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PHUTH


pi. v, lig. 3 ; dans l’armée fédérale des. Chétas se battant contre Ramsès II. Lepsius, Denkmâler, Abth. iii, 165. Cf. Delattre, Lettres de Tell el-Amarna, 7e série, dans Proceedings of the Society of Biblical Archseology, t. xv, 1892-1893, p. 347-348, note de Wiedmann. Allant plus loin ; comme au temps des Prophètes les mercenaires de l’armée égyptienne étaient surtout des Libyens, on pourrait avancer qu’il n'était pas déraisonnable de rendre Pût par A16veç. À cela il n’y a qu’une difficulté, mais elle est capitale, c’est que la lecture peti, pâte est fautive, comme le prouvent les transcriptions assyriennes des Lettres de Tell el-Amarna : bitati, n. 72 de Berlin, lig. 27, pidati, n.102, verso lig. 59, bi-it-ta ti, n. 37 du British Muséum, lig. 47. Cf. Delattre, loc. cit. Or pidati et variantes nous donnent en égyptien pedate, pedati qui, comme formation, ne concorde pas avec Pût. Cf. W. M. Millier, art. Put, dans Cheyne-Black, Encyclopedia biblica, t. IV, col. 177. Il est donc nécessaire de nous tourner ailleurs. — Le premier, E. de Rougé attira l’attention sur un peuple que nous rencontrons dans les documents égyptiens de toutes les époques : | aa.'T..

Punt. Recherches sur les monuments qu’on peut attribuer aux six premières dynasties, 1866, p. 4-5. Il déduisait qu’on pouvait reconnaître Phuth dans le nom de Punt. Cf. Ebers, Aegypten und die Bûcher Mose’s, 1868, p. 64 ; Brugsch, Die altægyptische Voelkertafel, p. 38, 45, 51, 59, 66, dans Ve Congrès international des Orientalistes, Berlin, 1882, w partie, 1 er fasc, section africaine ; Weisbach-Beng, Die Altpersisehen Keilinschriften, 1893, p. 36-37 ; W. M. Mùller, Asien und Europa nach altâgyptischen Denknwlern, 1893, p. 115. Ce dernier auteur, art. Put, loc, cit., ajoute : « Les Égyptiens prononçaient le t après m avec un son que les Grecs rendirent par 6 (cf. $oû5 rendu constamment, non d’après l’hébreu, mais d’après la prononciation égyptienne), les Sémites par teth. Ainsi Pût est pour Pu(n)t, et cela très régulièrement. » L’opinion d’E. de Rougé est de plus en plus généralement admise aujourd’hui.

IV. Race de Punt. — Le portrait des indigènes de Punt nous a été conservé, entre autres, par le temple de Deir el-Bahari, Mariette, Deir el-Bahari, 1877, pi. 5, 13-16 ; Naville, Deir el-Bahari, t. iii, 1898, pi. lxix, lxxiv, lxxvi (XVIe Mémoire de VEgypt Exploration iund) ; par le Tombeau de Rekhmara, publié par Ph. Virey, dans Mémoires de la mission archéologique française au Caire, t. v, fasc. î, 1889, pi. îv ; par les constructions d’Horemheb à Karnak (muraille est de la Cour qui précède le dixième pylône, section comprise entre le temple d’Aménophis II et le pylône lui-même). Cf. No-Amon, t. iv, col. 1643-1644, fig. 445 a. De cette dernière représentation nous lisons, Lettre de M. Bouriant à M. Max Mûller, dans Recueil des travaux relatifs à la philologie et à l’archéologie égyptiennes et assyriennes, t. xvii, 1895, p. 41-43 : « Le mur (section de mur en question) se divise en deux parties, séparées par une porte donnant à l’extérieur de la Cour. La partie la plus méridionale, celle, par conséquent, qui est soudée directement au pylône, portait un grand tableau représentant le roi amenant à la triade thébaine un certain nombre de captifs… Sur la partie du mur située au delà de la porte, un seul peuple est représenté, mais traité en ami ; il n’est ni enchaîné ni même relié au roi par la corde traditionnelle. C’est celui de Punt, dont les chefs apportent l’or, la gomme et les plumes d’autruche. Le type de ces individus se rapproche assez du type égyptien pour faire croire à une commune origine ; dans tous les cas les chairs sont rouges, on peut encore le constater, et le vêtement n’est pas autre chose que celui des Égyptiens. Détail curieux à signaler : les chefs ne portent

pas l'épifhète de ;

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-w__ (khesi, « vils » ) dont on est si

prodigue envers les autres. » Sur la représentation du tombeau de Rekhmara, il faut faire les mêmes remarques : les gens de Punt viennent en amis, leurs traits sont ceux des Égyptiens, leurs produits, or, gommes résineuses, œufs et plumes d’autruche, ivoire, arbre à encens, la boswellia Carteri, singes et guépard, « presque tout ce que l’on y voit rappelle l’Afrique bien plus que l’Arabie ; et si quelques traits peuvent s’appliquer à cette dernière contrée, ils lui sont communs avec les terres extrêmes du continent africain. » Hamy, Etude sur les peintures ethniques d’un tombeau thébain de la XVIIIe dynastie, p. 21, tirage à part du Bulletin de la Société anthropologique de Paris, X. x. La représentation de Deir el-Bahari est de toutes la plus caractéristique, malgré ses mutilations. Il s’agit d’une expédition pacifique envoyée à Punt par la reine Hatchepsou. Cf. Naville, loc. cit., p. 11-21. En substance, Naville observe que la flottille égyptienne débarque sur une terre africaine. Les huttes des indigènes, arrondies et surmontées d’un toit conique, sont bâties sur pilotis, crainte des fauves et peut-être de l’inondation. Une échelle y donne accès. Elles ne diffèrent point des huttes qu’on retrouve aujourd’hui dans l’Afrique centrale. La faune du pays ne comporte que des espèces africaines : bœufs à cornes courtes, bœufs à cornes longues et recourbées, que de nos jours encore on exporte du Soudan en Egypte ; girafes, chiens blancs aux longues oreilles pendantes, cynocéphales, singes verts, peaux de panthère, hippopotames. Bien africains aussi sont les arbres à encens ou à myrrhe, les ébéniers, l’or et l’antimoine. Les habitants sont plus significatifs encore. On remarque parmi eux trois types : deux sortes de nègres et les gens de Punt proprement dits. Des nègres, les uns ont la peau noire, et sont probable. ment venus de l’intérieur pour leur commerce ; les autres ont la peau bronzée ou rougeâtre, différents des premiers par leur visage ovale, leur nez fin et droit ou d’une courbe légère, leurs attaches délicates, leurs cheveux frisés, tenant le milieu entre les boucles des Arabes et la laine crépue des Noirs, tous traits que Deniker, The races of Man, p. 438, regarde comme le lot de la race éthiopienne, dont les Gallas, avec leurs épaules larges et leur tronc en forme de cône renversé sur des hanches peu développées, sont le meilleur spécimen. Quant aux gens de Punt, ils ont la peau carminée, la taille élancée et bien prise, le nez aquilin, la barbe longue et terminée en pointe, la chevelure blonde qui s'étage en petites mèches ou se divise en nattes soignées. Leur costume est fait d’un simple pagne. Si la femme du chef est difforme, si la fille est en voie de le devenir, c’est un genre de beauté toujours apprécié dans les régions du Haut-Nil. Cf. Speke, Les sources du Nil, édition française, 1865, p. 183 ; Schweinfurth, Au cœur de l’Afrique, édition française, 1875, t. i, p. 282. En tout, les gens de Punt apparaissent comme des Chamites, appartenant à la race rouge dont les Égyptiens sont une autre branche. C’est donc à tort que Lepsius, Xubische Grammatik, £inleitung, p. xcvi, et, après lui, Glaser, Punt und die sudarabische Race, p. 66, ont voulu en faire des Phéniciens qui fondèrent plus tard la colonie de Carthage. On rapproche ainsi les noms : Puna, Phuna, Phœnix (<t><jcvilj), Posni, Puni. Mais Puna, pour Punt, est une lecture incorrecte. En outre, l’adjectif latin punicus est dérivé du nom Pœnus, qui est l'équivalent exact de *oïvt£. Or, entre "ÊoïviÇ et Punt, il n’y a ni ressemblance ni rapport d’aucune sorte. La vocalisation gréco-romaine « Êoivtxsi ; -Pœni repousse toute équivalence entre Vu ou plutôt le xv de Punt et Vu de Puni. Cf. Ed. Meyer, Geschichte des Alterthums, 1884-1902, t. i, p. 216 ; Bissing, Geschichte Aegyplens in Vmriss, 1904, p. 45.