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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/338

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CHÊNE

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sions aiguës ou mueronées, avec un fruit à cupule volumineuse. Le type européen du Quercus Cet-ris, vulgairement Gland -Châtain, a été retrouvé sur les pentes du Liban avec le Quercus JEgilops (fig. 240), qui s’en distingue par ses fruits plus gros du double, par ses feuilles moins profondément découpées, plus fermes et subpersistantes. Ce dernier, connu en Grèce sons le nom de chêne Velani, n’est représenté en Syrie que par deux variétés d’abord admises comme espèces : Quercus Ithaburensis Decaisne, à feuilles largement ovales, et Quercus Look Kotschy. Le Quercus Libani (fig. 241) observé dans la région du Liban se rattache à la même section par ses fruits à maturation bisannuelle, mais la cupule n’est pas hérissée. Les espèces les plus répandues en

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840. — Quercus segilops.

Palestine sont le Quercus JEgilops et le Quercus pseudococcifera. — Cf. A. de Candolle, Cupuliferse, in De. Prodr. regni veget., pars xvi, sect. 2, fasc. 1 ; Kotschy, Eichen Europ. und Orient., in-f°, Vienne, 1858.

F. Hy.

IL Exégèse. — i. identification : — Les noms’êlâh, ’allâh, ’allôn, ’êlôn, qui dérivent d’une racine Vin, S>n, ’ail, ’il, exprimant de l’aveu de tous la force, et désignent par conséquent des arbres vigoureux, ont été très diversement rendus par les versions. Si l’on ne tient pas compte des points-voyelles (adjonction traditionnelle sans doute, mais quelquefois fautive, et en tous cas moins importante qu’une terminaison de consonnes), ils se ramènent à deux types : rns et pbs. Or le texte sacré dislingue nettement entre le -Vn, ’êlâh, et le jVw, ’allôn. ls., vi, 13 ; Ose.,

iv, 13. D’autre part, ’allôn, sur neuf fois qu’il se présente dans la Sainte Écriture, est traduit par « chêne », huit fois dans les Septante et toujours dans la Vulgate. Et la plupart des exégètes anciens et modernes s’accordent à lui donner ce sens. Au contraire, ’êlâh est rendu tantôt par « chêne », tantôt par « térébinthe » dans les versions, et les interprètes conviennent généralement de lui laisser ce dernier sens.’Allah, n^x, qui ne se rencontre qu’une fois, Jos., xxiv, 26, et ne diffère du précédent que par la ponctuation, s’y rattache et a le sens de o térébinthe », que lui donnent d’ailleurs les Septante. Pour’êlâh et’allâh, voir Térébinthe. Le’êlôn, au contraire, qui n’est qu’une ponctuation différente du’allôn (jiba, fi’îs), a la même signification ; mais il y a ceci de

particulier, qu’il ne se rencontre que dans les désignations topographiques : serait-ce que la vraie prononciation se serait mieux conservée dans ces noms de lieu, ou bien ce mot désigne-t-il plutôt un bois de chêne, une chênaie ? — Quant au mot’èl, qui ne se présente qu’une fois au singulier et en composition avec un autre mot pour former un nom propre, ’El-paran, Gen., xiv, 6, et à sa forme plurielle’êlim, ls., i, 29 ; lvii, 5 ; lxi, 3 ; Ezech., xxxi, 14, il désigne des grands arbres en général

ou des futaies, comme l’araméen’ilân, Dan., iv, 7, 8, 11, 17, 20, 23, que les Septante rendent bien par ôévêpov, et

laVulgate par arbor. Cf. syriaque ^*j>’ilon, « grand

arbre ». Aussi cette expression convient aussi bien à des palmiers, cf. Exod, xv, 27 ; III Reg., IX, 26, qu’à des chênes ou à des térébinthes. Et si l’on veut voir une espèce déterminée dans Isaïe, 1, 29, ce serait plutôt le térébinthe que le chêne. Cf. Is., i, 30 (hébreu). — La plupart des langues ont deux mots pour désigner le chêne et le chêne vert ou yeuse (grec : SpO ?, itpîvoç ; latin : quercus, ilex), il en

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241. — Quercus Libani.

est probablement de même de l’hébreu. Le mot’âllôn ou’êlon désigne toute espèce de chêne ; mais quand il s’agit de préciser, il existe un terme spécial, tirzâh (d’une racine exprimant la dureté, la fermeté), et qui se trouve placé à côté du chêne proprement dit, ’âllôn, dans Isaïe, xliv, 14. La Vulgate traduit par ilex, et Celsius, Hierobotanicon, X. ii, p. 269, comme E. F. K. Rosenmûller, Handbuch der biblischen Alterthumskunde, t. iv, p. 312, approuvent cette traduction. Le texte demande un bois propre à être travaillé, sculpté : ce qui convient à merveille au chêne vert. — C’est par le mot Trpîvoç, « chêne vert, » Dan., xiii, 58, que le traducteur grec de l’histoire de Susanne a rendu le terme de l’original, soit qu’il y eût, en effet, une yeuse, ou que, pour conserver le jeu de mots, il eût changé le nom de l’arbre. Voir Susanne.

ii. le chêne dans L’ÉCRITURE. — C’est à l’est du Jourdain, surtout dans le pays de Basan, que se trouvaient les chênes les plus célèbres et par leur grosseur et par leur nombre. Is., ii, 13 ; Ezech., xxvii, 6 ; Zach., xi, 2. Dans les contrées de Galaad et de Basan, Burckhardt, Travels in Syria, 1822, p. 205, 348, vit encore des forêts de beaux chênes. Depuis elles ont en grande partie disparu sous la hache des Bédouins, qui ne prennent pas soin de garantir les jeunes pousses de la dent de leurs troupeaux. Cependant on y trouve encore des bois de gros chênes. Voir Basan, t. i, col. 1489. C’est le Quercus ASgilops qui domine, et cette espèce paraît bien être le fameux chêne de Basan mentionné dans l’Écriture, digne d’être mis en parallèle avec le cèdre du Liban. Is, ir, 13. Adrichomius, Theatrum Terrée Sanctse, in-f°, Cologne, 1600, p. 79, décrivant le pays de Basan, et la partie de cette contrée qui longeait le lac de Génésareth et le Jourdain, remarque l’abondance des glands produits par ses nombreux chênes, et la facilité qu’on avait par là d’y élever sans peine des troupeaux de deux mille porcs, comme celui qui se précipita dans les Ilots après la gué-