Page:Dictionnaire de spiritualité, tome 2.2, Com-Cy, 1953.djvu/1299

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intéressant dans ces jours-là avec la Vie de Jésus-Christ (Lyon, 1721-1723). L’ensemble forme une « année chrétienne » en dix-huit volumes, dont les rééditions, traductions, extraits se poursuivent, nombreux, jusqu’au milieu du 19e siècle : Année chrétienne ou Exercices de piété… (1812), …ou Vies des Saints (1852), Les Vies des saints (2 in-folio, 1723), Vie de Notre-Seigneur (2 t., 1726), etc.

Lors de son retour à Lyon, en 1711, Croiset publie ses Règlemens pour Messieurs les pensionnaires des Pères Jésuites du Collège de Lyon, qui peuvent leur servir de règle de conduite pour toute leur vie (Lyon ; autres éditions : Heures et règlemens…). Cet ouvrage, qui comporte bientôt deux volumes dans ses rééditions, s’adapte sans doute à la formation des adolescents, mais son contenu en fait un des premiers Livre du chrétien. Aux conseils de portée durable sur la vie chrétienne et la vie spirituelle, se joignent des méditations et un formulaire de prières, extrait du bréviaire ou du rituel, pour les diverses circonstances de la vie. Les pensionnaires de Lyon ne furent pas les seuls à en bénéficier et leur nom disparut du titre. Au même public, Croiset offrit Le parfait modèle de la jeunesse chrétienne dans la vie de S. Louis de Gonzague (Avignon, 1735). À signaler aussi deux autres ouvrages spirituels : Parallèle des mœurs de ce siècle et de la morale de Jésus-Christ (Paris, 1727) et Des Illusions du cœur dans toutes sortes d’états et de conditions (Lyon, 1736).

Jean Croiset fut un directeur de conscience recherché, un prédicateur de retraites fermées de talent et un propagandiste zélé des congrégations mariales, nolamment à Marseille, où il s’occupa des congrégations des théologiens, des nobles et des dames. Il rédigea un audacieux Règlement pour les Dames de la Congrégation établie à Marseille sous le titre de la Purification (Lyon, 1710). Mentionnons enfin sa Relation de tout ce qui s’est fait à Marseille et ailleurs pour obtenir la cessation du mal contagieux (Lyon, 1722).

2. Doctrine spirituelle. — Tous les historiens de la dévotion au Sacré-Cœur reconnaissent le rôle prépondérant du premier ouvrage de Croiset. C’est lui qui l’a fait sortir d’un cercle restreint d’amis de la Visitation pour la répandre dans le grand public ; qui en a dessiné nettement les traits, en même temps qu’il précisait, dans son Abrégé de la vie de la sœur Marguerite-Marie Alacoque, les circonstances de la révélation à Paray-le-Monial.

La doctrine, diffuse dans les écrits alors inédits de Marguerite-Marie et implicite dans la Retraite spirituelle de Claude La Colombière, se trouve désormais formulée en termes clairs, principalement dans la première partie {les motifs de cette dévotion), qui en définit l’objet et la fin : l’amour du Fils de Dieu, manifesté notamment dans l’eucharistie, mais méconnu des hommes, qu’il faut reconnaître et honorer par un retour d’amour, qui portera à réparer les outrages ou l’indifférence dont il est l’abjet. « Toute cette dévotion ne consiste, à proprement parler, qu’à aimer ardemment Jésus-Christ, que nous avons sans cesse avec nous dans l’adorable eucharistie, et à lui témoigner cet ardent amour par le regret qu’on a de le voir si peu aimé et si peu honoré des hommes, et par les moyens que l’on prend pour réparer ce mépris et ce peu d’amour » (ch. 1). La deuxième partie (moyens d’acquérir cette dévotion) et la troisième (pratique de cette dévotion) formulent des conseils ascétiques, suggèrent des exercices précis, proposent des méditations,