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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/1009

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BOUCHE — BOUCLE D’OREILLE

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ciel » signifie de même « parler avec arrogance, insolence ». Ps. lxxh (hébreu, lxxiii), 9. Au contraire, « fermer la bouche » marque le silence de respect. Is., lu, 15 ; Ps. cvii, 42 ; Job, xxix, 9, 10 ; Mich., vii, 16. Pour marquer le silence absolu et un grand respect, on dit : « mettre son doigt sur sa bouche. » Jud., xviii, 19 ; Job, xxi, 5 ; xxix, 9 ; xxxix, 34 ; Prov., xxx, 32 ; Sap., vm, 12. Cette attitude de l’homme assis, la main à la bouche, et de l’enfant également la main à la bouche,

se trouve dans les hiéroglyphes, J|, 3). Ce geste, en

dehors de ses autres significations, comportait pour les Égyptiens une attitude d’humilité’, comme on le voit par le Papyrus Sallier II. « Quand le maître de la maison est chez lui, assieds-toi la main â la bouche, comme fait celui qui a quelque chose à implorer de toi. » P. Pierret, Dictionnaire d’archéologie égyptienne, p. 100. — Enfin, au ligure, on dit « la bouche » pour l’ouverture d’un sac, Gen., xliii, 22 ; le col d’un vêtement, Ps. cxxxiii, 2 ; l’entrée d’une caverne, Jos., x, 18 ; « la bouche de l’épée » pour le fil de l’épée, Jos., x, 28 ; « la bouche de là mer » pour la lèvre, c’est-à-dire le rivage de la mer, Prov., viii, 29, etc. E. Levesqde.

    1. BOUCHÉE##

BOUCHÉE (hébreu : pat ; Septante : ^ofi&c, xXâ<r(Jia, apToç ; Vulgate : buccella, pauxillum) est ordinairement employé pour une « bouchée de pain », même lorsque ce dernier mot n’est pas exprimé. Ce mot est pris plusieurs fois dans son sens propre. Ruth, ii, 14. Booz recommande à Ruth de tremper ses bouchées de pain dans le vinaigre, c’est-à-dire dans l’eau coupée de vinaigre dont se servaient les moissonneurs pour se désaltérer. La brebis du pauvre, dans la parabole de Nathan, II Reg., xii, 3, partage non seulement le pain de son maître, comme traduit la Vulgate ; mais, ce qui est plus touchant, elle se nourrit de sa bouchée de pain. Dans le repas pascal, Jésus-Christ présenta à Juda une bouchée de pain, *J/<o|ju’av. Joa., xm, 26. Il ne s’agit pas évidemment de la sainte Eucharistie, comme l’ont pensé quelques exégètes (Cornélius a Lapide, Comment, in Joa., xiii, 25, édit. Vives, t. XVI, p. 531), ni de la petite tranche d’agneau pascal qu’au dire de Maimonide, Hilcoth Chantes, § ix, celui qui présidait au repas offrait aux convives qu’il voulait honorer. Le ^wfiiov est une bouchée de pain azyme, qu’on trempait dans le plat d’herbes amères et qu’on présentait en signe d’affection ou d’honneur. La Vulgate l’a bien compris. En l’offrant à Judas, Jésus répondait à la question de saint Jean, sans que les autres Apôtres pussent comprendre quel était le traître désigné, et il essayait une dernière fois de le toucher et de l’amener au repentir. Mais il était endurci dans le mal ; après cette bouchée, Satan entra en lui par une possession pleine et entière. Joa., xiii, 27, 30. — « Une bouchée de pain » se dit pour « un peu de pain », I Reg., xxviii, 22 ; III Reg., xvii, 11 ; Job, xxxi, 17 ; de là, n’avoir pas une bouchée de pain, c’est l’extrême misère. I Reg., ii, 36. Manger sa bouchée de pain sans la tremper marque l’extrême frugalité. Prov., xvii, 1 ; cf. Ruth, ii, 14. — Une bouchée de pain se prend aussi pour une chose de rien : devenir prévaricateur pour une bouchée de pain, signifie le devenir pour un intérêt de rien. Prov., vi, 26 ; xxviii, 21 ; Ezech., xiii, 19. — Quant au pat bag de Daniel, I, 5, 8, 13 ; XI, 26, si diversement interprété, il s’agit d’une « portion de nourriture » apportée de la table du roi. Cf. Fabre d’Envieu, Le livre du prophète Daniel, t. i, p. 114. E. Levesque.

    1. BOUCHER##

BOUCHER (l’hébreu : tabbâfy, « tueur, » a en soi le sens de « boucher » ; mais il est employé dans la Bible seulement pour désigner le serviteur qui a la charge de tuer et de préparer les animaux pour le repas : ce que les Septante rendent justement par [layeipoç, et la Vulgate par coquus, « cuisinier. » I Reg., IX, 23. Cf. I Reg., viii, 13.

Le mot tébah, « tuerie, boucherie, » est employé plusieurs fois, Ps. xliii(xliv), 22 ; Prov., vii, 22 ; Is., lui, 7 ; Zach., xi, 4, 7 ; cf. Act., viii, 32 ; Rom., viii, 36, etc. ; Septante : a(fa-ff[ ; Vulgate : victima, occisio ; mais non dans le sens de lieu où l’on vend de la viande). On ne devait exercer ce métier que dans les villes importantes ; car à la campagne, dans les villages, chacun tuait pour son usage. Sous la tente des riches pasteurs comme Abraham, Gen., xviii, 7, et à la cour des rois d’Israël, I Reg., viii, 13 ; ix, 23, des serviteurs étaient chargés de ce soin, qui rentrait dans les attributions du cuisinier ou de ses aides,

Fig. 578. — Bouliers assyriens. Koyoundjik. D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. ii, pl. 86.

comme nous le voyons en Assyrie (fig. 575 et 576). Mais à Jérusalem, pour la commodité des artisans, plusieurs exerçaient ce métier et devaient être réunis à côté les uns des autres dans un même quartier, puisqu’il est question dans le Talmud d’une rue des Bouchers. L.-C. Gratz, Théâtre des divines Écritures, in-8°, trad. Gimarey, 2e édit., Paris, 1884, p. 225. Voici comment se pratiquait en

Fig. 576. — Assyriens occupés a découper une brebis. Nlmrouâ. D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. i, pl. 30.

Egypte l’abatage des animaux ; il devait en être de même en Palestine) : Les monuments nous montrent des bouchers étendant l’animal à terre sur le dos, après lui avoir solidement lié les pieds ; puis, après avoir repassé leur couteau, ils égorgent la victime, la dépècent et recueillent le sang dans des vases (fig. 577). Cf. Wilkinson, The nmnners and customs of the ancient Egyptians, t. ii, p. 26, 32.

E. Levesque.

BOUCHERIE. Voir Boucher.

    1. BOUCLE D’OREILLE##

BOUCLE D’OREILLE, simple anneau passé dans le lobe de l’oreille comme ornement. C’est la boucle d’oreille proprement dite. Par extension, ce mot désigne aussi l’anneau ou crochet avec pendeloque, le pendant d’oreille. Pour l’un et l’autre, voir Pendants d’oreilles. Les Septante et la Vulgate ont plusieurs fois traduit par « boucle