fragment, rapporté par M. de Saulcy, est conservé au musée du Louvre, salle judaïque ; cf. A. Héron de Villefosse, Notice des monuments provenant de la Palestine, Paris, 1879, p. 13-14. Les environs de la ville sont eux-mêmes remplis de ruines et de décombres qui attestent l’importance de la cité antique. En somme, si Er-Rabbah porte les marques de l'époque romaine, elle renferme aussi d’abondantes traces d’une période antérieure.
L’histoire d’Ar, au point de vue biblique, se confond avec celle du pays de Moab, dont elle est du reste le représentant en plus d’un endroit, Deut., ii, 9 ; Is., xv, l ; mais, en dehors de cela, elle ne présente aucun fait saillant. Aréopolis fut comprise dans la « troisième Palestine » (Etienne de Byzance, Ethnie, p. 651), et fut le siège d’un évêché. Saint Jérôme nous apprend qu’elle fut en partie renversée par un tremblement déterre, Comment. in Isaiam, l. xxiv, col.168 ; ce qui, d’après certains calculs basés sur les écrits d’Ammien Marcellin, serait arrivé en 365 après J.-C, ou plutôt, suivant d’autres supputations, l’an 344.
ARA (hébreu : ʾArâʾ ; c’est probablement le même mot que ʾârî, « lion ; » Septante : 'Api), troisième fils de Jéther, de la tribu d’Aser. I Par., vii, 38.
ARA (hébreu : Hârâʾ ; omis par les Septante), contrée où Théglathphalasar, roi d’Assyrie, déporta les tribus transjordaniennes de Ruben, de Gad et de Manassé. 1 Par., v, 26. Le silence des Septante et de la Peschito a fait supposer à quelques auteurs que ce nom aurait été interpolé après la composition de ces versions ; mais ce silence ne saurait l’emporter sur l’autorité des manuscrits hébreux et de la Vulgate. Il n’en est pas moins difficile cependant de déterminer l’origine du mot, sa signification, aussi bien que le pays auquel il correspond. Les principales opinions émises à ce sujet sont les suivantes :
Bochard, Phaleg. iii, 14, Cæn, 1646, p. 220, s’appuyant, d’un côté, sur les passages parallèles de IV Reg., xvii, 6 ; xvill, 11, dont nous parlerons tout-à-l’heure. et, de l’autre, sur la ressemblance onomastique, reconnaît dans Hara soit une partie de la Médie, soit la Médie elle-même, que Pausanias apelle Ὰρία, et dont les habitants sont nommés Ἄριοι par Hérodote, vii, 62. Ce serait ainsi l’ancienne Aria, l’Aρεία de Ptolémée, vi, 17, et de Strabon, xi, 516, située entre le pays des Parthes et l’Indus, et que rappelle aujourd’hui la ville d’Hérât, dans le Khoraçan oriental. Cf. G. B. Winer, Biblisches Realwörterbuch, Leipzig, 1847. t. i, p. 464, au mot Hara. Cette assimilation ne peut se soutenir, car Aria et Hara ont une origine et une signification complètement différentes : Aria se rapporte à la grande famille des peuples aryens, dont le nom sanscrit ârya signifie « noble, de bonne famille ». Cf. Max Müller, La science du langage, Paris, 1876, p. 287. Bochardest, comme nous le verrons, plus près de la vérité, quand il rapproche Hara de la racine hébraïque signifiant « montagne, pays montagneux ». Cf. l’arabe El-Djébàl.
George Rawlinson, dans Smith’s Dictionary of the Bible, Londres, 1861, 1. 1, p. 754, au mot Hara, propose de l’identifier avec Haran, la ville de Mésopotamie où vint Abraham après avoir quitté Ur de Chaldée. Dans les Paralipomènes, dit-il, les noms diffèrent souvent de ceux que l'Écriture emploie ailleurs, parce qu’ils représentent une forme plus récente ; et ainsi Hara pourrait correspondre à Carrhæ, qui, comme nous l’apprennent Strabon et Ptolémée, désignait chez les Grecs la ville de Haran. Nous pouvons supposer alors que, dans la pensée de l’auteur des Paralipomènes, une partie des Israélites avait été transportée à Haran sur le Bélik, tandis que le plus grand nombre avait été envoyé vers le Chabour.
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200. — Porte romaine d’Er-Rabbah (Aréopolis). D’après F. de Saulcy, Voyage autour de la Mer Morte, atlas, pl. XX.
Cette opinion, conforme, à la rigueur, au récit biblique, puisque bon nombre d’auteurs placent Hala, Habor et Gozan dans cette contrée de la Mésapotamie, se heurte à une difficulté philologique, la différence radicale qui existe entre Hârâ, הרא, et Hârân, הרו, par l’aspiration initiale et la lettre finale.
La solution la plus juste nous paraît être la suivante. L’auteur des Paralipomènes s’est sans doute servi des passages parallèles, IV Reg., xx, 19, 29, etxvii, 6 ; xviii, 11. Or le livre des Rois indique comme lieu de déportation « Hala, Habor, le fleuve de Gozan et les villes de Médie, » IV Reg., xvii, 6 ; xviii, 11, tandis que celui des Paralipomènes mentionne « Hala (Vulgate : Lahela), Habor, Ara, et le fleuve de Gozan. » I Par., v, 26. N’est-on pas, d’après cela, porté à croire qu’il y a eu interversion dans le second récit, et qu’Ara correspond aux villes de Medie du premier ? Mais encore quelle relation y a-t-il entre les noms 1 ! On peut trouver la réponse dans cette conjecture très vraisemblable : au lieu de 'Are Mâdâi, ץרי טדי, « les villes de Médie », les Septante ont lii, dans les deux endroits, IV Reg., xvii, 6 ; xviii, 11, Hârê Mddâi, הרי טדי, « les montagnes des Mèdes », ὄρη Μήδων. Etait-ce là la leçon primitive du livre des Rois ? c’est possible. Hara des Paralipomènes serait donc simplement la forme araméenne de l’hébreu Har, et le nom vulgaire des montagnes de Médie, reproduit par l’arabe El-Djébàl, « les montagnes », qui est plus particulièrement employé, dans la géographie