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Page:Dictionnaire des Apocryphes collections de tous les livres apocryphes de l’Ancien et du Nouveau Testament tome 1 1856.djvu/346

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DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.

soit un lieu de délices dont les fruits sont incorruptibles, le séjour de la santé et du repos,

54. Si après avoir passé nos jours sur une terre malheureuse, nous en sommes encore exclus.

55. Et que nous sert enfin que ceux qui ont été tempérants soient un jour plus brillants que les étoiles, si nous devenons plus noirs que les ténèbres mêmes ?

56. Car pendant notre vie nous ne songions point qu’en commettant l’iniquité nous en serions punis après la mort.

57. Et il me dit : Voilà une juste idée du combat auquel l’homme est exposé dès qu’il commence à voir le jour.

58. En sorte que, s’il y est vaincu, il souffrira ce que tu dis ; et si au contraire, il en sort victorieux, il recevra la récompense dont je t’ai parlé :

59. Car c’est de cette vie immortelle que Moïse parlait autrefois au peuple, lorsqu’il lui disait [1]: Choisissez la vie afin que Vous viviez.

60. Mais ils ne crurent ni Moïse, ni les prophètes qui vinrent après lui. Et ils ne m’ont point cru moi-même quand je leur ai assuré,

61. Que l’état funeste où ils étaient réduits se terminerait moins à la perte qu’au bonheur de ceux qui auraient vécu dans l’espérance du salut.

62. Et je dis : Seigneur, je sais que le Très-Haut est véritablement un Dieu de bonté, en ce qu’il l’a fait éclater sur ceux qui ne sont point encore arrivés à ces derniers temps ;

63. Et qu’il a pitié de ceux qui se convertissent à lui [2].

64. Je sais qu’il est un Dieu patient, puisqu’il attend avec patience ceux qui dans toutes leurs actions [3] ont commis l’impiété ;

65. Qu’il est magnifique et généreux, puis qu’il prodigue ses dons selon les divers besoins de ses créatures ;

66. Et que sa miséricorde est infinie, puisqu’il la répand si abondamment sur les hommes qui sont, qui ont été, et qui seront dans la suite des temps.

67. Car s’il ne multipliait sa miséricorde, ceux de ce siècle ne pourraient subsister, ni ceux qui doivent l’habiter, recevoir la vie.

68. Si par sa bonté il ne remettait les iniquités commises contre lui, de dix mille hommes il n’y en aurait pas un seul de sauvé.

69. Et si celui même qui doit les juger ne leur pardonnait après les avoir purifiés par sa parole et qu’il n’oubliât le nombre de leurs crimes, de cette multitude innombrable d’hommes, à peine y en aurait-il quelques-uns de sauvés [4].

CHAPITRE VIII.

Dieu plein de miséricorde pour les pécheurs pendant cette vie ; il y en aura cependant plusieurs de damnés. Récompense réservés aux justes.

1. Alors l’ange me répondit et me dit : Le Très-Haut a créé le siècle présent pour être le séjour d’une infinité de créatures, mais le siècle futur ne sera que pour un très-petit nombre d’entre elles [5].

2. Esdras, je vais te faire comprendre ces choses par une comparaison. Si tu interroges la terre, elle te répondra qu’elle peut fournir beaucoup de matière propre à faire des vases de terre ; mais très-peu de celle dont se forme l’or [6].

3. Tel est l’état du siècle présent, plusieurs y ont reçu l’Être, mais il y en aura très-peu de sauvés

4. Et m’adressant à mon esprit, je lui dis : Médite ces paroles, et découvres-en les sens cachés ;

5. Car tu n’es venu ici que pour t’instruire avec docilité, et tu prétends prophétiser comme si tes connaissances s’étendaient au delà des choses terrestres [7].

6. Je dis alors : Seigneur, si vous ne permettez à votre serviteur de vous présenter ses prières, si vous ne jetez dans nos cœurs cette semence divine, afin qu’elle y fructifie, et que vous n’éclairiez vous-même nos intelligences, comment l’homme corrompu pourra-t-il subsister devant vous, et qui pourra lui servir d’appui ?

7. Car vous avez seul la puissance sur toutes choses[8], et l’homme est l’ouvrage de vos mains, comme vous l’avez dit vous-même :

8. À présent le corps est créé dans le sein de la femme, vous en avez formé tous les membres, et il s’y conserve par le mélange de l’eau et du feu, et la femme porte pendant neuf mois le fruit dont vous l’avez rendue féconde.

9. Vous conservez l’une et l’autre, et quand le temps est venu la mère laisse sortir de son sein l’enfant qu’elle y portait.

10. Vous avez encore voulu qu’elle portât dans ses mamelles le lait dont elle a besoin pour le nourrir[9].

11. Afin qu’ayant reçu pendant quelque temps cette première nourriture, il devint ensuite l’objet de vos miséricordes.

12. Vous le justifiez à vos yeux[10], vous l’instruisez de votre loi, et votre sagesse règle et conduit toutes ses démarches :

13. Vous le livrez enfin à la mort comme l’une de vos créatures, et vous lui rendrez la vie comme étant votre ouvrage.

14. Si donc vous perdez celui que vous
  1. Deut. xxx, 19.
  2. Litt. : À sa loi.
  3. Autr. : Qui étant l’ouvrage de ses mains.
  4. Il n’y en aurait que très-peu de sauvés.
  5. Ceci a bien du rapport à ce que Jésus-Christ a dit, Matth. xxii, 14.
  6. Il semble que cet auteur emprunte cette comparaison de l’apôtre saint Paul. Rom. ix, 24.
  7. Litt. : Comme s’il l’eût été donné autre chose que de vivre.
  8. Lit. : Car vous êtes seul, c’est-à-dire, le seul Être souverain, l’Être par essence.
  9. Pour nourrir son fruit.
  10. Litt. : Vous le nourrissez de votre justice.