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assentiendum est, inesse in sacris Litteris mire variam et uberem magnisque dignam rebus eloquentiam : id quod Augustinus pervidit diserteque arguit[1], atque res ipsa confirmat præstantissimorum in oratoribus sacris, qui nomen suum assidua ? Bibliorum consuetudini piæque meditationi se præcipue debere, grati Deo affirmarunt.

Quae omnia SS. Patres cognitione et usu quum exploratissima haberent, nunquam cessarunt in divinis Litteris earumque friictibus collaudandis. Eas enimvero crebris locis appellant vel thesaurum locupletissimum doctrinarum cælestium[2], vel perennes fontes salutis[3], vel ita proponunt quasi prata fertjlia et amœnissimos hortos, in quibus grex dominicus admirabili modo reliciatur et delectetur[4]. Apte cadunt illa S. Hieronymi ad Nepotianum clericum : « Divinas Scripturas sæpius lege, imo nunquam de manibus tuis sacra lectio deponatur ; disce quod doceas : … sermo presbyteri Scripturarum lectione conditus sit[5] ; » convenitque sententia S. Gregorii Magni, quo nemo sapientius pastorum Ecclesiae descripsit munera : « Necesse est, inquit, ut qui ad officium praédicationis excubant, a sacrai lectionis studio non recedant[6]. »

Hic tamen libet Augustinum admonentem inducere, « Verbi Dei inanem esse forinsecus prædicatorem, qui non sit intus auditor[7], » eumque ipsum Gregorium sacris concionatoribus præcipientem, « ut in divinis sermonibus, priusquam aliis eos proférant, semetipsos requirant, ne insequentes aliorum facta se deserant[8]. » Sed hoc jam, ab exemplo et documente Christi, qui cœpit facere et docere, vox apostolica late præmonuerat, non unum allocuta Timotheum, sed omnem clericorum ordinem,


eux-mêmes doivent en convenir, il existe dans les Saintes Lettres une éloquence admirablement variée, riche et en rapport avec la grandeur du sujet : c’est ce que saint Augustin a compris et parfaitement prouvé, et c’est aussi ce que confirme l’expérience des orateurs sacrés les plus célèbres qui, avec un sentiment de reconnaissance envers Dieu, ont proclamé qu’ils devaient principalement leur gloire à la fréquentation assidue et à la pieuse méditation de la Bible.

Convaincus de tout cela et par la théorie et par l’expérience, les Saints Pères n’ont jamais cessé de célébrer les divines Ecritures et les fruits qu’on en peut tirer. Dans maint passage de leurs œuvres, ils les appellent le très riche trésor des doctrines célestes, les fontaines intarissables du salut ; ils les comparent à des prairies fertiles, à de délicieux jardins dans lesquels le troupeau du Seigneur trouve, d’une façon merveilleuse, l’aliment qui le nourrit et l’attrait qui le charme. N’est-ce pas le cas de rappeler ces paroles de saint Jérôme au clerc Népotien : « Lis souvent les Saintes Ecritures, ou, plutôt, que jamais ce livre sacré ne sorte de tes mains ; apprends ce que tu devras enseigner : … que la parole du prêtre soit toujours nourrie de la lecture des Ecritures. » Pareil aussi est le jugement de saint Grégoire le Grand, qui a défini plus sagement que personne les devoirs des pasteurs de l’Eglise : « Il est nécessaire, dit-il, que ceux qui s’appliquent au ministère de la prédication ne cessent jamais d'étudier les Saints Livres. »

Mais il Nous plaît de citer saint Augustin, nous avertissant que « celui-là tentera vainement de manifester au dehors la parole de Dieu, qui ne l’aura pas écoutée au dedans de lui-même, » et le même saint Grégoire prescrivant aux orateurs sacrés d'être fidèles « à se chercher eux-mêmes dans les divins oracles, avant de les porter devant les autres, de peur qu’en poursuivant les actes d’autrui, ils ne s’abandonnent eux-mêmes ». Déjà, d’ailleurs, suivant l’exemple et l’enseignement du Christ, qui commença par agir pour enseigner ensuite, la voix de l’Apôtre avait porté au loin cet avertissement, quand s’adressant, non pas au seul Timothée, mais à l’ordre entier des clercs, il lui prescrivait : Veille sur toi et sur la doctrine, et

  1. De doct. chr., ii, 6, 7.
  2. S. Chrys., In Gen. hom. xxi, 2 ; hom. lx, 3 ; S. Aug., De discipl. chr., 2.
  3. S. Athan., Ep. fest. 39.
  4. S. Aug., Serm. xxvi, 21 ; S. Ambr., In Ps. cxviii, serm. xrx, 2.
  5. S. Hier., De vit. cleric. ad Nepot.
  6. S. Greg. M., Regul. past., ii, M (al. 22) ; Moral., xviii, 26 (al. ii).
  7. S. Aug., Serm. clxxix, 1.
  8. S. Greg. M., Regul. pont., iii, 24 (al. 48).