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PENTATEUQUE


leur vendre, selon les cas, les bêtes mortes. Enfin, l’Israélite qui aura manqué à cette prescription n’aura encouru qu’une impureté légale que l’ablution fera disparaître. Les ordonnances différentes visent des cas différents et ne constituent pas des codes successifs.

f) Loi sur les esclaves. — Selon le livre de l’alliance, l’esclave hébreu ne peut être acheté que pour six années ; il est nécessairement libéré pour la septième ; et s’il veut se lier à perpétuité, une cérémonie spéciale doit le constater. Exod., xxi, 2-6. Le Deutéronome, xv, 12-18, reproduit cette loi, mais l’explique, . en obligeant le maître à faire des présents à l’esclave libéré et en spécifiant que ces dispositions s’appliquent à la femme esclave. La loi nouvelle du prétendu code sacerdotal, Lev., xxv, 39-46, ne fixe qu’un cas particulier. En déterminant les privilèges de l’année du jubilé, elle règle que, cette année-là survenant, tout esclave hébreu est libéré, même si les six années de son engagement ne sont pas révolus. Voir t. iii, col. 17501854. Jérémie, xxxiv, 8-22, annonce seulement la punition encourue par la violation d’une loi de libération, imposée après la délivrance de la servitude d’Egypte. Voir t. ii, col. 1921-1923.

4. Arguments philologiques invoqués en faveur de la diversité des documents. — Nous ne reviendrons pas sur la diversité des noms divins, Élohim et Jéhovah, qui a servi de point de départ à la distinction des documents élohiste et jéhoviste. Elle a perdu beaucoup de son importance. première et elle n’est plus aujourd’hui pour les critiques qu’un des nombreux exemples de la variété du vocabulaire des écrivains qui ont rédigé les sources de l’Hexateuque. Voir d’ailleurs Élohim, t. ii, col. 1701-1703, et Jéhovah, t. iii, col. 1230-1234. Au sentiment des critiques, chaque document a ses expressions propres, ses tournures spéciales et son style distinctif. Voir E. Mangenot, L’authenticité mosaïque du Pentateuque, Paris, 1907, p. 56-58, 85-87, 111-115, 144-147. Mais il importe de remarquer par quelle méthode on les a déterminés. On a choisi un certain nombre de morceaux qui présentaient des différences de langue plus marquées ; on a étudié leurs particularités lexicographiques et grammaticales, et on a discerné ainsi les termes soi-disant caractéristiques, qui ont servi à reconnaître les autres morceaux appartenant à la même source. Le procédé a paru quelque peu arbitraire. On range dans une série tous les passages qui présentent les mêmes caractères linguistiques et dans une autre ceux qui ont d’autres caractères. Les deux séries sont par suite différentes. Mais, on ne tient pas compte d’un nombre plus considérable d’expressions communes, employées partout. Quant à l’appréciation des expressions dites caractéristiques, il faudrait considérer la diversité des matières et du genre littéraire. Un code législatif ne se rédige pas dans les mêmes termes qu’un récit historique ou qu’un discours parénétique. La Genèse et les parties narratives des livres du milieu sont naturellement différentes de la législation. Le législateur n’emploie pas les mêmes mots qu’un historien ou un prédicateur. Ainsi, il n’est pas étonnant que la législation mosaïque ait des termes techniques, concernant les choses du culte, qui ne se retrouvent pas ailleurs. On peut admettre toutes les particularités de vocabulaire et de style, remarquées dans le Deutéronome, sans qu’elles prouvent que les discours, qui composent ce livre, n’ont pas été rédigés par Moïse lui-même. Le genre littéraire choisi et le ton parénétique exigeaient ces différences. Cf. P. Martin, Introduction à la critique générale de l’A. T., Paris, 1886-1887 (lithog.), t. i, p. 576-604. Les critiques ont renoncé à démontrer la modernité du code sacerdotal par sa langue propre ; l'étude de cette langue apprend comment l’auteur écrivait, elle n’indique pas la date du livre. Du reste, la diversité du style s’explique tout na turellement dans l’hypothèse que, pour composer le Pentateuqup, Moïse a employé différents secrétaires ou scribes écrivant sous sa direction. Chacun d’eux avait son style propre, et la diversité du langage n’est pas surprenante dans une œuvre à laquelle plusieurs mains ont collaboré. Pour la Genèse en particulier, certaines particularités de style et de lexique peuvent aussi provenir des sources utilisées et reproduites sans retouches. Enfin, le texte hébreu actuel ne représente pas absolument l’original ; il a pu être remanié, et toutes les particularités linguistiques ne peuvent fournir un argument certain de la prétendue diversité des documents. Cf. F. de Hummelauer, Beuteronomium, Paris, 1901, p. 138-144. Ainsi expliqué, l’argument philologique, qui ne prouve rien à lui seul, perd toute sa force probante en faveur de la distinction des sources du Pentateuque.

L’authenticité mosaïque du Pentateuque a été soutenue par de nombreux critiques et défendue contre les attaques des adversaires. Nous signalerons en terminant les principaux ouvrages ou articles consacrés à cette démonstration ou à la polémique avec les critiques allemands : Hengstenberg, Die Bûcher Moses und Aegypten, Berlin, 1841 ; AV. Smith, The Book of Moses or the Pentateuch in ils authorship, credibility and civilisation, 2 in-8°, Londres, 1868 ; Gh. Schœbel, Démonstration de l’authenticité du Deutéronome, Paris, 1868 ; Démonstration de l’authenticité mosaïque du Lévitique et des Nombres, Paris, 1869 ; Démonstration de ï 'authenticité "mosaïque de l’Exode, Paris, 1871 ; Démonstration de l’authenticité de la Genèse, Paris, 1873 ; Le Moïse historique et la rédaction mosaïque du Pentateuque, Paris, 1875 (ces travaux ont paru d’abord en articles dans les Annales de philosophie chrétienne, 1867-1875) ; Knabenbauer, Der Pentateuch und die unglàubige Bibelkritik, dans Stimmen aus Maria-Laacli, 1873, t, iv ; Bredenkamp, Gesetz und Prop/ieten, Erlangen, 1881 ; C. Elliot, Vindicalion of the Mosaic authorship of the Pentateuch, Cincinnati, 1884 ; E. C. Bissel, The Pentateuch, ils origin and structure, New-York, 1885 ; F. Vigouroux, Manuel biblique, 12e édit., Paris, 1906, t. ï, p. 397-478 ; Les Livres Saints et la critique rationaliste, Paris, 1902, t. iii, p. 1-226 ; t. iv, p. 239253 ; 405-415 ; Ubaldi, Introductio in Sacram Scripluram, 2e édit., Rome, 1882, t. ï, p. 452-509 ; R. Cornely, Introductio specialis in historicos V. T. libros, Paris, 1887, p. 19-160 ; J. P.P. Martin, Introduction à la critique générale de VA. T. De l’origine du Pentateuque, 3 in-4°, Paris, 1886-1889 (lithog.) ; G. Vos, Mosaic origin of the Pentateuchal codes, Londres, 1886 ; YV. II. Green, Moses and the Prophels, New-York, 1883 ; The Hebrew Feasts, New-York, 1885 ; The Pentateuchal question, dans Mosaica, Chicago, 1889-1892, t. v-xm ; The higher Crilicism of tlie Pentateuch, New-York, 1895 ; The unily of Uie book of Genesis, NewYork, 1895 ; cardinal Meignan. De l'Éden à Muïse, Paris, 1895, p. 1-88 ; Lex mosaica, or the Lan : of Moses and the higher crilicism (Essais de Sayce, Rawlinson, Trench, Lias, Wace, etc.), Londres, 1894 ; Baxter. Sanctuary and sacrifice, Londres, 1896 ; Ed. Bôhl, Zum Gesetz und zum Zeugniss, Alenne, 1883 ; A. Zahn, Ernste Blicke in den Wahn der nwdeiiien Kritïk des A. T., Gûtersloh, 1893 ; Das Deuteronomium, 1890 : lsrælïtische und jiidische Geschichte, 1895 ; Ed. Rupprecht, Die Anschauung der krit.Schule Wellhausen’s vom Pentateuch, Leipzig, 1893 ; Vas Râlhsel des FûnfbuehesMose und seine falsche Lôsung, Gûtersloh, 1894 ; Das Râthsels Lôsung oder Beitrage zur richligen Losung des Pentaleuchrût hsels, 3 vol., 1897 ; Die Kritik nach ihrem Rechl und Unrecht, 1897 ; abbé de Broglie, Questions bibliques, édit. Piat, Paris, 1897, p. 89-169 ; J. B. Pelt, Histoire de l’A. T., 3= édit., Paris, 1901, 1. 1, p. 291-326 ; J. Kiev, Die Pentateuchfrage. lhre Ge-