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PENTATEUQUE


pour écrire fout ce qu’il [a écrit. Fauslin, De Trinitate, c. i, 5-7, t. xiii, col. 41, 42, attribue à Moïse le début de la Genèse, et fait des emprunts aux livres de Moïse. Saint Hilaire de Poitiers, De Trinitate, i, 5, t. x, col. 28, parle des livres, qucs a Moyse alque prophetislscriptos esse Hebrxorum religio Iradebat. Saint Chrysostome, In Gen., hom. ii, 2-3, t. lui, col. 27, 28, reconnaissait dans le début de la Genèse les paroles du bienheureux Moïse qui, pour se faire comprendre des Juifs, parlait, comme plus tard saint Paul, un langage grossier. Il attribuait aussi à Moïse le récit du déluge et il expliquait comment cet écrivain n’a rien dit des soixante-dix premières années de Noé. Ad Stagirium a dsemone vexalum, ii, 6, t. xlvii, col. 457. Saint Jérôme dit expressément que le Pentateuque est de Moïse. Prsefalio in lib. Josue, t. xxviii, col. 461 ; Prologus galeaius, ïbid., col. 548. Il énumère les cinq livres : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome comme étant de Moïse ainsi que les onze Psaumes lxxxixxcix. Epist. cxl, 2, t. xxii, col. 1167. La parole souvent citée contre l’authenticité du Pentateuque : Sive Moysen dicere volueris auctorem Pentateuchi, sive Esdram ejusdem instauralorem operis non recuso (De perpétua virginitate B. Mariai liber advenus Helvidium, n. 7, t. xxiii, col. 199), ne concerne pas le livre entier, mais seulement la glose : usque in hodiernum diem, Gen., xxxv, 4 ; Deut., xxxiv, 6 (selon les Septante), que le saint docteur refuse de rapporter soit à Moïse soit à Esdras. Saint Augustin voit les cinq livres de Moïse figurés par les cinq pierres que David choisit dans le torrent pour en armer sa fronde, Serm., "xxxi, c. s, ii, t. xxxro, col. 198, 199, et dans les cinq portiques de la piscine de Bethsaïde. Serm., cxxiv, c. iii, ibid., col. 687. Il enseigne que le récit de la création, dont le sens l’a préoccupé durant toute sa vie, a été écrit par Moïse. Conf., xi, 3 ; xii, 14, 30, t. xxxii, col. 811, 832, 843 ; De Gen. ad lit., VIII, iii, 7 ; IX, xili, 23, t. xxxiv, col. 375, 402 ; Decivitate Dei, XI, IV, 1, t. xli, col. 319. Théodore de Mopsueste tient Moïse pour l’auteur de la Genèse. Sachau, Theodori Mopsuesleni fragmenta syriaca, Leipzig, 1869, p. 8, 9. Cf. Kihn, Theodor von Mopsuestia und Junilius Africanus als Exegelen, Fribourg-en-Brisgau, 1880, p. 98. Saint Cyrille d’Alexandrie, Cont. Julian., i, t. lxxvi, col. 524-525, prouve que Moïse a précédé tous les sages de la Grèce qui l’ont connu et estimé, et il explique que le contenu de ses récits est admirable, parce que l'écrivain était inspiré de Dieu. Saint Isidore de Péluse, Epist., . IV, epist. CLxxvi, t. lxxviii, col. 1268, explique pourquoi Moïse a fait précéder sa législation d’un récit historique. Théodoret, In Malach., arg., t. lxxxi, col. 1960, .déclare que Moïse, le grand législateur, est le premier qui nous ait laissé par écrit des oracles divins. Procope de Gaza, In Gen., prolog., t. lxxxvii, col. 24, affirme que le livre qu’il entreprend de commenter est de Moïse. Les explications qu’il donne montrent bien qu’il regardait la législation, contenue dans les livres du milieu, comme rédigée par cet écrivain. D’ailleurs, il déclare expressément que le Deutéronome, résumé des livres précédents, est de la main de Moïse. In Deut-, ibid., col., 893-894. Junilius, De partibus divinse legis, 1. I, c. viii, t. lxviii, col. 28 ; cf. Kihn, op. cit., p. 480, sait, ex traditione veterum, que Moïse a écrit les cinq premiers livres historiques de l’Ancien Testament, bien que leurs titres ne contiennent pas son nom, et que lui-même ne dise pas : Dixit Doniinus ad me, mais, comme s’il parlait d’un autre : Dixit Dominus ad Moysen. De son côté, saint Isidore de Séville est très explicite dans les attributions du Pentateuque à Moïse. Eîym., ~Vl, i, 4 ; ii, l, t. lxxxii, col. 229, 230. Il indique même le temps mis par Moïse à rédiger le Deutéronome. Quœst. in V. T., in Deut., i, 2, t. lxxxiii, col. 359. Il est inutile de multiplier les citations. On a conti nué dans l'Église à admettre l’authenticité mosaïque du Pentateuque. Pour le moyen âge et les temps modernes, voir Hoberg, Moses und der Pentaleuch, p. 7273. Personne jusqu’au xvi c et au XVIIe siècle n’a émis le moindre doute à ce sujet. Nous exposerons plus loin les doutes et les négations des critiques modernes. La masse des exégètes et des théologiens catholiques aussi bien que des fidèles est demeurée attachée à l’ancienne tradition, et aujourd’hui encore, nonobstant le travail de la critique, admet l’authenticité mosaïque du Pentateuque. L’enseignement traditionnel a été véritablement unanime, ininterrompu et perpétuel dans l'Église catholique.

4° Critères internes ou caractères mosaïques du Pentateuque. — Ils sont tirés du fond même ou de la forme littéraire du livre. Par eux-mêmes, ils sont insuffisants à prouver l’authenticité mosaïque du Pentateuque, mais ils confirment la tradition juive et chrétienne. — 1. Caractères mosaïques du fond. — a) L’auteur du Pentateuque connaît exactement les choses d’Egypte. — Bien que les nombreux documents hiéroglyphiques de l’ancienne Egypte, déchiffrés récemment, ne fournissent aucune preuve directe des faits racontés par Moïse dans l’histoire de Joseph, la venue des Israélites en Egypte, leur séjour au pays de Gessen, leur oppression et leur exode, ils donnent cependant des preuves indirectes de la vraisemblance et de l’exactitude des récits qui rapportent ces événements. Sur le voyage d’Abraham en Egypte, voir F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6 9 édit., Paris, 1896, t. i, p. 453-480 ; pour l’histoire de Joseph, voir op. cit., t. ii, p. 1-213 ; Echanson, t. ii, col. 15581559 ; Joseph, t. iii, col. 1657-1669 ; pour le séjour des Israélites en Egypte, leur oppression et leur exode, voir op. cit., t. ii, p. 215-439 ; Brique, t. i, col. 1931-1934 ; Gessen, t. iii, col. 218-221 ; Corvée, t. ii, col. 1030-1031. Les plaies d’Egypte, sans perdre leur caractère miraculeux, sont conformes aux phénomènes naturels de la contrée et sont des maux propres au pays. La couleur égyptienne de ces récils est indéniable. Or, elle ne prouve pas seulement leur véracité ; elle montre aussi, au moins indirectement, leur aulhenticité mosaïque, Tous les détails sont si exacts, si égyptiens, qu’ils n’ont pu être inventés après coup, qu’ils ont dû plutôt être relatés par un Israélite qui, comme Moïse, avait été élevé en Egypte, La tradition, eût-elle reçu dès l’origine une forte empreinte égyptienne, aurait perdu de sa fraîcheur et de son coloris, si elle avait été conservée longtemps dans la mémoire du peuple avant d'être consignée par écrit. Un rédacteur postérieur, fût-il bien au courant de la situation particulière de l’Egypte, de ses usages et de ses coutumes, n’aurait pu rendre sa narration aussi conforme, dans les plus petits détails, à la réalité historique que les découvertes égyptologiques nous ont révélée. Seul, un Israélite, ayant vécu longtemps en Egypte, a été capable de donner au récit l’exactitude minutieuse qu’on y constate.

Les critiques modernes ne contestent guère cette couleur égyptienne des récits, et ils reconnaissent que l’auteur du document qu’ils appellent élohiste était très au courant des choses égyptiennes. Il reproduit deux mots égyptiens fortement sémitisés : abrek, voir t. i, col. 90-91, et sâfenat pa’enêah, nom égyptien donné à Joseph. Gen., xli, 43, 45. Il nomme Putiphar, Gen., xxxvii, 36, etc., Séphora et Phua, les sages-femmes égyptiennes, Exod., i, 15, les villes de Phithom et de Ramessès, Exod., i, 11, et la mer Rouge. Exod., xiir, 18 ; xv, 22. Il connaît exactement la constitution de l’armée égyptienne. Exod., xiv, 7. Paul de Lagarde et Steindorff s’appuyaient sur une interprétation contestable du nom égyptien de Joseph, du nom de saJemnae Aseneth et de celui de Putiphar pour rapporter l’histoire de Joseph dans le document élohiste à l'époque