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PÉLICAN — PÉLUSE

laquelle l’oiseau amasse une forte quantité d’eau et de poissons. Le pélican fréquente les bords des fleuves, des lacs et de la mer. Il nage avec une merveilleuse habileté et est en mesure de faire une chasse très active aux poissons qui composent sa nourriture. Le nom scientifique d’onocrotalus a été attribué au pélican à cause d’une certaine ressemblance entre son cri et le braiment de l'âne. Sur le bord du lac de Tibériade, on trouve fréquemment « le pélican, pelecanus onocrotalus, qui se tient ordinairement en troupes nombreuses de plusieurs centaines d’individus, près de l’endroit où le Jourdain forme un estuaire. Ces gros oiseaux se placent en cercles immenses sur un seul rang d'épaisseur, et, ainsi régulièrement disposés et espacés, se livrent à une pêche active, la tête toujours dirigée vers le centre du cercle. Ils sont trop sauvages pour se laisser voir de près, mais avec la longue-vue nous avons pu souvent examiner leurs manœuvres singulières.

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11. — Le pélican.

Lorsque la pêche a été fructueuse et leur poche cervicale convenablement remplie de poissons, ils se retirent au milieu des roseaux, dans quelque golfe désert, pour se livrer alors en paix au travail de la mastication et de la digestion ». Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 511. Le pélican dégorge les provisions qu’il a amassées en pressant sa mandibule inférieure contre son ventre. Il semble alors les vomir, d’où son nom hébreu de qȧʾaṭ, tiré du verbe qôʾ, « vomir. » Il agit ainsi, soit quand il est alarmé et que, pour fuir plus aisément, il se débarrasse du fardeau qui retarderait sa course, soit quand il veut donner à manger à ses petits. D’une observation incomplète de la manière dont se comporte le pélican, on a conclu qu’il s’ouvrait lui-même le ventre pour nourrir ses petits. Saint Augustin, In Ps. ci, 8, t. xxxvii, col. 1299, enregistre la légende sous la forme suivante : l’oiseau tue ses petits à coups de bec et ensuite porte leur deuil dans son nid pendant trois jours ; au bout de ce temps la mère se fait à elle-même une grave blessure et répand son sang sur ses petits, qui aussitôt reprennent la vie. Ce sang qui rend la vie serait l’image du sang du Sauveur. La légende et son application se sont généralisées au moyen âge et ont pris place dans l’iconographie chrétienne. Le pélican est alors représenté entouré de ses petits et les nourrissant au moyen d’une blessure qu’il s’est faite. Saint Thomas, dans l’hymne Adoro te, appelle Jésus-Christ « compatissant pélican » ; mais, dans le développement de cette idée, il reste fidèle à la donnée de saint Agustin et considère l’acte de l’oiseau symbolique comme destiné à purifier et à vivifier au moyen du sang et non à nourrir. — La Sainte Écriture parle du pélican pour défendre de l’employer dans l’alimentation. Lev., xi, 18 ; Deut., xiv, 17. De fait, sa chair n’est pas mangeable. Un Psalmiste, en proie à de dures épreuves, se compare au pélican du désert et au hibou des ruines. Ps. eu (ci), 7. Le pélican au repos a un air grave et mélancolique qui figure bien les apparences du chagrin. Le désert qu’il habite est naturellement situé sur le bord des eaux, puisque cet oiseau ne vit que de poisson. La présence du pélican dans des endroits précédemment habités indique que ces lieux sont devenus déserts et en ruines. Il en sera ainsi du pays d'Édom, dont les torrents seront desséchés, Is., xxxiv, 9, l, et de Ninive. Soph., ii, 14. À Ninive, les pélicans trouveront à vivre dans les eaux du Tigre. Ils sont nombreux en Égypte sur les bords du Nil et dans les marécages du Delta. En Humée, ils n’auront à leur disposition que les eaux de la mer Morte et du golfe Élanitique. Mais il faut observer qu’ici le prophète Isaïe prend Édom comme type de toutes les nations condamnées par la justice divine et attribue à leurs territoires en général les signes de désolation qui ne conviennent qu'à certains d’entre eux. Les Septante traduisent qȧʾaṭ dans Isaïe par ὄρνεον, « oiseau, » et dans Sophonie par καμαιλέον, « caméléon. »

H. Lesêtre.

PELLEGRINI Alexandre, commentateur italien, né à Matelica en 1600, mort à Rome en 1647. Il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus en 1621 et remplit diverses charges dans son Ordre. Il nous reste de lui un commentaire assez long et assez original : Evangelium secundum Matthæum paradoxis ilhtstvaium. Il comprend deux volumes parus le premier a Rome en 1638 et le second à Lorette en 1745. P. Bliard.

PÉLUSE (hébreu : Sin ; Septante : Σάϊν, Συήνη), ville d’Egypte. — I. Nom et site. — Le nom que la Vulgate rend par Péluse est Sin en hébreu. Les Septante le traduisent par Sâïv, Ezech., xxx, 15, et Συήνη, 16. Le Codex Alexandrinus porte Τάνιν au lieu de Σάϊν, le Marchalianus a Sais aux deux endroits. Cela semble indiquer que, pour les Septante, ou du moins pour les copistes des plus anciens codices, le mot Sin n’offrait rien de précis et qu’on était embarrassé pour l’identifier. Évidemment Συήνη est ici fautif : il ne traduit pas Sin, mais Sevênêh, Ezech., xxix, 10, xxx, 6, Modèle:Égyptien, Soun des Égyptiens, la ⲤⲞⲨⲀⲚ des Coptes, la Syène des Romains, l’Assouan des Arabes. Il faut en dire autant de Τάνιç qui est le nom grec de Modèle:Égyptien, Zân ou Djan, en hébreu Ṣôʿan. Ezech., xxx, 14. Cf. Is., xix, 4 ; Ps. xlvii (xlviii), 12, 43. C’est la moderne San el-Haggar. Quant à Σάϊν, ce pourrait être l’accusatif de Σάϊς, et alors nous aurions la ville de Modèle:Égyptien Sa, Saïs, aujourd’hui Sa el-Haggar, capitale de la XXVIe dynastie et située sur la branche de Rosette, dans le Delta occidental. Mais le contexte d’Ezéchiel nous interdit de songer à une pareille identification. Contre les ennemis qui doivent venir de l’Asie, Sin est désignée comme « la force » ou « le rempart de l’Égypte », xxx, 15, et cela vise de façon assez claire la frontière orientale du Delta. C’est en cet endroit qu’il nous faut la chercher. Σάϊν pourrait encore à la rigueur être un mot indéclinable et, dans ce cas, rendre tant bien que mal Sin qui relève du dialecte chaldaïque et devient Seyân dans le dialecte aramaïque. Or Sin, Seyân,