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Page:Dictionnaire général de la langue française de François Raymond-T2-12-Synonymes.djvu/15

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DICTIONNAIRE DES SYNONYMES. 15


exprime la réitération on le redoublement de cette action. On s’éveille la première fois ; on se réveille d’un profond sommeil. Le tyran que le remords n’éveillait pas, fut réveillé par la terreur.

ÉVÉNEMENT, ACCIDENT, AVENTURE. Événement se dit, en général, de tout ce qui arrive ; accident, de ce qui arrive de fâcheux à un ou à plusieurs ; aventure se dit de ce qui arrive de bien ou de mal aux personnes, inopinément ou par suite d’intrigue.

EXCELLER ÊTRE EXCELLENT. Exceller suppose une comparaison, met au-dessus de tout ce qui fct de la même espèce, exclut les égaux et s’applique à toutes sortes d’objets ; être excellent place dans le plus haut degré, souffre des égaux, et ne souvient qu’aux choses de goût.

EXCEPTE, HORS, HORMIS. Excepté dénote une séparation par non conformité ; et hors et hormis séparent par exclusion.

EXCITER, ANIMER, ENCOURAGER. Exciter, c’est inspirer le désir ou réveiller la passion ; animer, c’est pousser à l’action déjà commencée, en empêcher le ralentissement ; encourager, dissiper la crainte ou la timidité par l’espérance d’un succès.

EXCUSE, PARDON. On fait excuse d’une faute apparente ; on demande pardon d’une faute réelle. Le bon esprit fait excuser facilement ; le bon cœur fait pardonner promptement.

EXHÉRÉDER, DÉSHÉRITER. Un père exhérède les enfants pour des causes légales ; quiconque possède quelque bien peut déshériter ses héritiers.

EXIGU, PETIT. Celui-ci se dit par comparaison à quelque chose de plus grand. La fortune d’un homme qui a 10,000 francs de rente est petite, comparée à celle de l’homme qui en a 100,000. Exigu spécifie l’insuffisance de l’avoir pour exister.

EXILER, BANNIR. L’exil est prononcé par l’autorité ; le bannissement est la peine infamante d’un délit ; l’exil est une disgrâce. Les Tarquins furent bannis de Rome par un décret public ; Ovide fut exilé par Auguste.

EXISTER, ÊTRE, SUBSISTFR. Être convient à toutes sortes de sujets, substances ou modes, à toutes les manières d’être ; exister ne se dit que des substances, pour en marquer l’être réel ; subsister, s’applique également aux substances et aux modes, mais, de plus, avec un rapport de la durée de leur être.

EXPEDIENT RESSOURCE. L’expédient est ce qui tire d’embarras ; la ressource, ce qui répare une perte. L’expédient suppose un obstacle à vaincre ; la ressource, un mal à réparer.

EXPÉRIENCE, ESSAI, ÉPREUVE. Inexpérience regarde la vérité des choses, elle éclaircit le doute et dissipe l’ignorance ; l’essai concerne l’usage des choses ; l’épreuve a rapport à la qualité des choses, elle distingue le meilleur. L’expérience est relative à l’existence, l’essai l’est à l’usage ; l’épreuve, aux attributs.

EXTÉRIEUR, DEHORS, APPARENCE. L’extérieur est ce qui se voit, il fait partie de la chose même ; le dehors est ce qui environne la chose, il en approche le plus ; l’apparence est l’effet que la vue de la chose produit. Les toits, les murs, les entrées font l’extérieur d’un château ; les fossés, les cours, les jardins et les avenues en font les dehors ; la figure, la situation et le plan en font l’apparence. Au figuré, extérieur se dit de l’air et de la physionomie ; dehors, des manières ; apparence, de la conduite.

EXTIRPER, DÉRACINER. Extirper indique l’action d’enlever avec force un corps adhérant fortement ; déraciner désigne l’action seule de détacher les racines ou les liens qui retiennent le corps, qui reste à la même place. Un ouragan déracine les arbres et ne les extirpe pas, ces arbres restent à leur place.


FABRIQUE, MANUFACTURE. La fabrique roule plutôt sur des objets d’un usage plus ordinaire ; la manufacture, sur des objets plus relevés. Des fabriques de bas ; des manufactures de glaces. La fabrique est une manufacture en petit ; la manufacture est une fabrique en grand.

FABULEUX, FAUX. Ce qui est fabuleux peut avoir une apparence de vérité ; on ne l’imagine pas pour mentir, mais pour instruire par d’agréables fictions. Ce qui est faux n’est pas vrai, il renferme un mensonge, ou du moins une erreur.

FACÉTIEUX, PLAISANT. Facétieux dit plus que plaisant. Le plaisant récrée par sa gaieté ; le facétieux réjouit par la plus grande gaieté comique.

FAÇON, FIGURE, FORME, CONFORMATION. La façon. naît du travail ; la figure, du dessin ; la forme, de la construction ; la conformation ne se dit que des parties du corps animal, elle naît de leur rapport.

FAÇON MANIÈRE. Là façon donne la forme à un ouvrage, à une action ; la manière donne un tour particulier à l’action, à l’ouvrage. Chaque art a sa façon ; chaque ouvrier a sa manière.

FAÇONS, MANIÈRES. Façons expriment l’affectation, l’étude, la minauderie ; les manières sont naturelles, elles tiennent beaucoup au caractère et à l’éducation.

FACTION, PARTI. Faction annonce une machination secrète et active ; parti n’exprime qu’un partage d’opinions. Faction est toujours odieux.

FADE, INSIPIDE. Ce qui est fade ne pique pas le goût ; ce qui est insipide ne touche point.

FAIBLE, FAIBLESSE. Les faibles sont la cause ; les faiblesses sont l’effet. Un faible est un penchant innocent ; une faiblesse est toujours répréhensible. Un père qui a un faible pour l’un de ses enfants, a la faiblesse de le gâter.

FAIDLE (ÊTRE), AVOIR DES FAIBLESSES. Nous sommes faibles par la -disposition habituelle de manquer, soit aux lumières de la raison, soit aux principes de la vertu ; nous avons des faiblesses, quand nous y manquons par quelque cause différente de cette disposition. Personne n’est exempt d’avoir des faiblesses ; mais tout le monde n’est pas faible.

FAIBLE, DÉBILE. Le sujet faible n’a pas assez de force ; le sujet débile est d’une grande faiblesse. Le premier remplit une certaine carrière ; mais le second ne la remplit que difficilement.

FAIBLE, INCONSTANT, LÉGER, VOLAGE, INDIFFÉRENT. Une femme faible est celle dont le cœur combat la raison ; une inconstante n’aime plus ; une légère en aime déjà un autre ; une volage ne sait si elle aime, ni ce qu’elle aime ; une indifférente n’aime rien.

FAIM, APPÉTIT. La faim n’a rapport qu’au besoin ; l’appétit a plus de rapport au goût. La faim est pressante ; l’appétit est plus délicat. La faim ne se dit guère que des aliments ; l’appétit se dit des objets qui satisfont la volupté. La faim pourrait se dire de l’esprit comparé à l’estomac.

FAIRE, AGIR. On fait une chose ; on agit pour la faire. Faire suppose un but ; agir n’a d’autre objet que l’action.

FAIX, CHARGE, FARDEAU. V. CHARGE.

FALLACIEUX, TROMPEUR. Trompeur est un mot générique et vague qui exprime tout ; fallacieux désigne la fausseté, la fourberie, l’imposture.

FAMEUX, ILLUSTRE, CÉLÈBRE, RENOMMÉ. Fameux indique une réputation fondée sur une simple distinction du commun, soit en bien, soit en mal ; illustre, une réputation fondée sur un mérite appuyé de dignité et d’éclat ; célèbre, une réputation fondée sur un mérite de talent, d’esprit ou de science ; et renommé, une réputation fondée sur la vogue. Illustre ne se dit que des personnes.


FAMILLE, MAISON. Famille est pins de bourgeoisie ; maison est plus de qualité. On dit, être d’honnête famille, et de bonne maison. Les familles se font remarquer par les alliances ; les maisons, par les titres.

FAMINE, DISETTE. La famine est causée par la disette de vivres.

FANÉ, FLÉTRI. Le second enchérit sur le premier : une fleur fanée peut reprendre son éclat ; une fleur flétrie n’y revient plus. La beauté se fane par le temps, et se flétrit par accident.

FANTASQUE, BIZARRE, CAPRICIEUX, QUINTEUX, BOURRU. Fantasque dit quelque chose de difficile ; bizarre, quelque chose d’extraordinaire ; capricieux, quelque chose d’arbitraire ; quinteux, quelque choyé de périodique ; bourru, quelque chose de maussade.

FAROUCHE, SAUVAGE. On est farouche par caractère ; sauvage, par défaut de culture. Le farouche, épouvante la société ; le sauvage en a peur.

FAT, IMPERTINENT, INSOLENT. Le fat est un sot vain et maniéré ; l’impertinent est un fat outré, il offense, il est offensé ; l’insolent est hardi, vain, injurieux. L’impertinent est toujours ridicule ; le fat ennuie ; l’insolent est odieux.

FATAL, FUNESTE. Le premier est un effet du sort ; le second, une suite inévitable du crime. Fatal désigne une combinaison dans les causes inconnues, qui fait arriver le mal ; funeste présage des accidents plus grands et plus accablants.

FAUT (IL.), IL EST NÉCESSAIRE, ON DOIT. La première de ces expressions marque une obligation de complaisance, de coutume ou d’intérêt ; la seconde, une obligation essentielle et indispensable ; la troisième désigne une obligation de raison, de bienséance, de devoir.

FAUTE, DÉFAUT, DÉFECTUOSITÉ, VICE, IMPERFECTION. Faute a rapport à l’auteur de la chose ; défaut exprime le mal qu’il y a dans la chose ; défectuosité marque le mal qui unit au but ou au service de la chose ; vice indique un mal du fond même ; imperfection s’applique à un mal de moindre conséquence.

FAUTE, CRIME, PÉCHÉ, DÉLIT, FORFAIT. La faute tient de la faiblesse humaine : elle va contre les règles du devoir ; le crime part de la méchanceté, il offense la nature ; le péché est contraire aux préceptes de la religion ; le délit est une transgression de la loi civile ; le forfait vient d’une scélératesse profonde. V. CRIME.

FAVORABLE, PROPICE. Ce qui nous seconde ou nous sert nous est favorable ; ce qui nous protège on nous assiste nous est propice. Un supérieur nous est favorable ; Dieu nous est propice.

FÉCOND, FERTILE. Fécond donne l’idée de la cause ou de la faculté de produire ; fertile, celle de l’effet. Une pluie, nue chaleur féconde des moissons fertiles. Un génie fécond crée ; un écrivain fertile écrit beaucoup.

FÉLICITATION, CONGRATULATION. Les félicitations ne sont que des discours obligeants sur un événement heureux ; les congratulations sont des témoignages du plaisir qu’on ressent. La politesse félicite ; l’amitié congratule.

FERMETÉ, CONSTANCE. La fermeté est le cou. rage de suivre ses desseins ; la constance est une persévérance dans ses goûts et ses désirs. La légèreté et la facilité sont opposées à la constance ; la fragilité et la faiblesse sont opposées à la fermeté.

FERMETÉ, ENTÊTEMENT, OPINIÂTRETÉ. L’homme ferme soutient et exécute avec vigueur ce qu’il croit vrai et conforme à son devoir ; l’entêté n’examine rien, son opinion fait sa loi. On réduit un entêté par la flatterie ; l’opiniâtre est inflexible : son amour-propre l’identifie avec ses propres pensées. Fermeté se dit uniquement de l'âme, de l’esprit, et constance y ajoute le cœur