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ALEXANDRE D'ÉPHÈSE — ALEXANDRIE

lors de l'émeute éphésienne contre saint Paul, poussèrent en avant afin de parler au peuple, et de dégager les Juifs de toute connivence avec les chrétiens. Act., xix, 33. Dès qu’on eut reconnu qu’il était juif, tous se mirent à crier pendant plus de deux heures : « Grande est la Diane des Éphésiens ! » Les Juifs cependant vivaient en bonne harmonie avec les Éphésiens ; mais le peuple crut peut-être qu’Alexandre voulait parler en faveur de saint Paul, ou, plus probablement, on lui interdit la parole parce que, en sa qualité de Juif, il était l’ennemi de la déesse Artémis ou Diane.

6. ALEXANDRE, chrétien d'Éphèse, à qui saint Paul reproche d’avoir avec Hyménæus perdu la bonne conscience, et, par suite, d’avoir fait naufrage dans la foi ; c’est pourquoi il les livre tous deux à Satan, afin qu’ils apprennent à ne pas blasphémer. I Tim., i, 20.

7. ALEXANDRE, ouvrier en cuivre, montra à saint Paul une très grande malveillance, et s’opposa.à sa prédication. L’Apôtre engage Timothée à se tenir en garde contre lui, II Tim., iv, 14-15, d’où l’on peut conclure que cet Alexandre était d'Éphèse. On ne sait s’il était juif ou chrétien. — On s’est demandé si les trois Alexandre que l’on vient de nommer, ou tout au moins les deux derniers, ne sont pas un seul personnage. Tous les trois portent le même nom et sont d'Éphèse. L’identité des deux derniers est regardée par un grand nombre de commentateurs comme certaine.

8. ALEXANDRE DE BORIE. Voir Chérubin de Saint-Joseph.

9. ALEXANDRE DE HALÈS, Alesius ou de Hales, savant scolastique, ainsi surnommé de Hailes, dans le canton de Glocester, d’où il était originaire, mort à Paris le 27 août 1245. Il entra dans l’ordre de Saint-François en 1222. Après avoir étudié en Angleterre, il se rendit à Paris, où il acquit une telle réputation, qu’on le surnomma « le Docteur irréfragable ». Il est surtout célèbre comme théologien, mais on a aussi de lui un Commentarius in Apocalypsim, in-f°, Paris, 1647. Il ne donne pas « une haute idée de la science ni même de l’imagination du commentateur », dit Daunou. La Bibliothèque ambrosienne à Milan, et celle d’Oxford, possèdent de lui des commentaires manuscrits sur les prophètes, les Évangiles et les Épîtres de saint Paul. On lui a attribué aussi un commentaire in-f° sur les Psaumes, imprimé à Venise en 1496, qui d’après plusieurs critiques est de saint Bonaventure, ou plus probablement du cardinal Hugues de Saint-Cher. D’autres commentaires lui sont aussi attribués faussement. Voir Daunou, dans l’Histoire littéraire de la France, t. xviii, p. 312-328, spécialement p. 317-318 ; B. Hauréau, Histoire de la philosophie scolastique, part, ii, Paris, 1880, t. i, p. 131-141 ; Stöckl, Geschichte der Philosophie des Mittelalters, 1865, t. ii, p. 317-326.

10. ALEXANDRE NECKAM (Necham, Nekam, Nequam), théologien et poète anglais, né à Saint-Alban en 1157, mort en 1227. Il fut professeur à l’université de Paris, entre 1180 et 1187 ; il devint ensuite chanoine régulier et abbé de Chichester. Il a laissé : Commentarius in IV Evangelia, manuscrit de la bibliothèque d’Oxford ; Expositio super Ecclesiasten, manuscrit de la Cotton Library ; Expositio super Cantica, manuscrits d’Oxford et de Cambridge. On lui attribue aussi un Vocabularium biblicum, Concordantiæ Bibliorum, Correctiones biblicæ, etc. Voir A. Allibone, Critical Dictionary of English literature, 1880, t. ii, p. 1406 ; Hoefer, Nouvelle biographie générale, t. xxxvii, col. 569-573.

11. ALEXANDRE Noël, dominicain français, né à Rouen le 19 janvier 1639, mort à Paris le 21 août 1721. Il se fit religieux en 1655, et fut successivement professeur de philosophie et de théologie dans les maisons de son ordre. Il devint docteur de Sorbonne en 1675, et provincial en 1706. Il avait eu le malheur de tomber dans les erreurs du jansénisme, et de signer en 1704 le Cas de conscience ; mais il s'était rétracté peu après. Il est surtout connu par son Historia ecclesiastica, publiée de 1676 à 1686, en 24 volumes in-8° ; il y ajouta en 1689 l’histoire de l’Ancien Testament. Le tout fut réimprimé sous le titre d’Historia ecclesiastica Veteris et Novi Testamenti, 8 in-f » ou 25 in-8°, Paris, 1699. Cet ouvrage fut condamné par Innocent XI le 10 juillet 1684, le 6 avril 1685 et le 26 février 1687. C. Roncaglia en donna une nouvelle édition avec notes rectificatives et complémentaires, Lucques, 1754, de sorte que l’Index en permit la lecture, le 8 juillet 1754, avec l’autorisation de Benoit XIII. Alexandre a laissé aussi des Commentaires sur les Évangiles et les Épîtres de saint Paul, 2 in-f°, 1703, 1710. Voir Catalogue complet des œuvres du Père Alexandre, Paris, 1716 ; Échard, Scriptores ordinis Prædicatorum, t. xii, p. 810 ; Nicéron, Mémoires, t. xxiii, 1729, p. 328.

1. ALEXANDRIE (ἡ Ἀλεξάνδρεια, III Mach., iii, 1), capitale de l’Égypte sous les Ptolémées, fut bâtie par Alexandre le Grand en 332, sur l’emplacement du village de Rhacôtis, en face de la petite île de Pharos (fig. 93). Josèphe, Bell. jud., IV, x, 5 ; Plutarque, Alex., xxvi.

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93.— Médaille d’Alexandrie.
Tête diadémée de l’empereur Adrien, à droite. HADRIANVS AVG COS III PP. — v° ALEXANDRIA. Alexandrie personnifiée, debout, a gauche, tenant un sistre de la main droite.

L’illustre conquérant macédonien avait trouvé, dans les eaux profondes qui s'étendent entre l'île et le continent, la place toute naturelle d’un double port destiné à devenir le boulevard de sa puissance, et peut-être la pierre d’attente de ses visées ambitieuses sur l’Occident. C'était un point de jonction indiqué entre les deux parties du vieux monde. Là, l’Europe devait venir acheter les produits de l’Inde et de l’Égypte, apportés du désert par les caravanes, et déposés dans les eaux du lac Maréotis par mille barques sillonnant les bras du Nil. C’est à Dinocrate, l’architecte du nouveau temple de Diane à Éphèse, que fut confié le soin de créer le port et de bâtir la ville dont Alexandre avait, dit-on, tracé lui-même le plan, mais dont il ne vit pas l’achèvement. On sait que l’honneur d’en avoir élevé les principales constructions revient à ses successeurs, Ptolémée Soter et Ptoléniée Philadelphe.

La grande cité, bâtie entre le lac Maréotis au sud et la Méditerranée au nord, affectait dans son développement la forme d’une chlamyde grecque. Un large môle, long de sept stades (1 300 mètres environ), d’où son nom d’Heptastade, défendu par un fort à chacune de ses extrémités, et percé de deux vastes ponts, mettait en communication la cité et l'île de Pharos. Celle-ci, étroite et allongée de l’ouest à l’est, jusqu’au petit rocher qui portait le célèbre phare de Sostrate de Cnide, constituait une jetée naturelle fort propice pour briser les lames de la haute mer et couvrir simultanément les deux ports, qui s’arrondissaient en anses très favorables, l’un à l’est et l’autre à l’ouest de l’Heptastade. Le premier s’appelait le Grand Port, le second était désigné sous le nom d’Eunostos, où « Port d’heureux retour ». Dans le Grand Port, entre le promontoire de Lochias et l’Ilot d’Antirhodos, se trouvait en outre le port fermé, où s’abritaient les galères royales, et dans l’Eu-