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Page:Dictionnaire général de la langue française de François Raymond-T2-12-Synonymes.djvu/12

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12 DICTIONNAIRE DES SYNONYMES.


DISPOSITION, APTITUDE. Les dispositions indiquent des qualités propres à favoriser le succès de la chose ; l’aptitude dénote les qualités nécessaires pour l'exécuter avec succès. Avec des dispositions, on peut devenir propre à la chose ; avec de l'aptitude, on y est propre.

DISPUTE, ALTERCATION, CONTESTATION, DÉBAT. La dispute est une conversation entre deux personnes d'avis différent ; l'aigreur en fait une altercation ; la contestation est une dispute entre plusieurs ; le tumulte la change en débat.

DISTINCTION, DIVERSITÉ, SÉPARATION. La distinction est opposée à l'identité ; la diversité, à la similitude ; la séparation, à l'unité.

DISTINGUER, DISCERNER, DÉMÊLER. On distingue un objet par ses apparences ; on le discerne à ses signes exclusifs ; on le démêle à des signes particuliers. Pour connaître, il faut distinguer ; pour choisir, il faut discerner ; pour rétablir l'ordre, il faut démêler.

DISTINGUER, SÉPARER. On distingue pour ne pas confondre ; on sépare pour éloigner. La différence du langage distingue les nations ; l'absence sépare les amis.

DISTRAIRE, DÉTOURNER, DIVERTIR. Distraire n'exprime qu'un déplacement, un arrangement ; détourner et divertir marquent des changements divers ; divertir marque un effet plus grand que détourner. Au physique, ou distrait des objets, en les ôtant de leur place ; on les détourne en les mettant à l'écart ; on les divertit en les supprimant, en se les appropriant. Au figuré, celui qui n'est que distrait est encore plein de la chose, en pensant à une autre ; celui qui est détourné n'est plus à sa chose, mais il pourra facilement y revenir ; celui qui est diverti ne songe plus à son objet. Une cause légère distrait ; une sollicitation importune détourne ; des objets attrayants ou amusants divertissent.

DIURNE, QUOTIDIEN, JOURNALIER. Ce qui est diurne revient chaque jour, et en occupe toute la durée ; ce qui est quotidien revient chaque jour, sans en occuper toute la durée ; ce qui est journalier se répète comme les jours, mais varie de même, et peut en occuper ou n'en pas occuper toute la durée.

DIVISER, PARTAGER. La division produit des parties ; le partage produit des parts ou des portions. Au figuré, la division marque la mésintelligence et l'opposition ; le partage n'emporte que la différence ou la diversité d'opinions.

DIVORCE, RÉPUDIATION. Le divorce est la séparation de deux époux ; la répudiation est le renvoi de l'un par l'autre.

DOCILITÉ, DOUCEUR. On peut être docile par intérêt, etc., sans être doux ; on peut être doux par tempérament, sans être docile d'esprit. Le monde est plein de ces doucereux qui n'en font qu'à leur tête. On est souvent doux par insouciance ou par faiblesse ; docile avec fermeté, mais par respect.

DOCTE, DOCTEUR. Être docte, c'est être savant et habile ; et être docteur, c'est avoir donné des preuves certaines de sa science. Docteur dit moins que docte, parce qu'il y a beaucoup de docteurs qui ne sont pas doctes.

DON, PRÉSENT. Le don est gratuit ; le présent est une offrande, un gage de nos sentiments. On fait des dons à quelqu'un pour lui faire du bien ; on lui fait des présents pour bien mériter de lui. Le présent est le don que l'on présente.

DONNER, PRÉSENTER, OFFRIR. Donner est plus familier ; présenter est respectueux ; offrir est quelquefois religieux. On donne aux domestiques ; on présente aux princes ; on offre à Dieu. Donner marque la volonté qui transporte la propriété de la chose ; présenter désigne l'action de la main

pour livrer la chose ; offrir, le mouvement du cœur qui porte à ce transport.

DOULEUR, CHAGRIN, TRISTESSE, AFFLICTION, DÉSOLATION. Douleur se dit des sensations désagréables du corps, et des peines de l'esprit ou du cœur ; les quatre autres ne se disent que de ces dernières. Le chagrin peut être intérieur ; la tristesse peut être habituelle ; le chagrin a toujours un sujet particulier. L'idée d'affliction ajoute à celle de tristesse ; celle de douleur, à celle d'affliction ; celle de désolation, à celle de douleur.

DOULEUR, MAL. Douleur dit quelque chose de plus vif. La douleur est regardée comme l'effet du mal, jamais comme la cause.

DOUTEUX, INCERTAIN, IRRÉSOLU. Douteux ne se dit que des choses ; incertain se dit des choses et des personnes ; irrésolu, ne se dit que des personnes. Le sage doit être incertain à l'égard des opinions douteuses, et ne doit jamais être irrésolu dans sa conduite.

DROIT, DEBOUT. La bonne grâce veut qu'on se tienne droit, et souvent avec orgueil ; le respect fait tenir debout, quoiqu'on ne soit pas droit, que l'on s'incline avec modestie. Y. DEBOUT.

DROIT, JUSTICE. Le droit est l'objet de la justice ; la justice est la conformité des actions avec le droit. Le premier change ; la seconde ne varie jamais. Ce n'est pas aller contre les règles de la justice que de soutenir et défendre ses droits par les mêmes moyens dont on se sert pour les attaquer.

DURABLE, CONSTANT. Ce qui est durable est ferme par sa solidité, et ne cesse point ; ce qui est constant est ferme par sa résolution, et ne change pas.

DURÉE, TEMPS. La durée se rapporte aux choses ; le temps, aux personnes. Durée désigne l'espace écoulé entre le commencement et la fin ; le temps désigne quelque partie de cet espace, d'une manière vague. On dit que la durée de son règne a été de tant d'années ; que tel événement est arrivé pendant le temps de son règne.

EBAHI, ËBAUBI, EMERVEILLÉ, STUPÉFAIT. Ces termes sont familiers ; l'ébaubi est même populaire. On est ébahi par la surprise qui fait tenir la bouche béante, et avec l'air de l'ignorance ; on est ébaubi par une surprise qui déconcerte, et tient comme suspendu dans le doute ; on est émerveillé par une surprise qui attache, qui charme ; on est stupéfait par une surprise qui rend immobile et semble ôter l'usage de l'esprit et des sens.

ÉBAUCHE, ESQUISSE. L'ébauche est la première forme donnée à un ouvrage ; l'esquisse est un modèle incorrect de l'ouvrage, qui n'en contient que l'esprit, ne montre que la pensée. L'esquisse d'un tableau est le premier trait au crayon ; l'ébauche est le commencement de son exécution en couleur.

ÉBOULER (s'). La terre amoncelée s'éboule ; les rochers, les édifices s'écroulent ; les sables amoncelés, les dunes s'éboulent ; les volcans, les montagnes s'écroulent.

EBULLITION, EFFERVESCENCE, FERMENTATION.

L'ébullition est le mouvement d'un corps qui bout ; l'effervescence, le mouvement qui s'opère dans un mélange de liquides ; la fermentation est le mouvement interne qui s'excite dans un liquide, dont les parties se décomposent. L'eau qui bout est en ébullition ; le fer dans l'eau-forte fait effervescence ; la bière fermente.

ÉCHANGER, TROQUER, PERMUTER. C'est donner une chose pour une autre chose, pourvu que ce ne soit pas de l'argent. On échange des ratifications d'un traité, des marchandises, des valeurs ; on troque des marchandises ; on permute des bénéfices.

ECIIAPPÉ (ÊTRE), AVOIR ÉCHAPPÉ. Ce mot m'est échappé ; j'ai prononcé ce mot sans y prendre garde : ce que je voulais vous dire m'a échappé ;

j'ai oublié de vous le dire, ou j'ai oublié ce que je voulais dire. Le cerf a échappé aux chiens, les chiens ne l'ont point atteint : le cerf est échappa aux chiens, il s'est tiré du péril.

ÉCLAIRCIR, EXPLIQUER, DÉVELOPPER. On éclaircit ce qui était obscur ; on explique ce qui était difficile à entendre, on développe ce qui renferme plusieurs idées.

ECLAIRÉ, CLAIRVOYANT, INSTRUIT. L'homme éclairé ne se trompe pas, il sait ; le clairvoyant ne se laisse pas tromper, il distingue. L'étude rend éclairé ; l'esprit rend clairvoyant. L'homme instruit, qui n'a que de la mémoire, n'en est pas plus clairvoyant. On peut être naturellement clairvoyant ; on s'instruit, on s'éclaire par l'étude et l'expérience.

ÉCLAT, BRILLANT, LUSTRE. L'éclat enchérit sur le brillant, et celui-ci sur le lustre. L'éclat tient du feu ; le brillant, de la lumière ; le lustre, du poil.

ÉCLAT, LUEUR, CLARTÉ, SPLENDEUR. L'éclat est une lumière très-vive et passagère ; lueur, une lumière faible et durable ; clarté, une lumière durable et vive : ces trois mots se disent au figuré et au propre ; splendeur ne se prend qu'au figuré : la splendeur d'un empire.

ÉCLIPSER, OBSCURCIR. Le premier dit plus que le second. Le faux mérite est obscurci par le mérite réel, et éclipsé par le mérite éminent.

ECONOMIE, MÉNAGE, ÉPARGNE, PARCIMONIE.

L’économie est le système du gouvernement d'une fortune pour sa conservation et son amélioration ; le ménage est l'économie qui règle les consommations Intérieures ; l'épargne restreint les dépenses ; la parcimonie est une économie rigoureuse, qui réduit les dépenses, pour faire de petites épargnes.

ECRITEAU, EPIGRAPHE, INSCRIPTION. L'écriteau n'est qu'un morceau de papier ou de carton, pour donner un avis au public ; l'inscription se grave sur un corps solide, pour conserver la mémoire d'une chose ou d'une personne ; l'épigraphe est une sentence au bas d'une estampe, à la tête d'un livre, pour en désigner le sujet ou l'esprit.

ÉCRIVAIN, AUTEUR. L'écrivain peut n'être qu'un commentateur, un compilateur, un copiste ; pour être auteur, il faut créer. A présent que tout a été pensé, que tout a été peint, tout a été dit, il n'est guère possible d'être plus qu'un écrivain. Voltaire, Racine sont d'excellents écrivains ; Corneille est un excellent auteur. Descartes et Newton sont des auteurs célèbres ; l'auteur de la Recherche de la vérité est un écrivain du premier ordre. (Encyclopédie.)

EFFACER, RATURER, RAYER, BIFFER. On raie un mot en passant une ligne dessus ; on l'efface en empêchant qu'on ne le lise ; on le rature lorsqu'on l'efface absolument avec un grattoir ; le mot biffer est du style du barreau.

EFFARÉ, EFFAROUCHÉ. Le visage seul est effaré, toute la personne est effarouchée. L'homme effaré reste souvent immobile par le simple étonnement ; la terreur fait fuir l'homme effarouché. Le stupide a l'air effaré ; le moindre bruit effarouche celui qui est pénétré de crainte.

EFFECTIVEMENT, EN EFFET. Le premier est plus d'usage dans la conversation, il sert à appuyer une proposition ; le second sert, de plus, à opposer la réalité à l'apparence.

EFFÉMINER, AMOLLIR, ENERVER. L'amour amollit le cœur dur d'un tyran ; il le rend efféminé pour plaire aux femmes en les imitant, et ses voluptés l'énervent.

EFFIGIE, IMAGE, FIGURE, PORTRAIT. L'effigie tient la place de la chose même ; mais l'image en représente l'idée ; la figure en montre le dessein ; le portrait, la ressemblance.

EFFORCER (s'), TACHER. Celui-ci dit moins que