Cestuy Thucydides s’entendoit moins de la guerre que Cimon, mais plus des affaires de la ville et du gouvernement de la chose publique. Amyot, Périclès, 11 ;
comme celles des verbes approcher, cesser, omettre, oublier, se permettre avec la préposition à au lieu de la préposition de : Agis ayant, par despit, omis à faire le sacrifice accoustumé d’estre fait à l’issue d’une guerre, il lui par eulx condamné à l’amende. Amyot, Lycurgue, 12.
Dans beaucoup de cas, d’ailleurs, une différence dans la construction d’un verbe correspond à une différence dans sa signification, de sorte qu’un fait de syntaxe est souvent en même temps un fait de vocabulaire.
J’ai cité beaucoup d’exemples, souvent bien plus qu’il n’en fallait pour déterminer le sens des mots. C’est que mon but n’a pas été seulement d’expliquer. J’ai voulu fournir aux historiens de la langue des renseignements aussi complets que possible sur le vocabulaire du xvie siècle. Tel mot, s’emploie-t-il seulement au commencement du siècle, ou son existence peut-elle être constatée jusqu’à la fin ? Appartient-il seulement à la langue de la poésie, ou se trouve-t-il aussi en prose ? Semble-t-il particulier à telle ou telle province, ou se rencontre-t-il partout, ou du moins dans des régions diverses ? Est-il familier uniquement à un groupe d’écrivains, à une école littéraire ? Est-ce un mot savant, employé par un ou deux latiniseurs, ou est-il plus largement répandu ? Est-il particulier à la langue populaire, familière, ou se rencontre-t-il même sous la plume des auteurs les plus graves ? Voilà des questions auxquelles je voudrais que ce dictionnaire pût répondre.
Dans le classement des sens, j’ai toujours commencé par le sens primitif du mot, s’il se rencontre encore au xvie siècle, ou par celui qui s’en rapproche le plus. Mais il ne m’a pas été possible d’établir toujours une filiation rigoureuse. Il m’a semblé voir, dans l’évolution du sens des mots, beaucoup d’hésitations, d’incertitudes, de contaminations. Entre deux mots très voisins par la forme et par le sens, il n’est même pas toujours possible de discerner auquel nous avons affaire. Dans bien des cas, probablement, l’auteur lui-même ne le sait pas. Quand une difficulté de ce genre me paraît insoluble, je l’expose tout simplement, en faisant connaître toutes les données du problème, et je ne propose une solution que si elle me paraît tout à fait vraisemblable.
Dans la disposition des exemples donnés pour chaque sens, pour chaque construction, j’ai suivi, autant que je l’ai pu, l’ordre chronologique. Je m’en suis écarté pourtant, quelquefois, afin de rapprocher les uns des autres des emplois auxquels ce rapprochement donnait plus de clarté. Mais surtout, je me suis trouvé en présence de difficultés qui rendaient impossible un classement chronologique certain. Comment classer avec une rigoureuse précision les exemples de Ronsard, qui a si souvent remanié ses œuvres et Corrigé son texte ? Comment dater exactement chaque phrase de Montaigne ? On peut arriver, sans doute, à constater, pour chaque mot, dans quelle édition il paraît pour la première fois, mais que de temps il aurait fallu consacrer à cette recherche ! Il ne m’en serait guère resté pour d’autres lectures. Et combien de problèmes se posent au sujet des écrivains qui ont employé de longues années à la composition d’un livre, qui se sont interrompus souvent, qui ont, modifié leur texte, si bien que nous ne savons à quelle date attribuer chaque détail de la rédaction définitive. Noël du Fail publie les Propos rus-