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Page:Dictionnaire général de la langue française de François Raymond-T2-12-Synonymes.djvu/16

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16 DICTIONNAIRE DES SYNONYMES.


ou est ferme dans ses résolutions ; constant dans ses goûts, ses affections.

FICTIF, FICTICE. Fictif est ce qui, par fiction, représente, simule ; fictice est ce qui est feint. Un portrait est une chose fictive, et c’est la personne fictice ou figurée.

FIERTÉ, DÉDAIN. La fierté est fondée sur l’estime qu’on a de soi-même ; le dédain, sur le peu de cas qu’on fait des autres.

FIN, DÉLICAT. Il suffit d’avoir assez d’esprit pour concevoir ce qui est fin ; mais il faut encore du goût pour entendre ce qui est délicat. Fin est d’un usage plus étendu ; délicat s’emploie pour les choses flatteuses. On dit une satire fine, une louange délicate.

FIN, SUBTIL, DÉLIÉ. Un homme sin marche avec précaution par des chemins couverts ; un homme subtil avance adroitement par des voies courtes ; un homme délié va d’un air libre et aisé par des routes sûres. La défiance rend fine l’envie de réussir et la présence d’esprit rendent subtil l’usage du monde rend délié.

FINESSE, DÉLICATESSE. La finesse laisse apercevoir sa pensée, sans l’exprimer directement ; la délicatesse exprime des sentiments doux et agréables, des louanges fines.

FINESSE, PÉNÉTRATION, DÉLICATESSE, SAGACITÉ. La pénétration fait voir en grand et profondément ; la finesse, plus superficiellement et en détail ; la délicatesse est la finesse du sentiment, c’est une perception vive et rapide de ce qui échapperait à d’autres. La sagacité est dans le tact de l’âme, c’est une pénétration soudaine qui touche au but. La finesse examine ; la pénétration voit et saisit promptement ; la sagacité prévoit.

FINESSE, RUSE, ASTUCE, PERFIDIE. La ruse emploie la fausseté ; la finesse s’enveloppe adroitement, elle découvre les pièges ; l’astuce est en petit la finesse qui veut nuire. La finesse est jointe à la méchanceté dans l’astuce ; à la fausseté, dans la ruse. La perfidie est une fausseté noire et profonde, un abus de la confiance ; elle meut des ressorts cachés, et tend des pièges pour perdre.

FINESSE, SUBTILITÉ. Ce qui est trop fia devient subtil ; dans les pensées, dans la conduite, la finesse tient de l’adresse, et même de la ruse ; la subtilité tient de la fausseté, même de la perfidie. On peut être fin sans être fripon ; on ne peut être fripon sans subtilité. La finesse exige de l’art et de la réflexion ; la subtilité, de l’adresse et de la présence d’esprit. On tend un piège avec finesse ; on y échappe avec subtilité.

FINIR, CESSER, DISCONTINUER. On finit en achevant l’ouvrage ; on cesse en l’abandonnant ; on discontinue en l’interrompant momentanément.

FISC, TRÉSOR PUBLIC. Le premier se dit du trésor du prince ; le second, du trésor de l’État.

FLATTEUR, ADULATEUR. r. ADULATEUR. FLEXIBLE, SOUPLE, DOCILE. Flexible, qui fléchit, que l’on peut fléchir ; souple, qui plie avec facilité en tout sens ; docile, qui reçoit l’instruction. Au figuré, l’homme flexible se prête ; l’homme souple se plie et se replie ; l’homme docile se rend. Le complaisant est flexible ; le flatteur est souple ; l’homme simple est docile.

FOLÂTRE, BADIN. L’humeur folâtre fait agir avec assez d’agrément pour se passer de raison ; l’esprit badin fait jouer sur les choses, en égayant la raison : le folâtre est plus sémillant, le badin est plus plaisant. On ne folâtre pas sans des manières folâtres ; on badine quelquefois sans en avoir l’air, et on n’en badine que mieux.

FONDER, ÉTABLIR, INSTITUER, ÉRIGER. Fonder, c’est donner le nécessaire pour la subsistance, il exprime des libéralités ; établir accorde une pince, une résidence, il se dit de l’autorité,


du gouvernement ; instituer, c’est créer et former ; ériger, c’est augmenter la valeur, les dignités.

FORCE, ÉNERGIE. Énergie dit plus que force, et s’applique principalement aux discours qui peignent, et au caractère du style. On dit une peinture énergique, et des images fortes.

À FORCE, A FORCE OUVERTE, A FORCE DE BRAS, DE FORCE, DE VIVE FORCE, PAR FORCE, A TOUTE FORCE. Façons de parler adverbiales. On dit prendre une fille de force, la violer ; à force ouverte, de vive force ; par force, avec violence ; à force de bras, avec le secours des forces corporelles ; à toute force, par toutes sortes de moyens, à tout prendre.

FORT, TRÈS. Fort a une propriété intensive, très, nue extensive. Ainsi un homme fort savant possède une science profonde ; un homme très-savant, une science étendue.

FORTUITEMENT, ACCIDENTELLEMENT. Accidentellement, par accident ; fortuitement, par cas fortuit. Ce qui arrive accidentellement est un événement qui survient contre l’attente ; ce qui arrive fortuitement est au-dessus de toute prévoyance, et tient à des causes inconnues.

FORTUNÉ, HEUREUX. Heureux se dit de tous les genres de biens et de bonheur ; fortuné distingue le bonheur singulier et les grâces signalées. On est heureux par les bienfaits de la nature ; on est fortuné par des événements. L’homme que la fortune va trouver est fortuné ; l’homme qu’elle laisse en paix est heureux. Les biens rendent fortuné, lors même qu’ils ne rendent pas heureux. La satisfaction intérieure rend heureux sans rendre fortuné. Celui à qui tout rit et tout succède est fortuné ; celui qui est content de son sort et de lui-même est heureux.

FOU, EXTRAVAGANT, INSENSÉ, IMBÉCILE. Le fou manque par la raison, il suit la seule impulsion mécanique ; l’extravagant manque par la règle, et suit ses caprices déréglés ; l’insensé manque par l’esprit, et marche sans lumières ; l’imbécile manque par les organes, il agit sans aucun discernement, par le mouvement d’autrui.

FOUDRE (LE), FOUDRE (LA). La foudre est un trait électrique qui part d’une nuée, et frappe la terre. Un héros est un foudre de guerre, il anéantit ses ennemis, comme la foudre anéantit tout ce qu’elle touche,.

FOUETTER, FUSTIGER, FLAGELLER. On attache à fouet l’idée de la peine ; à la fustigation, celle de correction ; à la flagellation, celle de pénitence.

FOURBE, FOURBERIE. La fourbe est le vice ; la fourberie est l’habitude, l’action du fourbe.

FOURVOYER (SE), ÉGARER (s'), Se fourvoyer, c’est prendre un chemin que l’on croit le bon pour le véritable ; s’égarer, c’est ne savoir plus quel chemin prendre. L’ambition se fourvoie souvent ; l’amour s’égare.

FRANCHISE, VÉRACITÉ. Celle-ci est la suite, l’effet de la première. L’homme franc dit la verité, et tel qui dit la vérité n’est pas toujours franc.

FRANCHISE, VÉRITÉ, SINCÉRITÉ. La franchise est dans le caractère ; la vérité, dans le discours ; la sincérité, dans le sentiment. Un homme franc qui aime sincèrement, le dit avec vérité,

FRÊLE, FRAGILE. Fragile exprime la faiblesse du tout, et la raideur des parties ; frêle exprime la faiblesse du tout, mais la mollesse des parties. On dit un verre fragile, un frêle roseau.

FRÉQUENTER, HANTER. La foule fréquente des lieux, des places ; les particuliers hantent des personnes, des assemblées. Hanter exprime une habitude, une fréquentation familière qui influent sur nous.

FRIAND, GOINFRE, GLOUTON, GOULU, GOURMAND. Le friand aime, recherche, connait et savoure les morceaux délicats ; le gourmand aime à


faire bonne chère ; le goinfre, mange avidement il se gorge de tout ; le goulu avale plutôt qu’il ne mange ; mais le glouton, plus vorace, semble tout engloutir.

FRIVOLE, FUTILE. La chose frivole manque de solidité ; la chose futile, de consistance. La première ne peut subsister long-temps ; la seconde ne peut produire l’effet qu’on attend. L’homme frivole s’occupe sérieusement de petites choses ; l’homme futile parle et agit inconsidérément.

FUGITIF, FUYARD. Le fugitif a été fuyard dans le moment où il fuyait ; il est fugitif, lorsqu’il est parvenu au lieu de sa retraite chez l’ennemi. Des troupes accoutumées à tourner le dos sont fuyards ; si elles passent à l’ennemi, ce sont des. : fugitives. On ramène les fuyards ; on pend les fugitifs repris.

FUIR, ÉVITER, ÉLUDER. On fuit les personnes et les choses qu’on craint, qu’on a en horreur ; on évite les choses qu’on ne veut pas rencontrer et les personnes qu’on ne veut pas voir, ou dont on ne veut pas être vu ; on élude les questions auxquelles on ne veut pas, ou l’on ne peut pas répondre.

FUNÉRAILLES, OBSÈQUES. Funérailles marque le deuil ; et obsèques, le convoi. La douleur préside aux funérailles ; la piété conduit les obsèques.

FUREUR, FURIE. La fureur est un feu ardent ; la furie, une flamme éclatante. On contient sa fureur, on s’abandonne à la furie. La furie est l’accès de la fureur. Furie marque les plus grands excès ; on dit une noble fureur.

FURIES, EUMÉNIDES. Les Furies punissent la crime ; les Euménides châtient les coupables. Les Furies poursuivent les criminels pour venger la justice ; mais les Euménides les frappent pour les ramener à l’ordre. Le nom de Furie exprime les remords vengeurs qui déchirent et désespèrent ; celui d’Euménides, les remords qui corrigent.

FURIEUX, FURIBOND. Furieux dénote l’accès de furie ; et furibond, la disposition à cet accès. Le furibond est souvent furieux.

GAGER, PARIER. On gage quand il s’agit de vérifier et de prouver un fait, une opinion ; on parie quand il s’agit d’événements contingents, douteux. Un lutteur gage contre un autre de le terrasser ; les spectateurs parient pour l’un ou pour l’autre. La gageure est une espèce de défi qu’on accepte moyennant le gage convenu ; pari est une espèce de jeu joué, ou censé joué but à but. Le défi de la gageure ressemble à celui du combat judiciaire, où l’assaillant jetait son gage de bataille ; le jeu du pari ressemble à celui de pair ou non, où l’on met son argent au hasard d’un événement quelconque.

GAGES, APPOINTEMENTS, HONORAIRES. Gages ne se dit qu’à l’égard des domestiques et des gens qui se louent pour des occupations serviles ; appointements se dit de tout ce qui est place ; honoraires a lieu pour les maîtres qui enseignent, pour ceux à qui on a recours pour en obtenir quelque conseil, on quelque autre service honorable. Gages marque toujours quelque chose de bas ; appointements n’a point cette idée ; honoraires éveille l’idée contraire.

GAI, GAILLARD. Gaillard diffère de gai, en et qu’il présente l’idée de la gaité jointe à la bouffonnerie, à la licence. Un propos gaillard est toujours gai ; un propos gai n’est pas toujours gaillard.

GAI, ENJOUÉ, RÉJOUISSANT. On est gai pai l’humeur ; on est enjoué par le caractère d’esprit réjouissant, par les façons.

GAIN, PROFIT, LUCRE, ÉMOLUMENT, BÉNÉFICE. Le gain est très-casuel ; le profit est plus sûr, il est le produit des fonds, de l’industrie : le lucre consiste dans un rapport à l’intérêt satisfait ; l’émolument exprime les appointements de