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Page:Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France - volume 1 - Nicolas Viton de Saint-Allais.djvu/29

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pagne, s’emparât du Portugal, après la mort du roi-cardinal Henri. Lorsque la couronne impériale et celle d’Espagne furent entrées dans la maison d’Autriche, tous les princes de cette maison, tant de la branche d’Allemagne que de celle d’Espagne, prirent le titre d’altesse. On donna aussi ce titre aux princes Philibert et Thomas de Savoye, à cause qu’ils étaient fils de l’infante Catherine d’Autriche, cousine-germaine du roi d’Espagne Philippe III, et il passa même à don Juan d’Autriche, fils naturel de Philippe IV, auquel l’empereur donna le titre d’altesse, après qu’il se fut mis à la tête des affaires d’Espagne. En l’année 1677, les grands d’Espagne consentirent aussi de lui donner ce titre, pourvu qu’il leur promît de leur donner celui d’excellence. À l’égard de la France, il n’y avait d’abord que les frères des rois qui prissent le nom d’altesse ; et on ne donnait aucun titre aux princes du sang royal, qu’on traitait seulement de vous, à l’exception que le nonce du pape et l’ambassadeur de Venise leur donnaient celui d’excellence. Cela dura de cette manière jusqu’à ce que le prince de Condé fût à Rome en 1662, et qu’il demandât d’être traité d’altesse. Le pape y consentit, le fit couvrir à l’audience qu’il lui donna, le fit asseoir au consistoire, au-dessus du dernier cardinal-diacre. Tous les princes du sang prirent ensuite le titre d’altesse. Ce titre est aussi passé à des enfants naturels des rois.

Lorsque les rois quittèrent le nom d’altesse pour prendre celui de majesté, les princes souverains, qui ne sont point têtes couronnées, prirent la qualité d’altesse. Les plénipotentiaires du roi à Munster, écrivant une lettre circulaire à tous les princes d’Allemagne, leur donnèrent ce titre ; et le Roi a voulu que ses ministres le donnassent non seulement aux princes souverains séculiers, mais aussi aux ecclésiastiques qui ne sont princes que par élection ; en sorte que ses ambassadeurs traitassent les électeurs ecclésiastiques d’altesse électorale, et les autres évêques souverains d’Allemagne, d’altesse. Ce fut le roi Louis XIII qui, en 1637, fit donner le premier par ses ministres, le titre d’altesse aux princes d’Orange, auxquels on ne donnait auparavant que celui d’excellence. Néanmoins, comme le Roi ne donne le titre d’altesse à personne, MM. d’Avaux, de Servien et de la Tuilerie, ne voulurent point que dans le traité fait en 1644 avec les états-généraux, un des députés prît la qualité de conseiller de son altesse le prince d’O-