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Page:Dictionnaire général de la langue française de François Raymond-T2-12-Synonymes.djvu/9

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DICTIONNAIRE DES SYNONYMES. 9

toujours l’âme tranquille ; le second la jette quelquefois dans le trouble.

CONTIGU, PROCHE. Des terres sont contiguës ; des arbres sont proches l’on de l’autre ; les unes se touchent, les autres ne sont séparés que par une petite distance.

CONTINU, CONTINUEL. La chose est continue par la tenue de sa constitution ; continuelle, par la tenue de sa durée. Le bruit continuel d’un moulin n’est pas continu.

CONTINUATION, CONTINUITÉ. Continuation se dit de la durée ; continuité, de l’étendue. La continuation d’une même conduite ; la continuité d’un édifice.

CONTINUATION, SUITE. On continue ce qui n’est pas achevé ; on donne une suite à ce qui l’est.

CONTINUER, PERSÉVÉRER, PERSISTER. Continuer, c’est faire comme on a fait jusque-là ; persévérer, c’est continuer sans vouloir changer ; persister, c’est persévérer avec constance ou opiniâtreté. On continue par habitude ; on persévère par réflexion ; on persiste par attachement.

CONTINUER, POURSUIVRE. Continuer marque la suite du premier travail ; poursuivre marque, avec la suite, une volonté déterminée d’arriver à la fin. On continue son voyage ; on le poursuit nonobstant les dangers.

CONTRAINDRE, FORCER, VIOLENTER. Le dernier de ces mots enchérit sur le second, comme celui-ci sur le premier. Contraindre gêne l’inclination \ forcer exprime l’atteinte portée à la liberté par une autorité puissante ; violenter exprime l’anéantissement de-la liberté par une force irrésistible. Il faut quelquefois user de contrainte à l’égard des enfants ; de force, à l’égard du peuple ; et de violence, à l’égard des libertins.

CONTRAINDRE, OBLIGER, FORCER. Ces mots désignent en général une chose que l’on fait contre son gré. On dit, le respect force à me taire, la reconnaissance m’y oblige, l’autorité m’y contraint, le mérite oblige les indifférents à le priser ; il y force un. rival juste, il y contraint l’envie.

CONTRAVENTION, DÉSOBÉISSANCE. La contravention est aux choses ; la désobéissance, aux personnes. La contravention à un règlement est ine désobéissance à l’autorité.

CONTRE, MALGRÉ, NONOBSTANT. Nonobstant marque une opposition légère : le scélérat commet le crime dans les temples, nonobstant la sainteté du lieu. Contre marque une opposition formelle, on agit contre la règle ; malgré désigne une opposition de résistance, on agit malgré les avis.

CONTREFACTION, CONTREFAÇON. La contrefaçon est l’action de contrefaire ; la contrefaçon est l’effet de cette action.

CONTREVENIR, ENFREINDRE, TRANSGRESSER, VIOLER. Contrevenir, c’est agir contre les ordres ; enfreindre, c’est agir contre dès engagements ; transgresser, c’est outre-passer les bornes fixées ar les lois ; violer, c’est agir contre les lois les lus sacrées.

CONTRITION, REPENTIR, REMORDS. La contrition regarde le péché, elle glace le cœur ; et le repentir regarde toute espèce d’action considérée comme mal, il agite l’âme ; le remords regarde le rime, il jette le trouble dans la conscience.

CONVAINCRE, PERSUADER. On est convaincu par s raisonnement, persuadé par l’éloquence ; l’un parle à l’esprit, l’autre au cœur. Souvent l’on est convaincu de la nécessité d’un sacrifice, mais faut qu’un ami persuade de le faire.

CONVENTION, CONSENTEMENT, ACCORD. La convention est née de l’intelligence entre les parties, et détruit l’idée de l’éloignement. Le consentement appose un droit et de la liberté, et fait disparaître l’opposition. L’accord produit la satisfaction réciproque, et fait cesser les contestations.


CONVERSATION, ENTRETIEN, COLLOQUE, DIALOGUE. Conversation indique un discours entre particuliers sur toutes les matières ; entretien, un discours sur une matière sérieuse et déterminée ; colloque, un discours prémédité sur des matières de controverse (le colloque de Poissy) ; dialogue désigné la manière dont s’exécutent les parties d’un discours lié.

CONVICTION, PERSUASION. La conviction est seule l’effet de l’évidence ; la persuasion est l’effet des preuves morales qui peuvent tromper. On est convaincu d’une vérité ; on peut être persuadé d’une erreur. La conviction est l’effet de la démonstration ; la persuasion, celui de l’éloquence, et souvent moins durable que le premier.

CONVIER, INVITER. On convie à un repas un ou plusieurs convives ; on invite aussi une et même plusieurs personnes, non seulement à un repas, mais à un bal, à un concert. Convier est plus amical ; inviter exige de la cérémonie.

COQUETTERIE, GALANTERIE. La coquetterie cherche à faire naître des désirs ; et la galanterie, à satisfaire les siens.

CORRECTION, EXACTITUDE. La correction tombe sur les mots et les phrases ; l’exactitude, sur les faits et les choses.

CORRIGER, REPRENDRE, RÉPRIMANDER. Celui qui corrige montre la manière de rectifier ; celui qui reprend ne fait que relever la faute ; celui qui réprimande prétend punir.

CORRUPTION, DÉPRAVATION. La dépravation dé. forme, dénature ; la corruption décompose. Ce qui est droit, parfait, se déprave ; ce qui est pur se corrompt. On dit dépravation d’esprit, et corruption de cœur.

COSMOGONIE, COSMOGRAPHIE, COSMOLOGIE. La cosmogonie est la connaissance de la formation de l’univers, la cosmographie est la science de la description de ses parties ; la cosmologie est une physique générale qui examine les résultats des faits, et tâche de découvrir les lois générales par lesquelles l’univers est gouverné. La première est conjecturale ; la seconde, descriptive ; la troisième, expérimentale.

COULER, ROULER, GLISSER. Couler marque le mouvement des fluides et des poudres impalpables ; rouler, c’est se mouvoir en tournant sur soi-même ; glisser, c’est se mouvoir en présentant la même surface.

COULEUR, COLORIS. La couleur est ce qui distingue la superficie des objets ; le coloris est l’effet particulier qui résulte de la qualité et de la force de la couleur.

COUP (TOUT-A-), TOUT D’UN COUP. Ce qui se fait tout d’un coup ne se fait ni par degrés, ni à plusieurs fois, mais peut être prémédité ; ce qui se fait tout-à-coup n’est ni prévu, ni attendu, mais se fait en nn instant, sur-le-champ.

COUPLE, PAIRE. Une paire de pigeons suffit pour peupler une volière ; une couple de pigeons ne suffit pas pour le dîner de six personnes. La’couple ne marque que le nombre ; la paire y ajoute l’idée d’une association. Un boucher achète. une couple de bœufs ; le laboureur en achète une paire.

COUR (DE), COUR (DE LA). Un homme de cour ne peut être qu’un courtisan ou l’un des grands officiers qui approchent le roi ; un homme de la cour peut n’être qu’un simple officier, même nn valet. Les amis de cour ne sont que de faux amis ; il peut s’en trouver de sincères parmi les hommes de la cour. Une femme de la cour y est fixée par sa naissance ou son état ; une femme de cour est une femme d’intrigues, etc.

COURAGE, BRAVOURE, VALEUR. Le courage est dans tous les événements ; la bravoure n’est qu’à la guerre ; la valeur est partout où il y a un péril à affronter. La bravoure vainc l’obstacle ; le courage raisonne les moyens de le détruit e ; la valeur le cherche.

COURAGE, BRAVOURE. La bravoure est dans le sang ; le courage est dans l’âme. La première est un instinct ; le second est une vertu.

COURSIER, CHEVAL, ROSSE. Cheval est le nom de l’espèce ; coursier renferme l’idée d’un cheval courageux et brillant ; rosse, celle d’un cheval vieux et usé, ou chétif.

COUTUME, HABITUDE. Le premier a rapport à l’objet, elle le rend familier ; le second, à l’action elle-même qui familiarise avec lui. On s’accoutume facilement à la laideur ; on s’habitue avec peine à servir quand on a commandé.

CRAINDRE, APPRÉHENDER, REDOUTER, AVOIR PEUR. On craint par aversion pour le mal qui peut arriver ; Ion appréhende par désir pour le bien qui peut manquer ; on redoute un adversaire ; on a peur par l’idée du danger.

CRAINTE, APPRÉHENSION, PEUR. L’appréhension est le commencement de la crainte, qui alors devient peur. En entendant gronder la foudre, on a l’appréhension de l’orage ; les éclairs donnent la crainte ; et l’éclat du tonnerre, la peur.

CRÉANCE, CROYANCE. La croyance est une opinion ; la créance est une croyance ferme, entière. La croyance n’annonce pas la conviction qu’annonce la créance. La créance a trait au crédit ; la croyance en fait abstraction.

CRÉDIT, FAVEUR. Nous avons du crédit auprès de quelqu’un lorsque notre ascendant sur lui ou sa confiance en nous détermine sa volonté suivant nos désirs ; si sa faiblesse ou sa bienveillance pour nous le dispose à faire tout ce qui peut nous plaire, nous avons sa faveur. Le crédit de Sally triompha de la faveur des maîtresses.

CREUSER, APPROFONDIR. Approfondir, c’est creuser plus avant. Au figuré, creuser a plus de rapport à l’action du travail ; approfondir, -au terme du travail et au succès.

CRI, CLAMEUR. Le dernier de ces mots ajoute à l’autre une idée de ridicule par son objet ou par son excès. Le sage respecte le cri public, et méprise les clameurs des sots. Le cri peut être la voix de plusieurs passions ; la clameur est celle de la terreur. Les cris de guerre excitent les clameurs.

CRIME, FAUTE, PÉCHÉ, DÉLIT, FORFAIT. Le péché est une faute contre la loi divine ; le délit, contre la loi humaine ; le crime, contre l’humanité ; le forfait est un crime grave ; la faute est le terme générique adouci.

CRITIQUER, CENSURER. Dire d’un système qu’il est démenti par l’expérience, c’est le censurer ; le prouver, c’est le critiquer.

CROIRE (FAIRE), ACCROIRE (FAIRE).On fait croire une chose vraie ou vraisemblable ; on fait accroire des sottises ou des mensonges.

CROIX, PEINES, AFFLICTIONS. Le premier, de style dévot, renferme les deux autres. Les croix sont distribuées par la Providence ; les peines sont des suites de l’état où l’on se trouve ; les afflictions naissent des accidents qui sout causés par le hasard.

CROYANCE, FOI. Le dernier désigne la persuasion des mystères ; la croyance des choses révélées constitue la foi. La croyance est une persuasion déterminée par quelque motif que ce puisse être ; la foi est une persuasion déterminée par l’autorité de celui qui a parlé.

CURE, GUÉRISON. On fait une cure ; on procure une guérison. La première a rapport au mal ; la seconde, à 1 état du malade. La cure n’a pour objet que les maux opiniâtres et d’habitude ; la guérison regarde les maladies légères.

DAM, DOMMAGE, PERTE. Le premier de ces trois mots n’est plus guère usité que parmi les