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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/11

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ENCYCLIQUE PROVIDENTISSIMUS

rum contextu : recteque affirmavit Hieronymus, « ignorationem Scripturarum esse ignorationem Christi[1] » : ab illis nimirum exstat, veluti viva et spirans, imago ejus, ex qua levatio malorum, cohortatio virtutum, amoris divini invitatio mirifice prorsus diffunditur. Ad Ecclesiam vero quod attinet, institutio, natura, munera, chàrismata ejus tam crebra ibidem mentione occurrunt, tam multa pro ea tamque firma prompta sunt argumenta, idem ut Hieronymus verissime edixerit : « Qui sacrarum Scripturarum testimoniis roboratus est, is est propugnaculum Ecclesiæ[2]. » Quod si de vitæ morumque conformatione et disciplina quæratur, larga indidem et optima subsidia habituri sunt viri apostolici : plena sanctitatis præscripta, suavitate et vi condita hortamenta, exempla in omni virtutum genere insignia ; gravissima accedit, ipsius Dei nomine et verbis, præmiorum in æternitatem promissio, denunciatio pœnarum.

Atque hæc propria et singularis Scripturarum virtus, a divino afflatu Spiritus Sancti profecta, ea est quæ oratori sacro auctoritatem addit, apostolicam præbet dicendi libertatem, nervosam victricemque tribuit eloquentiam. Quisquis enim divini verbi spiritum et robur eloquendo refert, ille non loquitur in sermone tantum, sed et in virtute et in Spiritu Sancto et in plenitudine multa[3]. Quamobrem ii dicendi sunt præpostere improvideque facere, qui ita conciones de religione habent et præcepta divina enuntiant, nihil ut fere afferant nisi humanae scientiae et prudentiae verba, suis magis argumentis quam divinis innixi. Istorum scilicet orationem, quantumvis nitentem luminibus, languescere et frigere necesse est, utpote quæ igne careat sermonis Dei[4], eamdemque longe abesse ab illa, qua divinus sermo pollet virtute : Vivus est enim sermo Dei et efficax et penetrabilior omni gladio ancipiti, et pertingens usque ad divisionem animæ ac spiritus[5]. Quamquam, hoc etiam prudentioribus



fécond et de plus expressif que ce que nous présente le tissu de la Bible entière, et n’est-ce pas à bon droit que saint Jérôme a pu dire que « ignorer les Écritures, c’était ignorer le Christ » ? C’est de ces Écritures, en effet, que nous voyons ressortir son image, vivante en quelque sorte et animée, et dont le rayonnement porte au loin d’une façon merveilleuse le soulagement dans le malheur, l’exhortation aux vertus et les invitations de l’amour divin. En ce qui concerne l’Église, si fréquente s’y voit la mention de son institution, de sa nature, de sa mission, de ses dons ; si nombreux et si forts s’y produisent les arguments en sa faveur, que le même saint Jérôme a pu dire en toute vérité : « Quiconque a été fortifié par les témoignages des Écritures, celui-là est le rempart de l’Église. » Que si l’on cherche des règles pour la formation de la vie et des mœurs, c’est encore là que les hommes apostoliques trouveront les secours les plus abondants et les plus puissants : prescriptions pleines de sainteté, exhortations empreintes à la fois de douceur et de force, exemples remarquables de toutes sortes de vertus ; et à tout cela se joignant, au nom de Dieu lui-même et sur sa propre parole, la promesse des récompenses et la menace des peines éternelles.

C’est cette vertu propre et singulière des Écritures, provenant du souffle divin du Saint-Esprit, c’est elle qui donne l’autorité à l’orateur sacré, inspire la liberté apostolique de sa parole et communique à son éloquence le nerf de l’efficacité. Celui, en effet, qui porte dans son discours l’esprit et la force de la parole divine, celui-là ne parle pas seulement en discours, mais en puissance, et par l’Esprit-Saint, en toute plénitude. Aussi doivent-ils être regardés comme bien inconsidérés et mal inspirés, les prédicateurs qui, ayant à parler de la religion et des préceptes divins, n’apportent presque rien que les paroles de la science et de la prudence humaine et s’appuient sur leurs propres arguments plus que sur les arguments divins. En effet, quelque brillante que soit l'éloquence de tels orateurs, elle est nécessairement languissante et froide, étant privée du feu de la parole de Dieu, et elle est bien loin de cette puissance que possède la parole divine : car la parole de Dieu est vivante, elle est efficace et pénétrante plus qu’aucun glaive à deux tranchants, pénétrant jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit. D’ailleurs, et les plus habiles

  1. In Is., Prol.
  2. In Is., liv, 12.
  3. I Thess., i, 5.
  4. Jer., xxiii, 29.
  5. Hebr., iv, 12.