cyllène fut une ville & un port de mer de cette contrée, & qui lui donna son nom. Méla prétend, L. II. C. 3. que c’est cette ville qui a donné le jour à Mercure. 3o. Cyllène étoit une montagne d’Arcadie qui prit son nom de Cyllène, fille d’Élatus, Roi d’Arcadie. D’autres au contraire, veulent que ce fut de la montagne Cyllène que cette Princesse, qui fut un prodige d’esprit & de beauté, prit son nom. Quoi qu’il en soit, cette montagne est fameuse chez les Poëtes, parce que ce fut là que Mercure fut conçu de Jupiter & de Maïa. C’est pour cela qu’ils l’appellent si souvent Cyllénien, Cyllenius. G. Hornius, Hist. Philol. L. I. C. 7. ne croit pas cependant que cette épithète de Mercure vienne de là. Il la dérive de l’Hébreu כלל, chelil, qui signifie parfait.

CYLLÉNIEN. adj. Epithète de Mercure. Voyez Cyllène.

CYM.

CYMAISE. s. f. Terme d’Architecture. Moulure ondée par son profil. C’est la partie la plus haute de la corniche & qui la termine, qu’on appelle autrement gorge ou gueule droite, ou doucine, & gueule renversée, ou talon. Cymatium. La première de ses parties est convexe, & l’autre concave ; ce qui la rend d’une figure ondoyante. La Cymaise Toscane est un ove, ou quart de rond. La Cymaise Dorique est un cavet, ou moulure en creux, opposée au quart de rond. La cymaise Lesbienne, se prend pour un talon, c’est-à-dire, que la partie d’en haut est convexe, & celle d’en bas concave. Quelques-uns prétendent qu’elle a pris son nom de κυμάτιον, Grec, qui signifie, petite onde : ou plutôt on l’appelle cymaise, parce que c’est la dernière moulure, & qu’elle est comme à la cime de la corniche.

CYMBALARIA. s. f. Plante qui est une espèce de linaire, & qui croît sur les murailles & sur les masures. Elle pousse une infinité de petites tiges menues, pendantes, souples & fort tendres, en forme de cheveux, de la longueur d’un pied, ou d’un pied & demi. Il sort de ces tiges des feuilles semblables à celles du lierre, découpées, molles, lisses, attachées à des queues longues & menues. Ses fleurs sont de couleur de pourpre, attachées aussi à des queues fort menues. Cette plante est fort bonne dans le flux blanc des femmes, si elles en mangent en salade, à ce que Matthiole assure. Voyez Linaire.

CYMBALE. s. f. L’instrument que les Anciens appeloient cymbale, en Latin cymbalum, & en Grec κύμϐαλον, étoit d’airain comme nos tymbales ; Josephe le dit expressément, & souvent les Poëtes l’insinuent, mais il n’étoit pas si grand : il en avoit la forme. C’est pour cela que Cassiodore & Isidore les appellent acétabules, c’est-à-dire, l’emboîture d’un os, la cavité ou la sinuosité d’un os dans laquelle un autre os s’emboîte, parce qu’elle ressembloit à cette sinuosité. C’est encore pour cela que Properce les appelle des instrumens d’airain qui sont ronds, & que Xénophon les compare à la corne d’un cheval, qui est creuse. Cela paroît encore, parce que cymbale s’est pris, non-seulement pour un instrument de malique, mais encore pour un bassin, un chaudron, un gobelet, un casque, & même pour un sabot, tels que ceux qu’Empédocle portoit, & qui étoient de cuivre. Du reste ils ne ressembloient point à nos tymbales, & l’usage en étoit tout différent. Les cymbales avoient un manche attaché à la cavité extérieure : ce qui fait que Pline les compare au haut de la cuisse, coxendicibus, & Raban à des phioles. On les frappoit l’une contre l’autre en cadence, & elles faisoient un son très-aigu. Selon les Payens, c’étoit une invention de Cybèle. De-là vient qu’on en jouoit dans ses sacrifices & dans ses fêtes : hors de-là il n’y avoit que des gens mous & efféminés qui jouassent de cet instrument. V. Ciceron, Or. in Pison. n. 20. & 22.

M. Lampe en attribue l’invention aux habitans du mont Ida dans l’Île de Crète. Les Corybantes, milice qui formoit la Garde des Rois de Crète, les Curètes, peuple de Crète, les Telchiniens, peuple de Rhodes, & les Samothraces, ont été célèbres par le fréquent usage qu’ils faisoient de cet instrument, & leur habileté à en jouer.

Raban décrit les cymbales dans son commentaire sur Judith, Laurent Pignorius, dans ses commentaires, de Servis. Le P. Abraham, Jésuite, en traite dans ses Notes sur l’endroit de Ciceron, dont j’ai parlé. M. Lampe donna en 1703. à Maestricht un Traité sur cette matière, en trois livres, qu’il acheva à l’âge de 17. ans & qu’il imprima à 19. Frederici- Adolphi Lampe de cymbalis veterum libri tres. V. encore Turnebe, Advers. L. XXVI. c. 33. & la 29e note du P. Goar, sur le Ve C. de Codin, où ils marquent une plante dont les feuilles représentent la figure de la cymbale. C’est le nombril de Vénus. Cotylédon.

Ce mot cymbale vient du Latin cymbalum, qui venoit du Grec κύμϐαλον, que l’Étymologiste de Sylburgius tire de trois racines différentes. Car 1o. il dit qu’il est dérivé de κυφίς, courbe. 2o. De κύπελλον, une tasse, un gobelet ; car il faut remarquer avec Saumaise, Reinesius & M. Lampe, que souvent les Grecs ajoutoient ou retranchoient le μ devant le β, ou les lettres qui y répondent, comme le π. Témoin κύμϐη & κύϐη, la tête ; κακαμϐη & κακαϐος, qui se trouvent dans Paul d’Egine pour signifier un plat, un bassin ; dans Homère & dans Catulle, τύπανον, pour τύμπανον, & cent autres. Ainsi de κύπελλον s’est pu faire, selon l’Etimologiste, κύπαλον, κυϐαλον, κύμϐαλον. 3o. Il le tire de φωνή, voix, parce qu’une cymbale résonne. Isidore, L. III. c. 21. tire cymbalum de cum, avec, & ballematica, danse immodeste, qui se dansoit en jouant de cet instrument. La véritable étymologie de ce mot est κύμϐος, cavité.

Dans les siècles postérieurs de la basse Latinité, & chez les Auteurs Chrétiens, cymbale, cymbalum, ne signifie souvent que cloche, & la cloche de l’Eglise & celle du réfectoire y sont appelées cymbales. On en trouvera des exemples dans le Glossaire de Mr Du Cange.

Les Juifs avoient aussi des cymbales qu’ils appeloient צלצלים ou מצלתים, ou du moins un instrument que les anciens Interprêtes Grecs & Latins nomment cymbales, Ps. CL. 5. Et quoique, selon la remarque de De Muis sur cet endroit, il soit impossible au juste de savoir ce que c’étoit que cet instrument, il semble néanmoins qu’il étoit plus approchant des nôtres, que ceux des Grecs & des Romains. Car De Muis lui-même, & tous les Commentateurs conviennent qu’il faisoit beaucoup de bruit, & que c’est le sens de l’épithète que David leur donne à l’endroit que j’ai cité, ou il les appelle צלצלי שמג, tseltseli schemag, des cymbales, qui se font entendre & font beaucoup de bruit ; aussi-bien que celui de l’Apôtre qui l’appelle