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PÉRÉE — PERGAME

l'élément occidental ou japhétique. Pella de Pérée, comme son homonyme d’Apamée, doit sans doute son origine à des soldats de l’armée d’Alexandre qui, s'étant arrêtés au pied des monts de Galaad, et non loin au nord du Carith (ouadi Yâbis), avaient voulu donner à leur ville le nom de la patrie de leur maître. Elle aurait pour fondateur, ainsi que Dion, s’il faut en croire Etienne de Byzance, Alexandre lui-même (332 avant J.-C). Cf. Reland, Palæstina, p. 736-737. Les autres villes de la Décapole dont les noms sémitiques indiquent une origine plus ancienne durent être relevées ou agrandies et embellies, pour recevoir des colonies de même genre. Vers la même époque, les Juifs trop à l'étroit dans la Judée étaient revenus dans cette Transjordane que leur avait donnée Moïse. Devant la fureur des autres populations toutes païennes, les Machabées avaient dû ramener leurs frères dans la terre de Juda, I Mach., v, 45. Après les conquêtes, en cette région, de Jean Hyrcan (135-107), d’Alexandre Jannée (106-39) et de son fils Hyrcan (79-40), les Juifs s'établirent de nouveau dans un grand nombre de villes de la Pérée où se trouvaient des Syriens et en relevèrent un grand nombre d’autres qui avaient été ruinées. Josèphe, Ant. jud., XIII, 4. De gré ou de force, une multitude de païens embrassèrent alors la religion des Juifs. Cf. Ant. jud., XIII, xv, 4 ; Bell. jud., II, xviii, 1. Pompée, en 63, soustrait Gadara, Pella, Dion à la domination des Juifs et déclare leurs habitants autonomes. Ant. jud., XIV, iv, 2, 4. C'était sans doute le même motif qui détermina plus tard Auguste, après la mort d’Hérode (404), à enlever Gadara à Hérode Antipas (4-39), et à la rattacher à la Syrie, parce que cette ville était « grecque ». Ant., XVII, xi, 4. Elles étaient toutefois plus grecques, par leur caractère extérieur et la religion, que par le nombre de leurs habitants hellènes, puisque l’historien, Ant., XIII, xv, 4, nomme Gadara même une ville « de Syrie » et qu’au commencement des troubles de Judée (61), les Juifs se jettent sur elle pour venger, par le massacre des Syriens, leurs frères traités de même à Césarée. Bell, jud., II, xviii, 1. — Telle était la population de la Pérée quand le Christ commença la prédication de l'Évangile. Les foules qui accouraient de là et de la Décapole pour l’entendre étaient, sans doute, pour le plus grand nombre, des Juifs de la région et « des judaïsants » ou convertis. Voir Reland, Palæstina, Utrecht, 1714, p. 197-200. Cf. Décapole, t. ii, col. 1333-1336 ; Galaad, t. iii, col. 45-59 ; Moab, t. iv, col. 1138-1178.

L. Heidet.

PEREIRA DE FIGUEIREDO Antonio, théologien portugais né au bourg de Macao, le 14 février 1725, mort à Lisbonne, le 14 août 1797. Il fit ses études au collège des Jésuites à VillaViçosa et entra en 1744 à l’Oratoire de Lisbonne, où il enseigna la grammaire (1752), la rhétorique (1755), et la théologie (1761). Dans le conflit qui s'éleva entre le Portugal et le Saint-Siège il défendit d’abord l'Église, mais Pombal le gagna à sa cause et le combla d’honneurs. Il quitta l’habit religieux et attaqua violemment le Pape et les doctrines romaines dans une foule de publications. Nous n’avons à mentionner parmi ses écrits que sa traduction des Écritures : O Velho e Novo Testamento em Portuguez, 23 in-8°, Lisbonne, 1778-1790. Les notes qu’il a jointes à sa version ne sont pas toujours orthodoxes. Voir Portugaises (Versions) de la Bible.


PEREYRA Benoît, exégète espagnol, né vers 1535, près de Valence, mort à Rome le 6 mars 1610. Il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus en 1552, professa longtemps la philosophie, la théologie et l'Écriture Sainte et "se fit une grande réputation par son savoir et son érudition. Nous lui devons : 1° Un long commentaire et diverses dissertations sur la Genèse, en 4 in-f° : Ben. Pererii, Valentini, commentariorum et disputationum in Genesim tomi quatuor. Cet ouvrage d’abord imprimé à Rome, 1591-1595, le fut ensuite plusieurs fois à Lyon et à Cologne. — 2° Un commentaire sur Daniel, en 16 livres, dédié au cardinal Caraffa, in-f°, Rome, 1587 : Ben. Pererii, Valentini, commentariorum in Danielem prophetam libri sexdeeim. Il fut réimprimé à Lyon l’année suivante, à Anvers en 1594. Les éditions de Trêves (1618 et 1625) ne donnent que la 4e partie de ce travail. — 3° Des Dissertations considérables sur l’Exode, Ingolstadt, in-4°, 1601 ; Lyon, 1602 et 1607 ; sur l'Évangile de S. Jean, Lyon, in-4°, 1608 et 1610 ; sur l’Apocalypse, Lyon, in-4°, 1606 ; Venise, in-8°, 1607 ; sur YÉpître aux Romains, Ingolstadt, in-4°, 1603 ; Lyon, 1604 ; Ben. Pererii, Valentini selectarum disputationum in Sacram Scripturam tomi quatuor. Ses autres ouvrages d’exégèse restés manuscrits sont : 1° In B. Matthæi et B. Lucæ Evangelia commentarii ; 2° Passio secundum IV Evangelistas explicata ; 3° Explicatio aliquot capitum S. Evangelii secundum Matthæum et Lucam ; 4° Prolegomena in Epistolam Divi Pauli ad Romanos ; 5° Expositio Evangelii S. Joannis ; 6° Diverses dissertations sur des points spéciaux.

P. Bliard.


PEREZ DE VALENCE Jacques, théologien espagnol, né à Ayora, diocèse d’Orihuela, mort en 1490 ou 1491. Religieux augustin, il occupa les premières charges de son ordre avant de devenir évêque de Chrysopolis et suffragant de Frédéric Borgia, cardinal de Valence, plus tard pape sous le nom d’Alexandre VI. On a publié de Jacques Perez : Expositio in caput iii Threnorum, in-f°, Paris, 1482 ; Centum et quinquaginta Psalmi cum diligentissima etiam titulorum omnium expositione, in-f°, Valence, 1484 ; Expositio in Cantica canticorum, in-f°, Venise, 1498 ; Expositio in Exodum, in-f°, Paris, 1533. — Voir N. Antonio, Biblioth. Hispana vetus, t. i, p. 329.

B. Heurtebize.


PERGAME (grec : τὸ Πέργαμον, ἡ Πέργαμος ; ce nom n’apparaissant qu’au datif et à l’accusatif dans le Nouveau Testament, sans article, on ignore quel genre lui attribuait l'écrivain sacré), ancienne capitale de la Mysie, dans le district de Teuthranie, région accidentée et montagneuse ; puis métropole de la province romaine de l’Asia propria, en Asie Mineure. Aujourd’hui, Bergamo ou Bergama (fig. 19).

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19. — Monnaie de Pergame.

Têtes affrontées de Tibère et de Livie. CEBACTOI EΠΙ ΠETP[O NIOY].— q. ΘEON CEBACTON ΠEPΓAMHNOI. Temple d’Auguste.

Pergame est mentionnée en deux endroits du Nouveau Testament : 1° Apoc. i, 11, dans la liste de sept Églises d’Asie Mineure auxquelles saint Jean reçut l’ordre d’adresser le récit de ses visions de Patmos ; 2° Apoc. ii, 12, en tête de la troisième des sept lettres écrites par l’Apôtre à ces mêmes Églises, de la part de N.-S. Jésus-Christ.

I. Topographie. — Au dessus d’une plaine ondulée, traversée par deux cours d’eau, se dresse une colline très remarquable, haute d’environ 300 mètres, à la forme arrondie, qui, vue d’en bas, ressemble à un cône de pin et que les anciens surnommaient pour ce motif στροϐιλοειδές. Strabon, XIII, iv, 1. C’est au sommet de cette masse de trachyte que fut bâtie la cité primitive de Pergame, avec une citadelle ou acropole extrême-