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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/858

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NOCES — NOD


troisième’, de minuit à trois heures du matin. Durant ce temps, le serviteur fidèle veillait à la maison afin d’accueillir son maître à sa rentrée. Luc, XII, 36-38. — 3° Deux paraboles fournissent des détails plus circonstanciés sur la célébration des noces. Un roi célèbre les noces de son fils, fait de grands préparatifs pour le festin et, à l’heure convenable, envoie ses serviteurs pour chercher les conviés. Ceux-ci refusant de venir, le roi, qui ne veut pas que ses préparatifs soient inutiles, fait remplir la salle du festin par des convives de rencontre. L’un de ces derniers n’a pas la robe nuptiale. Il est inexact de dire que cette robe était distribuée aux convives à l’entrée de la salle par les soins du maître de la maison. En pareil cas, le convive en question l’eût reçue aussi bien que les autres. L’usage de donner un vêtement aux invités n’existait pas chez les Hébreux. Les exemples cités, Gen., xli, 42 ; xlv, 22 ; IV Reg., v, 5 ; Esth., Il, 18 ; Dan., V, 7, sont des exemples se rapportant à des étrangers, et le cas de David, I Reg., xviu, 4, n’est pas applicable ici. La robe nuptiale est donc tout vêtement suffisamment décent pour la circonstance. Comme le repas avait lieu la nuit, le convive indigne est jeté dehors, par conséquent dans « les ténèbres extérieures ». Matth., xxii, 2-13. — 4° La parabole des dix vierges donne d’autres détails. Il y a là dix vierges qui vont au-devant de l’époux et de l’épouse, ou mieux au-devant de l’époux seulement, d’après la grande majorité des manuscrits grecs. Elles aeccompagnent l’épouse, avec des lampes à la main. Cinq d’entre elles, prévoyant une assez longue attente, ont seules pris avec elles une petite provision d’huile. L’époux tarde en effet et les vierges s’endorment. Au milieu de la nuit, le cortège de l’époux est annoncé ; il faut aller au-devant de lui. Cinq des vierges garnissent leurs lampes, et les autres sont obligées d’aller courir, à pareille heure, pour acheter de l’huile. L’époux arrive enfin ; tout le cortège entre dans la salle du festin, ordinairement dans la maison de l’époux, et la porte est fermée. Celles qui arrivent en retard ne sont pas reçues. Matth., xxv, 1-13. — 5° Ces coutumes sont restées en vigueur en Palestine. On y voit encore les cortèges nocturnes avec les flambeaux pour se rendre à la salle du festin ; ils sont même considérés comme la partie constitutive de la cérémonie du mariage. Cf. G. Saintine, Trois ans en Judée, Paris, 1868, p. 103-114 ; Pierotti, La Palestine actuelle dans ses rapports avec l’ancienne, Paris, 1865, p. 251-253 ; Le Camus, Noire voyage aux pays bibliques, Paris, 1894, t. ii, p. 19, 20. « Quant à la pompeextérieure, aux marches processionnelles qui accompagnent les épousailles, elles ont leur raison d’être ; c’est le désir de rendre l’union publique et évidente, d’en faire un acte notoire que puissent attester de nombreux témoins. Cela remplace nos publications. Musulmans, juifs, chrétiens de toutes les sectes n’auraient garde d’y manquer, et nos Latins sont encore moins exagérés que les autres. Ainsi chez les Arméniens non unis la cérémonie doit durer trois jours pleins. Chez les Musulmans, on fait un véritable abus de la marche en cortège. Tout le mobilier, toute la corbeille de la mariée, sont portés en pompé, article par article, sur les pas d’un joueur de musette et d’une grosse caisse. » G. Saintine^Trois ans en Judée, p. 113. Ainsi étaient portés, à la noce de Médaba, des ô10~a, c’est-à-dire des objets en grand nombre. I Mach., ix, 39. Cf. De Basterot, Le Liban, la Galilée et Rome, Paris 1869, p. 228 ; Jullien, L’Egypte, Lille, 1891, p. 268.

III. Les coutumes juives. — 1° Aux usages consacrés par les textes de la Sainte Écriture, les Hébreux en avaient ajouté quelques autres dont plusieurs étaient probablement suivis du temps de Notre-Seigneur. Bien que le fiancé et la fiancée pussent se voir, chez le père de cette dernière, durant le temps des fiançailles, ils restaient enfermés chez eux pendant les jours qui pré cédaient immédiatement le mariage. Les amis du fiancé venaient alors le visiter et se réjouir avec lui. La veille de la cérémonie, lès femmes menaient la fiancée au bain en grande pompe. Le même jour, les fiancés s’envoyaient mutuellement une ceinture de noces, à grains d’argent pour le jeune homme et à grains d’or pour la jeune fille. Les noces se célébraient le mercredi, c’est-à-dire la nuit du mardi au mercredi, quand la fiancée était vierge, et la nuit suivante, quant elle était veuve. Cf. Ketuboth, i, 1. Les noces ne se célébraient ni les jours de grandes fêtes, excepté celle des Phurim, ni les jours de fêtes moindres, ni pendant les trente-trois jours qui suivaient la Pâque, ni du 17 tammuz quin-juillet) au 9 ab quillet-août). On pouvait faire le festin nuptial l’après-midi du sabbat, mais la cérémonie des noces avait dû être terminée la veille, avant le commencement du sabbat. On mettait au front de la fiancée une couronne de myrte, cf. Kethuboth, 11, 1, et les amis de l’époux tenaient en main des rameaux de palmier. Cf. Kethuboth, xvi, 17 ; Schabbath, 110 a ; Sota, 49 b. La cérémonie s’accomplissait sur la place publique, en présence au moins de dix hommes. Durant le repas on se livrait à une grande joie. Les hommes les plus graves y prenaient part. Pour là modérer, on employait un moyen original, qui était de briser quelque vase précieux. Cf. Berackoth, 31, 1. Enfin, on conduisait la fiancée dans la chambre nuptiale, où un dais, Ps. xix (xviii), 5 ; Joël, H, 16, ou même une sorte de berceau de fleurs, appelé hûppâh, avait été préparé. Cf. Kethuboth, IV, 5. Ce dais fut aussi employé, mais sans doute à une époque postérieure, pour couvrir les fiancés sur la place publique, pendant que les assistants leur adressaient leurs vœux et que le rabbin unissait leurs mains. Les fêtes nuptiales duraient ordinairement sept jours ; mais les jours de noces étaient portés à trente, quand on tenait à faire les choses en grand. Cf. Joma, i, 1 ; Iken, Antiquitates kebraicse, Brème, 1741, p. 497601. — 2° Plusieurs de ces usages se sont longtemps conservés dans la célébration des mariages chrétiens, spécialement les fiançailles, la bénédiction des époux pendant qu’on étend un voile au-dessus de leurs têtes, et leur couronnement à la sortie de l’église. Mais cette bénédiction n’était nullement une condition de validité ; le mariage proprement dit restait indépendant du rite. Cf. Duchesne, Origines du culte chrétien, Paris, 1889, p. 413, 414.

IV. Les noces spirituelles. — Les rapports de Jésus-Christ avec son Église sont souvent décrits sous la figure de l’union conjugale. Voir Cantique des cantiques, t. ii, col. 194. Saint Paul parle des noces du Fils de Dieu avec l’Église militante, sanctifiée par la parole divine, purifiée par le baptême, glorieuse sans tache ni ride, sainte et irréprochable. Eph., v, 25-27. Saint Jean parle des noces de l’Agneau avec l’Église triomphante, parée de byssus blanc et resplendissant, qui représente les bonnes œuvres des saints. Heureux ceux qui sont appelés à prendre part au festin de ces

noces ! Apoc., xix, 7-9.

H. Lesêtre.

NOD (hébreu : tu ; Samaritain : tj, Nôd ; Septante : NacS), contrée à l’est de l’Éden où Caïn s’enfuit après avoir tué son frère Abel. Gen., iv, 16. Caïn avait dit au ꝟ. 14 qu’il serait nôd, « fugitif », et la terre où il s’est enfui est en conséquence appelée Nod. Elle est tout à fait inconnue. Bohlen y a vu l’Inde ; M. Sayce, Higher Criticism and the Monuments, in-12, Londres, 1894, p. 146, le Manda des inscriptions cunéiformes ; Knobel, Die Genesis, 2e édit., Leipzig, 1860, la Chine, etc. Saint Jérôme, dans sa traduction, n’a pas pris nôd pour un nom propre ; il en a fait un adjectif et l’a rendu ainsi : « Caïn… fugitif habita dans une contrée située à l’est de l’Éden » ou paradis terrestre. Nôd a été également rendu comme un adjectif par la paraphrase