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Page:Dictionnaire général de la langue française de François Raymond-T2-12-Synonymes.djvu/13

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DICTIONNAIRE DES SYNONYMES 15


le premier : au figuré, je tâcherai de vous être utile, je m'efforcerai de vous rendre service. Il dit plus au propre ; l'ouvrier qui tâche de faire un trou, s'efforce par instants de briser une pierre qui lui résiste.

EFFRAYANT, ÉPOUVANTABLE, EFFROYABLE, TERBIBLE. Effrayant est moins fort qu'épouvantable, et celui-ci moins fort qu'effroyable ; ils se prennent en mauvaise part ; terrible peut supposer une crainte mêlée de respect. Des cris effrayants, un bruit épouvantable, un monstre effroyable, un Dieu terrible. La pierre est une maladie terrible ; les douleurs qu'elle cause sont effroyables ; l'opération en est épouvantable ; les préparatifs en sont effrayants.

EFFRONTÉ, AUDACIEUX, HARDI. Le premier dit plus que le second, et se prend en mauvaise part ; Je second dit plus que le troisième, et se prend en bonne part. L'homme effronté est sans pudeur ; l'homme audacieux, sans respect, sans réflexion ; l'homme hardi, sans crainte.

ÉGALER, ÉGALISER. Égaler se dit des grandeurs morales ; égaliser se dit des grandeurs physiques. L'amour égale les hommes ; on égalise un chemin

raboteux.

ÉGARDS, MÉNAGEMENTS, ATTENTIONS, CIRCONSPECTION. Les égards sont l'effet de la justice ; es ménagements, de l'intérêt ; les attentions, de la reconnaissance ou de l'amitié ; la circonspection, de la prudence.

ÉGOÏSTE, HOMME PERSONNEL. L'égoïste ne parle que de lui ; l’homme personnel ne songe qu'à lui. Le premier est ridicule ; le second est dangereux. L’homme personnel fait de l'égoïsme un système.

ÉLAGUER, ÉMONDER. Élaguer est proprement dégarnir un arbre des branches superflues et nuisibles à son développement ou à la nourriture des branches fécondes ; l’émonder, c'est le débarrasser de tout ce qui le défigure, pour le rendre plus agréable à la vue.

ÉLARGISSEMENT, ÉLARGISSURE. Élargissement se dit de tout ce qui devient plus spacieux, plus tendu en largeur, d'un jardin, d'un canal, d'une promenade, etc. ; élargissure, de ce qui est ajouté pour élargir : il ne se dit que des meubles et des vêtements, d'un rideau, d'un drap, d'une chemise, d'une veste, d'une robe, etc.

ÉLECTION, CHOIX. L'élection d'un député, d'un mandataire est la conséquence du choix que plusieurs en avaient fait. On choisit avant d'élire. L’élection d'un tel indique que quelqu'un a été lu ; le choix indique celui qui choisit.

ELEGANCE, ELOQUENCE. L’élégance s’applique la beauté des mots et à l'arrangement de la brase ; éloquence s'attache à la force des termes t à l'ordre des idées.

ÉLÉVATION, HAUTEUR. L'élévation an propre indique la situation d'un objet qui s'étend au-dessus des autres ; la hauteur n'est qu'une élévation comparative ; un chêne est élevé, et des blés sont hauts. Au figuré, les rapports des deux mots sont tous les mêmes : l'élévation de caractère est absolue, et le place au-dessus de tous les autres ; la hauteur n'est que relative. Tel est haut avec ses inférieurs, qui est très-bas avec ses supérieurs et même avec ses égaux.

ÉLÈVE, DISCIPLE, ÉCOLIER. Un élève prend des leçons de la bouche du maître ; un disciple en prend des leçons en lisant ses ouvrages. Ecolier se dit des enfants qui étudient dans les collèges ou les écoles, de tous ceux qui apprennent sous un maître la danse, l'escrime, etc. Écolier n'est mais du style noble. On instruit des écoliers, on forme des élèves, et on se fait des disciples. Elève comprend presque toute l'éducation ; écolier ne se dit que de l'étude d'une science, d'une langue, un art ; disciple a rapport aux opinions, aux


systèmes. On dit les écoliers d'un maître ; les élèves d'un précepteur, d'un instituteur ; les disciples de Socrate.

ÉLITE, FLEUR. La fleur est ce qu'il y a de mieux dans les choses d'élite. L'élite est grave, et suppose de la réflexion ; la fleur se prend quelquefois plaisamment : la fleur des chevaliers, des beaux-esprits, des sentiments, etc.

ÉLOCUTION, DICTION, STYLE. Le style a rapport à l'auteur ; la diction, à l'ouvrage ; l'élocution, à l'art oratoire. On dit le bon style d'un auteur. On dit d'un ouvrage, la diction en est bonne ; d'un orateur, il a une bonne élocution. Le diction est le choix des mots ; l'élocution, leur emploi ; le style en est le résultat. Il y a diction, élocution dans une simple phrase ; il faut plusieurs phrases pour caractériser le style.

ÉLOGE, LOUANGE. L'éloge est le témoignage avantageux que l'on rend au mérite ; la louange en est le tribut qu'on lui paie dans ses discours. L'éloge met le prix au mérite ; la louange en est la récompense.

ÉLOIGNER, ÉCARTER, METTRE A L'ÉCART. Eloigner est plus fort qu'écarter ; écarter est plus fort que mettre à l'écart. On écarte ce dont on veut se débarrasser pour toujours ; on met à l'écart ce qu'on peut reprendre. On éloigne les traîtres ; on écarte les flatteurs.

EMANER, DECOULER. Emaner désigne la source d'où les choses partent ; découler indique le canal par où elles passent. Émaner se dit des exhalaisons ; découler se dit des fluides.

EMBARRAS, TIMIDITÉ. L'embarras n'est que du moment ; mille causes le produisent ; la timidité est dans le caractère, et vient plutôt d'une sotte vanité, que d'une véritable modestie. L'homme timide n'est pas modeste, surtout avec ses amis ; l'homme modeste n'est pas timide, même avec ses ennemis ; il se tait, mais ne rougit pas : or la rougeur est presque toujours causée par l'amour-propre qui exclut la modestie.

EMBLÈME, DEVISE. Les paroles de l'emblème ont un sens achevé ; les paroles de la devise ne s'entendent bien qu'étant jointes à une figure. L'emblème suppose une comparaison ; la devise porte sur une métaphore.

EMBRYON, FOETUS. L'embryon est le germe qui n'est pas encore parvenu à une assez grande maturité pour qu'on en puisse distinguer les parties ; le fœtus est le corps dont toutes les parties sont développées et apparentes.

ÉMISSAIRE, ESPION. L'espion épie, fait des rapports ; l'émissaire travaille l'opinion. Il faut beaucoup d'astuce, de perspicacité pour être espion ; beaucoup d'adresse et d'éloquence pour être émissaire. On pendait l'un et l'autre, et l'on avait tort ; car l'espion est vil, l'émissaire ne l'est pas ; ce peut être un fanatique, mais non un lâche : tuez-le, mais ne l'avilissez pas.

EMPIRE, RÈGNE. On dit l'empire des Assyriens, le règne des Césars. Le mot empire s'adapte au gouvernement des particuliers : on dit l'empire d'un maître ; règne ne s'applique qu'au gouvernement public. L'empire des passions ; le règne de la vertu.

EMPIRE, ROYAUME. L'empire est un état vaste, composé de plusieurs peuples, et renfermant des royaumes ; le royaume est un état borné à une nation seule.

EMPLETTE, ACHAT. Emplette emporte l'idée de la chose achetée : achat tient à l'action d'acheter. Achat parait seul propre aux objets considérables ; emplette ne s'applique guère qu'aux choses d'usage ordinaire.

EMPLIR, REMPLIR. Emplir exprime l'action continue de mettre une chose dans un espace dont la capacité en est occupée ; remplir désigne l'action


d'emplir de nouveau, successivement, et d'achever d'emplir.

EMPORTEMENT, IMPÉTUOSITÉ, VIOLENCE, L'emportement est un acte du caractère violent, impétueux. L'homme impétueux marche vivement et brusquement à son but, il s'emporte contre les obstacles ; l'homme violent écrase, anéantit quelquefois sans éclat ceux qui s'opposent à sa volonté. L'homme impétueux peut être bon ; l'homme violent est presque toujours dur et même méchant. Achille était impétueux ; Agamemnon, violent.

EMPORTER LE PRIX, REMPORTER LE PRIX. Emporter le prix est obtenir un prix, une récompense que l'on a recherchée, mais sans idée de rivalité ; remporter le prix exprime une victoire sur des concurrents qui le disputaient.

EMPREINDRE, IMPRIMER. Un livre est imprimé ; les caractères restent empreints sur le papier. Empreindre désigne l'effet produit par l'action d'imprimer. La physionomie est l'empreinte du caractère ; mais cette empreinte est souvent altérée par des impressions nouvelles et profondes.

EMPRESSEMENT, ZÈLE. L'empressement est un effet du zèle : il agit lorsque souvent le zèle est réduit à rester dans l'inaction. Le premier est dans le fait ; le second, dans l'intention dirigée, stimulée par le cœur.

ÉMULATION, RIVALITÉ. L'émulation ne désigne que la concurrence dans une même carrière ; la rivalité dénote le conflit, quand les intérêts se combattent ; les émules vont ensemble ; les rivaux vont l'un contre l'autre.

ÉMULE, ÉMULATEUR. L'émule marche en concurrence avec vous ; l'émulateur marche sur vos traces : émulateur est du style noble. L'émule a des émules ; l'émulateur a des modèles. L'émule tâche de surpasser son émule ; l’émulateur d'imiter son modèle.

EN, DANS. En exprime l'état dans la situation ; il vit en liberté dans sa maison ; il est en déshabillé dans son jardin. En est plus vague ; dans particularise le lien : il est en France, dans telle ou telle ville. v. DANS.

ENCEINDRE, ENCLORRE, ENTOURER, ENVIRONNER. Enceindre une chose, c'est l'entourer dans sa circonférence ; enclorre, c'est former autour une clôture. Une ville est enceinte de murailles ; un verger est enclos ; ce qui environne peut-être plus ou moins éloigné. Un anneau entoure le doigt ; les cieux environnent la terre.

ENCHAINEMENT, ENCHAÎNURE. Enchaînement se dit, au figuré, des objets dépendant les uns des autres ; enchainure se dit des ouvrages de l'art.

ENCHANTER, CHARMER, RAVIR. On est ravi par les plaisirs des sens ; charmé par ceux de l'esprit ; enchanté par ceux de l'esprit et du cœur. L'enchantement naît d'une admiration ou d'une joie extrême ; le charme, d'une contemplation de l'objet ; le ravissement, de sa jouissance.

ENCORE, AUSSI. Encore a plus de rapport an nombre et à la quantité, il ajoute et augmente ; aussi tient davantage de la similitude et de la comparaison : il marque la conformité, l'égalité.

ENDURANT, PATIENT. L'homme endurant souffre avec constance, par prudence, faiblesse ou lâcheté ; l'homme patient souffre avec modération. On peut être endurant sans être patient.

ENFANTER, ACCOUCHER, ENGENDRER. Enfanter ne s'emploie que dans le style sérieux. La Vierge enfanta un fils. Accoucher marque l'action de mettre l'enfant au monde ; engendrer se dit des deux sexes qui contribuent à la génération. Au figuré, on se sert d'enfanter pour un ouvrage, soit de la plume, soit de la main ; accoucher est employé pour les productions instantanées de l'esprit ; engendrer se dit de ce qui est l'effet de l'humeur. Un auteur a enfanté un livre ; un poëte,