Rompre signifiait souvent interrompre : Pour ne rompre son disner, voyre ny son sommeil. Montaigne, II, 4.
Parfumer se confondait avec enfumer : Le moien extreme est de faire sortir les Abeilles du creux de l’arbre, et ce en les parfumant avec de la fumee de drapeau qui brusle. O. de Serres, Th. d’Agric., V, 14.
On trouve suite au lieu de poursuite, proposer pour exposer, prevoir au lieu de pourvoir : Ainsi est il de Phebus et Daphné : Espoir le rend fort leger à la suyte, Craincte la rend fort legere à la fuytte. Marot, trad. de la Metamorph., I. — Les fouaciers… davant leur roy… proposerent leur complainte. Rabelais, I, 26. — Elle renversa… la table qui estoit chargée de viandes, et… dit qu’elle croit ce fait par mesgarde et voulant prevoir au service. Des Périers, Nouv. Récr., 127.
Ressembler s’employait pour sembler, et réciproquement ; récompenser avait Souvent le sens de compenser, et rarement son sens actuel ; récompense signifiait compensation ; cueillir, dont les sens étaient très variés, avait entre autres celui de recueillir : Il ressembloit comme au dernier souspir Rendre son âme. P. de Brach, Aminte, V, 1. — La beauté semble à la rose vermeille Qui meurt incontinent. Ronsard, Odes, III, 13. — Ceste entrée de guerre eust esté peu heureuse pour eux, si d’autres effects n’eussent recompensé les premiers defauts. La Noue, Disc. pol. et mil., XXVI, 2. — Nature, en recompense de telle difformité, luy donna un don singulier. Corrozet, Vie d’Esope. — Si je suis morte alors qu’arriveras, A tout le moins mes os tu cueilliras. Ch. Fontaine, XXI, Epistres d’Ovide, 10.
On disait remarquer pour marquer, remarque pour marque, regard pour égard : chascun se campant qui deçà, qui delà, De hayes, de buissons remarqua son partage. Regnier, Sat. 6. — La longue chevelure, sous la première lignée de nos Roys, avoit esté la plus signalée remarque de leur Royauté. E. Pasquier, Lettres, XIV, 2. — Il a regard à nostre infirmité ; il nous donne vertu telle qu’il sait nous estre propre. Calvin, 80e Sermon sur le Deuter.
Douter signifiait craindre, comme redouter ; susciter s’employait pour ressusciter, et aussi pour exciter : J’ay peur que vostre amour par le temps ne s’efface, Je doute qu’un plus grand ne gaigne vostre grace, J’ay peur que quelque Dieu ne vous emporte aux Cieux. Ronsard, Elegie 2. — [Jésus Christ] Sa deité monstra par ses miracles… Suscitant mors, imperant à la mer. J. Bouchet, Ep. fam. du Trav., 90. — Les Atheniens… estoyent poulsez et suscitez par les ordinaires harengues de Demosthenes. Amyot, Demosth., 17.
Commander se confondait avec recommander, tourner avec retourner, verser avec renverser, recueillir avec accueillir, et recueil avec accueil : [Jésus-Christ] Son ame à Dieu recommanda, Et a sainct Jehan sa mere commanda. J. Bouchet, Ep. fam. du Trav., 90. — Le roy estant à Carmagnoles, envoya dire au marquis qu’il ne vouloit tourner en France sans le voir. Brantôme, Marquis del Gouast. — [Le comte de Brissac] fut porté par terre de trois coups d’espée et plusieurs hommes de marque versez aupres de lui. Aubigné, Hist. Univ., XIII, 12. — Pourquoy differes tu ? Fus tu mal recueilly lorsque luy presentas le Jugement de Minos ? Marot, Temple de Cupido. Au Roy. — Lors s’y trouva la dame, qui leur feit le meilleur recueil du monde. Marg. de Nav., Heptam., 44.
Souscrire s’employait pour escrire, et aussi pour inscrire : Sus donc, enfant, sus viste va soubscrire En mon livret ce que je vien de dire. Fr. Habert, trad. d’Horace, Satires, I, 10. — J’ay mis sur le front de mon livre Un beau nom pour le faire vivre D’age en age eternellement, Et ores qu’à la fin j’arrive Il faut qu’un beau nom j’y soubzcrive Digne d’un tel commancement. Magny, Odes, II, 242. — Dans ce dernier exemple, il est vrai, souscrire