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Page:Dictionnaire des Apocryphes collections de tous les livres apocryphes de l’Ancien et du Nouveau Testament tome 1 1856.djvu/340

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31. Quand j’eus cessé de parler, le même ange qui m’avait apparu la nuit précédente[1], me fut envoyé une seconde fois[2],

32. Et il me dit : Écoute-moi, je t’instruirai, et sois attentif aux nouvelles choses que je vas te découvrir.

33. Je lui répondis : Parlez, mon Seigneur. Et il me dit : Tu t’es extrêmement inquiété pour Israel, crois-tu donc qu’il te soit plus cher qu’à celui même qui l’a fait ?

34. Et je lui dis : Non, Seigneur ; c’est la douleur qui m’a fait parler ainsi, et je suis sans cesse agité dans le désir que j’ai de découvrir les sentiers du Très-Haut, et de connaître une partie des desseins[3] qu’il a sur son peuple.

35. Il me dit : Tu ne le peux. Et je lui dis : Pourquoi, Seigneur ? plat à Dieu que je n’eusse jamais vu le jour, et que le sein de ma mère m’eût servi de tombeau[4], afin que je ne fusse point témoin des malheurs de Jacob et de la désolation d’Israël !

36. Et il me dit : Annonce-moi les choses qui ne sont point encore arrivées, rassemble les gouttes qui sont éparses, ranime les fleurs desséchées ;

37. Ouvre ces cavernes souterraines, faisen sortir les vents qui y sont renfermés ; peins-moi l’image de la voix, et je te découvrirai les choses que tu cherches avec tant d’ardeur et d’inquiétude.

38. Et je lui répondis : Seigneur, dominateur souverain, qui est-ce qui peut faire toutes ces choses, sinon celui qui n’a point de commerce avec les hommes ?

39. Pour moi, faible créature, qui ai l’ignorance en partage, comment pourrais-je vous satisfaire sur ce que vous me demandez ?

40. Et il me dit : Puisque tu ne peux faire aucune des choses que je t’ai proposées, n’espère pas qu’il te soit plus aisé de savoir et le jour de mon jugement, et la grâce que j’ai résolu de faire à mon peuple à la fin des temps.

41. Je lui dis Mais Seigneur, tous les temps sont dévoilés à vos yeux ; qu’arrivera-t-il donc à ceux qui ont été avant nous ? que nous arrivera-t-il à nous-mêmes, et à ceux qui viendront après nous ?

42. Et il me dit : Mon jugement sera semblable à un cercle, dont toutes les parties sont à une égale distance à l’égard du centre, et se remuent avec une égale vitesse ; ainsi l’on ne remarquera aucun intervalle dans le jugement que j’exercerai sur tous les hommes[5].

43. Je lui dis : Ne pouviez-vous pas faire naître en même temps ceux qui ont été, ceux qui sont et ceux qui seront dans la suite, afin de les juger plus promptement ?

44. Et il me dit : La créature ne peut prévenir le Créateur dans ses opérations, et la terre n’aurait pu contenir en même temps tons les hommes qui doivent l’habiter tour à tour.

45. Je lui dis : Comme vous avez appris à votre serviteur qu’après avoir produit vos créatures toutes ensemble, vous les aviez animées[6], et que la terre en avait soutenu le poids[7], ne pourrait-elle pas encore le soutenir de même ?

46. Et il me dit : Interroge la femme enceinte, demande-lui pourquoi elle n’enfante que successivement ; dis-lui qu’elle ait dix enfants à la fois.

47. Et je dis Elle ne le pourra faire qu’après plusieurs intervalles de temps.

48. Alors il me répondit : C’est ainsi qu’ayant jeté diverses semences dans le sein de la terre, je sais les en faire sortir selon les temps que j’ai marqués.

49. Et de même que les enfants ne pensent point[8] comme les vieillards, c’est ainsi que je gouverne le monde que j’ai créé.

50. Mais je l’interrogeai et je lui dis : Puisque vous me l’avez permis, je continuerai de vous parler car notre mère, que vous m’avez réprésentée comme jeune, approche cependant de la vieillesse.

51. Et il me dit : Interroge celle qui enfante, et elle te répondra ;

52. Dis-lui : Pourquoi les enfants que vous venez de mettre au monde ne sont-ils pas semblables à ceux qui sont nés avant nous ? et pourquoi les vôtres sont-ils plus petits ?

53. Et elle te répondra elle-même, qu’il y

  1. Il est difficile d’accorder le jeûne de sept jours, dont il est parlé au verset 20, avec cette apparition de l’ange que l’auteur dit avoir eue la nuit précédente, et celle-ci qu’il dit être la seconde. Voy. les versets 15 et 16.
  2. Le mênie qui est appelé l’archange Uriel.
  3. Autr. : Une partie des jugements qu’il doit un jour exercer sur son peuple.
  4. Ces paroles semblent avoir été copiées sur Job, x, 18 et suivants.
  5. Litt. Je compare mon jugement à un cercle ou à une roue dont une des parties ne roule ni plus vite ni plus lentement que l’autre. On s’est beaucoup plus étendu dans la version pour donner plus de jour au sens de l’auteur. [Autrement : Je ferai mon jugement semblable à une couronne, où le dernier n’arrive pas trop tard, ni le premier trop tôt. Allusion, peut-être, aux courses des athlètes.]
  6. Litt.: En les vivifiant vous les avez vivifiées. Hébraïsme pour marquer l’efficacité de la puissance de Dieu dans cette création.
  7. Ce verset est obscur et semble supposer que Dieu avait créé tous les hommes à la fois, et qu’ils avaient tous habité la terre dans un même instant au moins l’auteur de ce livre insinue-t-il que l’ange le lui avait fait entendre. Quelques anciens l’ont dit de leurs âmes ; mais nul ne l’a dit de leurs corps. Cependant, l’auteur de ce livre reconnait ailleurs qu’Adam a été le premier homme, et que tout le genre humain est sa postérité ; il suppose même, au verset 43, ci-dessus, que Dieu n’a pas en effet créé tous les hommes en même temps, puisqu’il lui demande d’où vient qu’il ne l’a pas Tait. Il faut donc nécessairement que cet auteur n’ait voulu dire ici autre chose, sinon que, comme Dieu avait créé en même temps toutes les créatures insensibles et matérielles qui devaient orner le monde, il pouvait aussi créer en même temps tous les hommes pour l’habiter.
  8. Litt. Ne font point ce que font les vieillards.