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PENTATEUQUE

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schichte undihre Système, Munster, 1903 ; J. Thomas, The organic wiily of the Penlateuch, Londres, 1904 ; G. H. Rouse, The Old Testament in New Testament light, Londres, 1905 ; H. A. Redpath, Modem criticism and the book of Genesis, Londres, 1905 ; G. Hoberg, Moses und der Pentateuch, Fribourg-en-Brisgau, 1905 ; H. 51. Wiener, Studies in biblical Law, Londres, 1904 ; J. Orr, The problem of the Old Testament considered u'îtft référence to récent criticism, Londres, 1906. Cf. H. Hopfl, Die hbhere Bibelkritik, Paderborn, 1902, p. 1-96.

III. NOTE THÉOLOGIQUE DE L’AUTHENTICITÉ MOSAÏQUE du pentateuque. — L’authenticité mosaïque du Pentateuque reposant principalement sur le témoignage des écrivains inspirés, sur la parole de JésusChrist et des Apôtres et sur la tradition catholique, il y a lieu de se demander si, étant affirmée par l'Écriture et la tradition ecclésiastique, elle rentre dans le domaine de la révélation divine, ou bien si, n'étant pas formellement enseignée par Dieu aux hommes, elle n’a pas été révélée et par suite peut librement être discutée par les catholiques et abandonnée sans détriment pour la foi qui ne sera pas en cause.

Depuis 1887, un certain nombre d’exégètes et de critiques catholiques, prêtres séculiers ou religieux, avaient exprimé publiquement, avec la tolérance de leurs supérieurs et sans avoir été, avant 1906, blâmés ou repris par l’autorité ecclésiastique, que la thèse de l’authenticité mosaïque du Pentateuque ne s’imposait pas à la foi des chrétiens et pouvait être librement débattue ou contestée, parce qu’elle ne faisait pas partie de la révélation divine. À leur sentiment, l’origine mosaïque du Pentateuque n’est pas formellement révélée dans l'Écriture ni enseignée par l'Église comme certaine.

Les théologiens qui n’admettent pas ce sentiment ne sont pas cependant d’accord entre eux. Pour les uns, l’authenticité mosaïque du Pentateuque, bien que n'étant pas explicitement révélée, l’est implicitement et formellement, exprimée qu’elle est dans la révélation en termes équivalents, puisqu’elle se tire des formules révélées par simple explication et sans qu’il soit besoin de recourir à une déduction proprement dite. La négation de cette vérité serait donc une erreur, et la contradictoire serait erronea in fiole. Méchineau, L’origine mosaïque du Pentateuque, p. 34. Pour les autres, l’authenticité mosaïque du Pentateuque est seulement une vérité certaine (theologice certa), parce qu’elle se déduit nécessairement des textes bibliques et parce que la tradition catholique appuie et confirme cette conclusion. Elle n’est énoncée dans la révélation que virtuellement ; on l’en tire par déduction ou raisonnement. Par suite, conformément à l’enseignement commun des théologiens, elle ne s’imposerait pas à l’adhésion comme de foi divine. Mais rattachée à la révélation, enseignée par l'Église, dans son magistère ordinaire, elle est certaine théologiquement, et sa négation pourrait être dite erronée, ou au moins téméraire ; elle ne serait pas hérétique, puisqu’elle n’a pas été jusqu’ici condamnée expressément comme telle par l'Église. J. Brucker, Authenticité des livres de Moïse, dans les Études, mars 1888, p. 327. Cf. ibid., janvier 1897, p. 122-123 ; E. Mangenot, L’authenticité mosaïque du Pentateuque, p. 267-310.

IV. Texte. — Le texte original de.Moïse ne nous est pas parvenu dans toute sa pureté première, il a subi des retouches de diverse nature. Voir plus haut, col. 63. La seule comparaison du texte massorétique avec le Pentateuque samaritain et la version des Septante suffirait à le démontrer. On sait que ces trois recensions présentent entre elles des différences nombreuses. Les plus saillantes concernent les chiffres de l'âge des patriarches antédiluviens, Gen., v, 1-31, et postdiluviens, 1

Gen., XI, 10-26 ; elles ont donné lieu à trois chronologies différentes de l’histoire primitive, sans qu’il soit possible de déterminer laquelle des trois se rapproche le plus de l’original. Voir Chronologie, t. ii, col. 721724. Mais les nombres ne sont pas seuls divergents dans ces trois recensions. Le Pentateuque samaritain contient, en outre, des additions et des modifications, dont les trois plus célèbres substituent Garizim à Hébal. Exod., xx, 17 ; v, 21 ; xxvii, 4, 5. Voir t. iii, col. 461 ; t. iv, col. 1270, 1274. Or, on ne peut décider si ce sont des interpolations faites par les Samaritains dans l’intention d’autoriser le culte célébré à leur temple de Garizim, ou si les Juifs auraient changé Garizim en Hébal, Deut., xi, 29, dans un but polémique. B. Kennicott, The State of the printed hebrew Text of the Old Testament considered, 1753-1759, t. i, p. 21-117, a donné la préférence au texte samaritain ; mais Gesenius, De Pentateuchi samaritani origine, indole, auctoritate, Halle, 1815, le croyait plus altéré que le texte hébreu et rejetait en bloc toutes ses leçons propres. Cependant le Pentateuque samaritain a probablement quelques bonnes leçons. Il a, du reste, des rapports étroits avec le texte grec des Septante et tous deux représentent certainement un texte hébreu ancien et différent du texte massorétique ; ce qui s’expliquerait si le texte samaritain ne remontait guère plus haut que l'époque d’Alexandre le Grand, quand les Samaritains, ayant rompu définitivement avec les Juifs, organisèrent leur culte sur le mont Garizim. Voir Garizim, t. iii, col. 111-112. Cf. L. Gautier, Introduction, t. ii, p. 556-557. De son côté, la version des Septante, comparativement au texte massorétique, présente des additions, des omissions, des transpositions, des lectures différentes, qui ne sont pas toutes le fait des traducteurs, mais qui proviennent souvent de l'état antérieur du texte hébreu. Voir Swete, An Introduction to the OUI Testament in Greek, Cambridge, 1900, p. 234-236, 243, 442, 446. Enfin, le texte massorétique, quoique traditionnel dans sa vocalisation, ne représente pas absolument l’original ; il a reproduit, du reste, dans les hèri un certain nombre de variantes antérieures, voir t. iv, col. 856, 858, et il conserve dans sa teneur actuelle des indices d’altération, par exemple, Deut., x, 6, voir MoSéb A, ibid., col. 1318 ; Exod., xi, 3, et des transpositions, comme Exod., xxx, 1-10, qui devrait être plutôt après Exod., xxvi, 35. De cet état des trois recensions, il faut conclure que le texte du Pentateuque a subi, au cours séculaire de sa transmission, des retouches et des altérations. Or, celles-ci ne semblent pas être exclusivement l'œuvre des copistes, mais parfois de reviseurs. Nous n’avons donc plus le texte du Pentateuque dans sa pureté complète ; il nous est parvenu remanié, retouché dans des détails qui, sans atteindre à la substance du fond, permettent aux critiques modernes de reconnaître dans le texte actuel des gloses et des modifications. P. Martin, Introduction à la critique générale de VA. T., Paris, 1886-1887 (lithog.), t. î, p. 17-129 ; J. Brucker, Authenticité des livres de Moïse, dans les Études, 1888, t. xlix, p. 332-338.

V. Style. — Le style du Pentateuque, nous l’avons déjà remarqué, n’est pas uniforme, et il n’y a en cela rien de surprenant si, comme il est légitime de le supposer, Moïse a reproduit des documents antérieurs et a pu confier à des secrétaires la rédaction d’une partie de son œuvre.

On peut distinguer dans ce livre, sous le rapport du style, trois sortes de passages. Il y a d’abord des tableaux statistiques et des recueils de lois, qui n’exigent que de l’exactitude et de la précision. On ne reprochera pas à l'écrivain la sécheresse des généalogies, de la table ethnographique, de la liste des stations du désert, et autres morceaux analogues. Pareillement, les lois étaient formulées en termes juridiques, clairs, précis,