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palpitant d’intérêt pour les chrétiens, dans les revues, dans les bulletins archéologiques, dans les rapports des sociétés scientifiques, ainsi que dans les procès-verbaux des explorateurs et des archéologues modernes les plus distingués. Les anciens dictionnaires de la Bible et tout ce qui s’est fait en ce genre avaient vieilli, étaient devenus insuffisants et incomplets ; vous rattachez ce présent au passé ; vous joignez les efforts et les vues des modernes aux dissertations des maîtres anciens ; c’est là, selon moi, le caractère distinctif de votre travail, et c’est aussi son premier mérite.

Bien qu’on ait souvent médit des dictionnaires, je m’aperçois que notre siècle, pressé en toutes choses, ne vit guère que de leurs articles. On a trop produit pour tout savoir, on a trop écrit pour tout parcourir ; l’esprit humain n’est pas assez étendu pour tout embrasser, les langues bibliques sont trop difficiles pour que la multitude les étudie dans les originaux. Il nous faut des hommes qui fassent ce que nous ne pouvons pas faire nous-mêmes, et qui vulgarisent dans des notices claires et rapides ce que le grand public ne peut connaître ni étudier. Si j’ajoute, comme c’est justice, que, par les échantillons que donne le premier fascicule de votre Dictionnaire que j’ai sous les yeux, vous et vos collaborateurs avez parfaitement saisi le genre qui convenait à une pareille publication ; si je dis que les articles déjà parus sont rédigés avec sobriété, netteté, compétence, et complètement au fait des dernières conclusions de la science sur la matière étudiée, j’aurai achevé l’éloge de votre si louable entreprise, et j’en aurai démontré plus que par tous les raisonnements sa valeur et les services qu’elle est appelée à rendre.

Recevez donc, cher Monsieur le Directeur, tant pour vous que pour tous ceux qui se sont associés à cette grande œuvre, mes compliments et mes félicitations. Puissiez-vous la mener à bon terme, et que Celui qui vous en a inspiré l’idée vous permette de la conduire à la perfection : Qui cœpit, ipse perficiat ! Tel est mon vœu et telle est mon espérance, ce à quoi je joins bien volontiers tous les sentiments d’affection et d’estime que vous savez que je professe pour vous, qui, par votre origine et l’amour filial que vous gardez à votre pays, êtes une des gloires de notre diocèse et l’un des orgueils de notre Rouergue.

† ERNEST, évêque de Rodez.

Rodez, le 3 juillet 1891.

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Cher Monsieur le Directeur,

Je terminais la lettre que je vous écrivais le 3 juillet 1891, après l’apparition du premier fascicule du Dictionnaire de la Bible que vous aviez en projet, en vous adressant ces paroles : « Puissiez-vous mener cette grande œuvre à bon terme, et que Celui qui vous en a inspiré l’idée vous permette de la conduire à la perfection. » Mon souhait, et celui des vrais amis des études bibliques, est déjà en partie réalisé. Que Dieu en soit béni ; car je me demandais, non sans quelque anxiété, si le temps et vos forces vous permettraient de mener bien loin une entreprise qui était capable de décourager les plus hardis et les plus laborieux.

Le succès a couronné vos premiers efforts et ceux de vos zélés collaborateurs. Il couronnera aussi les nouveaux travaux qui vont suivre, et nous verrons bientôt la fin de ce beau monument scientifique, comme nous en saluons avec reconnaissance le commencement. Les sept premiers fascicules, formant le premier volume de l’ouvrage et le quart à peu près de sa totalité, vont paraître. N’eussiez- vous parcouru que cette première étape, la marche serait déjà longue, et le service rendu très considérable. Une grande partie des matières qui doivent rentrer dans l’œuvre entière se trouve déjà condensée et traitée dans ce volume d’avant-garde. Des articles importants y ont reçu leur développement et leur solution. Le travail est incomplet sans doute, si l’on ne fait attention qu’à son intégrité numérique ; mais il est fini et très heureusement terminé pour une foule de questions spéciales qui n’ont rien à attendre de celles qui doivent les suivre, et qui font par elles-mêmes des chapitres détachés et des divisions indépendantes dans ce qu’elles sont et dans ce qu’elles doivent être.

Je ne puis donc que vous féliciter chaleureusement de cette mise en vente de la première partie d’une encyclopédie biblique, que nous appelions tous de nos vœux et de nos besoins les plus impérieux.

Le moment est d’ailleurs bien choisi pour la faire paraître. Le Saint-Père vient de donner un nouvel essor aux études sacrées dans une mémorable encyclique, où il fait ressortir à la fois l’utilité de nos Saintes Lettres, en même temps qu’il consacre les règles invariables de leur inspiration et de leur interprétation. Ce sera dignement répondre à l’honneur qu’il vous a fait d’accepter la dédicace de votre savant ouvrage, que de déposer à ses pieds la partie qui est parachevée, en lui donnant l’espoir que bientôt l’œuvre complète méritera ses bénédictions et l’admiration reconnaissante des amis de nos Saints Livres et des défenseurs de la foi, dont les divines Écritures sont le fondement et l’exposition autorisée.

Veuillez agréer, cher Directeur, avec mes remerciements personnels, l’assurance de mes sentiments les plus dévoués en Notre-Seigneur.

† Card. BOURRET, évêque de Rodez et de Vabre.

Rodez, le 7 septembre 1891