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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/163

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GRAND-PRÊTRE

signa successivement, pour succéder à Onias III, son frère Jason, puis un intrigant appelé Ménélas, qui furent tous deux des pontifes indignes. Josèphe, Ant. jud., XII, v, 1. Voir Antiochus IV Épiphane, t. i, col. 695, 696. Josèphe fait de Ménélas, primitivement nommé Onias, un frère du pontife Onias III. D’après II Mach., iii, 4 ; iv, 23, ce Ménélas était frère d’un intendant du Temple, appelé Simon, de la tribu de Benjamin. Si ce dernier texte n’a subi aucune altération, il faut reconnaître que la nomination de ce Ménélas était absolument contraire à la loi. De là le contentement des Juifs quand ils virent arriver au pontificat Alcime, qui, au moins, était de la race d’Aaron, sans être cependant de la famille de Sadoc. I Mach., vii, 14 ; Josèphe, Ant. jud., XII, ix, 7. Voir Alcime, t. i, col. 338, et Ménélas. Les pontifes machabéens, Jonathas, Simon, fils de Matathias, etc., descendaient d’Aaron par Joarib, de la famille d’Éléazar. I Mach., ii, 1. C’est le peuple qui élut au souverain pontificat Jonathas, I Mach., ix, 28-31, puis Simon. I Mach., xiv, 46, 47. Hérode le Grand nomma successivement six pontifes et Archélaüs deux. Le légat de Syrie Cyrinus, puis ses successeurs désignèrent les suivants. Agrippa Ier, Hérode de Chalcis et Agrippa II en nommèrent onze à eux trois. Enfin le dernier de la série pontificale dut sa nomination au peuple pendant la guerre. — 3o On voit qu’avec le temps l’élection des grands-prêtres était tombée sous la dépendance civile. De plus, alors que primitivement le grand-prêtre était nommé à vie et qu’avant la captivité on ne trouve qu’un seul exemple d’un pontife privé de ses fonctions de son vivant, celui d’Abiathar déposé à raison de sa révolte, la résiliation du souverain pontificat, de gré ou par force, devint chose commune dans les derniers temps. Josèphe, Ant. jud., XV, iii, 1. Ainsi, dans les soixante ans qui précédèrent la ruine du Temple, on compta presque autant de pontifes qu’il y en avait eu d’Aaron à la captivité. — 4o L’âge où l’on pouvait devenir grand-prêtre n’était pas fixé. Probablement l’élu devait avoir atteint au moins la vingtième année. I Par., xxxi, 17. Les défauts qui écartaient du sacerdoce et que Moïse énumère au nombre de onze, Lev., xxi, 17-23, ne comprenaient nullement la trop grande jeunesse. Aristobule n’avait que dix-sept ans quand Hérode le fit grand-prêtre, Josèphe, Ant. jud., XV, iii, 3, contrairement d’ailleurs au droit mosaïque, puisque cette nomination comportait la déposition du prédécesseur. Le fils d’Onias, qu’on avait auparavant écarté du pontificat, n’était encore qu’un νήπιος, un enfant en trop bas âge à la mort de son père. Josèphe, Ant. jud., XII, v, 1. — 5o Pour être élu au pontificat, il fallait être de naissance légitime. C’est pour cela qu’on tenait avec grand soin la généalogie des prêtres. Josèphe, Cont. Apion., i, 7. Pour obliger Jean Hyrcan à abdiquer le souverain pontificat, que quelques pharisiens ne voyaient pas volontiers entre ses mains en même temps que le pouvoir civil, un certain Éléazar avança que la mère de ce grand-prêtre avait été prisonnière chez les Syriens, jetant ainsi le doute sur la légitimité de la naissance d’Hyrcan. Josèphe, Ant. jud., XIII, x, 5. Cette calomnie fit passer le grand-prêtre dans le parti des sadducéens. — Le grand-prêtre Ananel, en fonction à l’avènement d’Hérode, était originaire de la colonie juive restée au delà de l’Euphrate. Hérode le déposa, mais la naissance d’Ananel à l’étranger ne fut pas un motif valable pour justifier cette déposition. Josèphe, Ant. jud., XV, iii, 1.

II. Sa consécration.

Le Seigneur lui-même avait pris soin de régler les cérémonies de la consécration du grand-prêtre. Exod., xxix, 1-37. Ces cérémonies furent exécutées de point en point par Moïse, au nom du Seigneur, pour Aaron et ses fils, dont deux, Nadab et Abiu, allaient périr prématurément en punition d’un manquement grave à leurs devoirs sacerdotaux, Lev., x, 1-5, et dont les deux autres étaient appelés à hériter du souverain pontificat, Ithamar après Aaron son père, Éléazar dans la personne de ses descendants à partir de Sadoc. III Reg., ii, 35. La consécration s’accomplit devant le tabernacle, en présence de toute l’assemblée d’Israël. Exod., viii, 1-3. Elle comprit différents rites : 1o La purification. Moïse lava Aaron et ses fils, dans les conditions prévues précédemment, Exod., xxviii, 41-43, en signe de la pureté qu’ils devaient apporter dans l’exercice de leurs fonctions sacrées. Lev., viii, 6 ; cf. Is., lii, 11. — 2o L’imposition des vêtements, d’abord de ceux qui étaient spéciaux au grand-prêtre Aaron, puis de ceux qui étaient destinés à ses fils. Lev., viii, 7-9, 13. — 3o L’onction. Moïse prit l’huile d’onction et commença par oindre, « pour les sanctifier, » c’est-à-dire pour les consacrer totalement au service de Dieu, le sanctuaire, l’autel et tous les ustensiles. Sept fois il aspergea d’huile l’autel lui-même, comme étant en rapport plus direct avec le culte divin. Puis il versa l’huile sur la tête d’Aaron « pour le sanctifier » et en faire par excellence l’homme de Dieu. Lev., viii, 10-12 ; Ps. cxxxii, 2. Les mains furent aussi consacrées. Eccli., xlv, 18. En faisant les mêmes onctions sur l’autel et sur le grand-prêtre, Moïse donnait à entendre qu’ils devenaient comme inséparables dans le culte du Seigneur. Voir Huile, Onction. Bähr, Symbolik des mosaischen Cultus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 175. Le grand-prêtre ainsi consacré par l’huile sainte était appelé hak-kohên ham-mâšîah, « prêtre d’onction, » Lev., iv, 3. La tradition juive prétend que l’huile d’onction fut perdue à la ruine du premier temple et qu’on n’en avait pas dans le second, d’où la distinction que fait la Mischna, Maccoth, 2, 6, entre le « prêtre d’onction » et le « prêtre de vêtements », hak-kohên begâdîm, consacré seulement par l’imposition des vêtements pontificaux et, pour cette raison, d’après certains, Horayoth, iii, 4 ; Megilla, i, 9 ; Gem., Nazir, 47, 2, ne pouvant offrir le taureau dont il est question, Lev., iv, 3. D’autres ont nié cette impossibilité. — 4o Les trois sacrifices. 1. Le veau pour le péché, Lev., viii, 14-17. Aaron et ses fils imposèrent les mains à cette victime, puis Moïse l’immola, répandit de son sang autour de l’autel, brûla la graisse sur l’autel et consuma hors du camp tout le reste de l’animal. Ce premier sacrifice avait pour but de rappeler à Aaron qu’il était pécheur et qu’avant d’intercéder pour les autres il avait à songer à lui-même. Hebr., v, 3. — 2. Le bélier en holocauste. Exod., viii, 18-21. Quand Aaron et ses fils eurent imposé les mains au bélier, Moïse l’immola, répandit son sang autour de l’autel et brûla l’animal tout entier. Ce sacrifice signifiait que le grand-prêtre avait à offrir les victimes qui constituaient l’élément le plus expressif du culte de Dieu et de l’anéantissement de la créature humaine devant le Créateur. Voir Holocauste. — 3. Le bélier de consécration. Lev., viii, 22-32. Après les mêmes cérémonies préalables, Moïse immola ce second bélier, prit de son sang et en marqua l’oreille droite, le pouce droit et le gros doigt du pied droit d’Aaron et de ses fils. Il prit ensuite la graisse de l’animal avec différents gâteaux et l’épaule droite, les mit dans les mains d’Aaron et de ses fils, puis les brûla sur l’autel. Il aspergea avec le sang du bélier les nouveaux consacrés et leurs vêtements et, comme il s’agissait d’un sacrifice pacifique, Moïse et Aaron prirent leur part de la victime pour la manger. Tous ces rites prescrits par le Seigneur avaient leur signification. De même que l’huile sainte, le sang de ce bélier de consécration marquait pour le service du Seigneur les oreilles, les mains, les pieds, toute la personne du grand-prêtre, et ce premier sacrifice pacifique inaugurait tous ceux du même genre qu’il aurait à offrir. — 5o Les sept jours. Lev., viii, 32-36. La consécration ne pouvait être complète qu’en sept jours. Tout ce temps, Aaron et ses fils durent demeurer à l’entrée du tabernacle et garder « les veilles du Seigneur » jour et nuit.