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PERGAME

ment forte. Plus tard, une ville beaucoup plus considérable s'étala peu à peu au pied de la montagne.

Le Kétéios (aujourd’hui Kestel-tchaï) et le Sélinos (Bergama-tchaï), venant tous deux du nord, coulent dans des ravins profonds et abrupts. Le premier longe simplement la ville ; comme autrefois, le second la traverse sur une étendue d’environ 800 mètres. Pline, H. N., v, 126. Ils vont se jeter, l’un et l’autre, à quelques Kilomètres au sud de Pergame, dans le Caïcos, aujourd’hui Bakyr-tchaï, la rivière principale de la région, qui arrose une vallée d’une grande beauté, large et fertile, Strabon, XIII, IV, 2, et qui a son embouchure à environ 25 kil. (120 stades) de Pergame, dans la mer Égée, près de l’ancienne ville d'Élaïa, aujourd’hui Tchanderlik.

Le Caïcos était autrefois navigable. À Pergame, le Kétéios est presque toujours à sec ; le Sélinos a un peu d’eau, qui arrose quelques jardins. Du sommet de l’acropole, la vue s'étend jusqu'à la mer et jusqu'à Mitylène.

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20. — Vue de l’Acropole de Pergame. D’après une photographie.

II. Histoire de Pergame. — 1° À l’origine. — Antérieurement à la dynastie qui établit la puissance de Pergame, cette ville n’a qu’une histoire assez obscure, ou presque toute légendaire. Elle paraît avoir été fondée par des colons grecs, qui, d’après la tradition la plus vraisemblable, étaient originaires d’Arcadie. Voir Hesselmeyer, Die Urprünge der Stadt Pergamos in Kleinasien, 1885 ; E. Chrœmer, Pergamos, Leipzig, 1888. La première mention faite de Pergame dans un texte historique ne remonte qu’au début du rve siècle avant J.-C. Xénophon, Anabas., VII, viii, 8 ; Hellenic. III, I, 6. Les plus anciennes monnaies qu’on ait d’elles datent des années 420-400 avant notre ère.

Sous les princes de la famille des Attales. — Au commencement du nie siècle avant J.-C, Pergame acquit tout à coup une grande célébrité, grâce à ses princes et rois, les Attalides, dont voici la liste : Philéthère (284-263) ; Eumène Ier (263-2M) ; Attale 1er (241197) ; Eumène II (197159) ; Attale II (159-138) ; Attale III (138-133). Nous ne relèverons que les traits principaux de leur histoire, en tant qu’elle peut intéresser leur capitale.

Après la mort d’Alexandre le Grand, Pergame tomba sous la domination de Lysimaque, l’un de ses généraux et successeurs. La ville ne consistait alors qu’en une citadelle, bâtie, avec un certain nombre de maisons, au sommet de la montagne isolée qu’enserrent le Kétéios et le Sélinos. Lysimaque y mit en sûreté son riche trésor de 9 000 talents (environ 44 000 000 de francs), dont il confia la garde à l’eunuque Philétère. Celui-ci, mettant à profit les troubles politiques qui régnaient alors, réussit à s’emparer du trésor et de la citadelle, qu’il transmit à son neveu Eumène, petit dynaste des environs, fondateur de la brillante famille des Attalides. Attale Ier reçut d’Eumène un territoire considérablement agrandi, grâce à des victoires remportées soit sur Antiochus de Syrie, soit sur les Gaulois, ou Galates, qui envahirent l’Asie Mineure en 279. Il prit le titre de roi, après avoir battu à son tour ces derniers (240) ; et voyant l’avantage qu’il y aurait à profiter de l’amitié des Romains, dont l’influence commençait à se faire sentir en Asie Mineure, se fit leur fidèle allié. Sous son règne, Pergame devint non seulement la capitale d’un royaume considérable et l’une des villes les plus importantes de l’Asie antérieure, mais aussi un grand centre commercial et artistique, et une métropole d’une magnilience vraiment royale. La prospérité et la splendeur de la cité s’accrurent encore sous Eumène II, Strabon, XIII, IV, 2, qui y multiplia les monuments somptueux, sacrés ou profanes. Il l’enrichit notamment d’une bibliothèque admirable pour l'époque, où l’on comptait plus de 200 000 volumes ou rouleaux ; grâce à elle, Pergame fut