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Page:Dictionnaire général de la langue française de François Raymond-T2-12-Synonymes.djvu/8

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8 DICTIONNAIRE DES SYNONYMES.

CIVILITÉ, POLITESSE. La civilité est un témoignage extérieur et sensible des sentiments intérieurs et cachés ; la politesse ajoute à la civilité ; c’est un cérémonial qui a ses règles de convention ; elle consiste à dire et à faire tout ce qui peut plaire, avec des manières nobles et délicates. Un simple paysan peut être civil ; la politesse suppose de l’éducation. V. POLITESSE.

CIVILITÉ, POLITESSE, AFFABILITE. Celle-ci n’est, à proprement parler, que dans l’air du visage ; un sourd et muet, aveugle et perclus, peut être affable. La politesse y ajoute les paroles, les gestes, et toutes deux réunies sont le fait des hommes civilisés, et polis par l’usage.

CIVISME, PATRIOTISME. Par le patriotisme, on aime sa patrie ; par le civisme, on se consacre entièrement à elle. Le civisme est la conduite ; le patriotisme est le sentiment qui la dirige.

CLARTÉ, PERSPICACITÉ. La clarté tient aux choses ; elle naît de la distinction des idées ; la perspicacité dépend de la manière dont on s’exprime, elle naît des bonnes qualités du style.

CLOÎTRE, COUVENT, MONASTÈRE. L’idée propre du cloître est celle de clôture ; l’idée de couvent, celle de communauté ; l’idée de monastère, celle de solitude. On s’enferme dans un cloître ; on se met dans un couvent ; on se retire dans un monastère.

CLORRE, FERMER. La clôture est plus vaste, plus rigoureuse, plus stable, que la fermeture. Une fenêtre est fermée, et elle peut n’être pas bien close.

CLYSTÈRE, LAVEMENT, REMÈDE. Clystère n’a plus lieu que dans le burlesque ; lavement, que dans les auteurs ; on ne dit plus que remède.

CŒUR, COURAGE, VALEUR, BRAVOURE, INTRÉPIDITÉ. Le cœur bannit la crainte ; le courage est impatient d’attaquer ; la valeur agit avec vigueur ; la bravoure court au danger, préfère l’honneur à la vie, on la mort à la crainte ; l’intrépidité affronte le péril le plus évident. Le cœur soutient dans l’action ; le courage fait avancer ; la valeur fait exécuter ; la bravoure fait qu’on s’expose ; l’intrépidité fait qu’on se sacrifie.

COLÈRE, COURROUX, EMPORTEMENT. La colère marque une passion intérieure et de peu de durée ; le courroux tient de la supériorité, respire la vengeance ou la punition ; il est d’un style plus relevé ; l’emportement est un monvement de colère qui éclate et passe promptement. Tous trois expriment une disposition de l’âme trop fortement agitée par quelque chose qui la contrarie, ou lui résisté. L’ordre même des mots exprime la gradation de l’émotion des sèntimcnts. Le courroux est la marque ordinaire, extérieure de la colère, l’emportement en est l’excès ; le courroux, plus noble, peut cependant n’être pas exprimé. C’est une tempête intérieure qui devient emportement lorsqu’elle fait explosion.

COLÈRE, COLÉRIQUE. Colère marque le fait ; colérique, l’inclination. Un homme est colère, et il a l’humeur colérique. L’humeur colérique rend colère. On peut être colérique sans être colère, et colère sans être colérique.

COMMANDEMENT, ORDRE, PRÉCEPTE, INJONCTION, JUSSION. Commandement exprime avec plus de force l’exercice de l’autorité ; ordre a plus de rapport à l’instruction ; précepte indique l’empire sur les consciences ; injonction désigne le pouvoir dans le gouvernement ; jussion renferme une idée de despotisme.

COMMENTAIRE, CLOSE. La glose est plus littérale, et se fait presque mot a mot ; le commentaire est plus libre, et moins scrupuleux à s’écarter de la lettre.

COMMERCE, NÉGOCE, TRAFIC. Le commerce est l’échange de valeurs pour valeurs ; le négoce est

une partie du commerce exercée par des gens voués à cette profession ; le trafic fait passer les marchandises de mains en mains ; c’est le service du négoce. Une nation fait le commerce ; une compagnie fait nn négoce ; le revendeur fait un trafic.

COMMIS, EMPLOYÉ. Le commis a nne commission, il a ses instructions ; l’employé a un emploi, il obéit à un chef. Le commis dirige, l’employé agit. On parle de la fortune des commis puissants ; on plaint le sort des pauvres employés.

COMPLAIRE, PLAIRE. Complaire, c’est agir dans la vue d’être agréable à quelqu’un ; plaire. c’est effectivement être agréable : le premier est un moyen de parvenir au second.

COMPLAISANCE, DÉFÉRENCE, CONDESCENDANCE.

La complaisance est le désir de complaire ; la déférence est l’acquiescement aux volontés des autres ; la condescendance nous fait quitter notre supériorité, notre autorité, pour nous prêter à leur satisfaction.

CONCLUSION, CONSÉQUENCE. La conclusion est la proposition qui suit les prémisses ; la conséquence est la liaison de la conclusion avec les prémisses.

CONCUPISCENCE, CUPIDITÉ, AVIDITÉ, CONVOITISE. La concupiscence est la disposition habituelle TISE. La concupiscence est la disposition habituelle de l’âme à désirer les biens sensuels ; la cupidité est un désir violent ; l’avidité, un désir insatiable ; la convoitise, un désir illicite de ces biens.

CONDITION, ÉTAT. La condition a rapport au rang ; l’état, à la profession.

CONDUIRE, GUIDER, MENER. On conduit et l’on guide ceux qui ne savent pas les chemins ; on mène ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas aller seuls. La tête conduit ; l’œil guide ; la main mène.

CONFÉRER, DÉFÉRER. On dit l’un et l’autre, en parlant des dignités et des honneurs que l’on donne. Conférer est une acte d’autorité ; déférer est une acte d’honnêteté.

CONFIER (SE), FIER (SE). On se confie à un guide, à un conducteur, à un pilote : de son adresse dépend le sort de celui qui se confie à lui ; on se fie à un dépositaire, à un ouvrier, à un marchand. Dans un autre sens, on se confie à un confesseur, à un médecin, à un homme de loi ; on se fie à la probité, à un ami.

CONFISEUR, CONFITURIER. Le confiseur fait les confitures ; le confiturier les vend.

CONFRÈRE, COLLÈGUE, ASSOCIÉ. Les confrères sont d’un même corps ; les collègues travaillent à une même opération ; les associés ont un objet commun d’intérêt.

CONFUS, DÉCONCERTÉ, INTERDIT. La honte d’un mensonge dévoilé rend confus ; une repartie vive, brusque on piquante déconcerte ; le respect qu’inspire la grandeur, jointe au mérite, rend interdit.

CONNEXION, CONNEXITÉ. La connexité ne dénote qu’un simple rapport ; la connexion énonce une liaison effective, fondée sur ce rapport. Par la connexité, les choses sont faites pour être ensemble ; par la connexion, elles le sont.

CONNAISSANCE, SCIENCE. Dans une science, les faits sont une suite nécessaire des principes existant indépendamment de ces faits, qui ne sont que des conséquences des principes ; dans une connaissance, ce qu’il convient à quelques auteurs

qui en traitent de nommer principes, ne sont au contraire que les conséquences d’une multitude de faits analogues, contrariés par de nombreuses exceptions. On donne le nom pompeux de science à de simples connaissances, telles que la botanique, qui n’a que des faits sans principes fixes, sans rai. ~onnements : les mathématiques, la physique sont des sciences dont les principes im-

muables existent indépendamment des faits. le connaissances n’exigent que de la mémoire et a esprit d’ordre ; pour acquérir une science, il fan presque toutes les qualités de l’esprit. Les vrai savants sont de grands hommes.

CONSEIL, AVIS, AVERTISSEMENT. Un ami ~donne des conseils ; un supérieur, des avis ; la mort d’m parent est un avertissement. (D’Alembert.)

CONSENTEMENT, CONVENTION, ACCORD. Den particuliers, d’un commun consentement, ont fai ensemble une convention, au moyen de laquell ils sont d’accord. Ainsi le consentement est ] disposition des parties ; la convention, l’actio elle-même ; et l’accord, le résultat de l’action.

CONSENTEMENT, PERMISSION, AGRÉMENT. I consentement se demande aux personnes intére : sées ; la permission se donne par les supérieur : il faut avoir l’agrément de ceux qui ont quelqu droit sur la chose, pour en disposer.

CONSENTIR, ACQUIESCER, ADHÉRER, ~TOMU D’ACCORD. Nons consentons à ce que les autre veulent ; nous acquiesçons à ce qu’on nous prt pose ; nous adhérons à ce qui est fait et concl par d’autres ; nous tombons d’accord de ce qu’il nous dit.

CONSIDÉRABLE, GRAND. La place rend un homn considérable ; le mérite et la vertu seuls peuvei le rendre grand.

CONSIDÉRATION, RÉPUTATION. La réputation e le fruit des talents ; la considération est ~attacha à la place, au crédit, aux vertus.

CONSIDÉRATION, EGARDS, RESPECT, DÉFÉRENCE. On a du respéct pour l’autorité ; des égards po la faiblesse ; de la considération pour la ~personne de la déférence pour un avis.

CONSIDÉRATIONS, OBSERVATIONS, RÉFLEXION PENSÉES. Considérations exprime cette action 1 l’esprit qui envisage un objet sous ses différent faces ; observations exprime les remarques que 1’< fait ; réflexions regarde la conduite de la vie ; pe sées marque indistinctement les jugements 4 l’esprit.

CONSOMMER, CONSUMER. Ces deux mots ont la signification d’achever ; consumer achève détruisant le sujet, et consommer achève en mettant dans la dernière perfection.

CONSTANCE, FIDÉLITÉ. L’amant constant air constamment la même personne ; l’amant fidèle n’en aime point d’autre. Il est inconstant s’il a cessé d’aimer, mais il est fidèle ; de même constance peut n’être pas toujours accompagnée de la fidélité.

CONSTANT, FERME, INÉBRANLABLE, INFLEXIBLE. Ferme désigne un courage qui ne s’abat point, inébranlable, un courage qui résiste aux obstacles ; inflexible, un courage qui ne s’amollit point. Les trois derniers ajoutent une idée de courage constant.

CONSTRUIRE, BÂTIR. On bâtit une chaumière, on construit un palais. Construire, c’est bâtir par pièces, par parties, un édifice dont l’ensemble est bien ou mal construit. Cependant, si l’on a attention à la disposition seule des pierres, on dit d’un mur qu’il est bien ou mal construit.

CONTE, FABLE, ROMAN. Un conte est une aventure feinte, narrée par un auteur connu ; une fable est une aventure fausse et amusante dont on ignore l’origine ; un roman est une suite d’aventures supposées.

CONTENTEMENT, JOIE, SATISFACTION, PLAISIR. Le contentement regarde l’intérieur d’un œil content ; la joie en est la démonstration extérieure ; la satisfaction est un retour sur le succès ; le plaisir est une sensation agréable.

CONTENTEMENT, SATISFACTION. Le contentement est plus dans le cœur ; la satisfaction est plus da l’esprit. Le premier est un sentiment qui rend