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cède des principes adoptés longtemps auparavant par Couperin ou par Kuhnau ; le drame musical de Wagner renie toute parenté avec le « grand opéra » et réclame l’héritage, tombé en déshérence, des premières tragédies lyriques et de la déclamation chantée ; sa recherche constante de la vérité dramatique le conduit à créer, sous le rapport du plan, des formes réalistes, auxquelles il donne pour expression tonale et harmonique des formes de style classique. L’extrême variété de formes est caractéristique de notre époque. Pour s’en convaincre, il suffit de considérer quelques-unes des œuvres les plus saillantes produites depuis un assez court laps de temps dans le genre de la symphonie à orchestre. La France y représente les traditions de la musique pure, exprimées en des formes très nouvelles par Saint-Saëns, dans sa 3e Symphonie, avec orgue (1886), par César Franck, dans sa Symphonie en ré mineur, conçue selon le plan cyclique dont ce maître a donné de splendides modèles, par d’Indy, Dukas, Magnard ; c’est en Russie et en Allemagne que se sont rencontrés les plus brillants continuateurs de la symphonie descriptive de Berlioz, ou du poème symphonique de Liszt : Rimsky-Korsakow avec Antar (1884), Sheherazade (1888) et la version orchestrale de Sadko (1891), Richard Strauss avec la Vie du héros et ensuite la Symphonia domestica 1904). Et il suffit de nommer ce petit nombre d’œuvres connues, pour faire réfléchir le lecteur à l’infinie diversité de formes du langage musical, à sa richesse, qui réunit les expressions propres à chaque époque, à chaque école, à chaque race, et à la vanité de leurs classements en genres fixes et tranchés. Dans l’enseignement de la composition, la théorie des formes se place comme conclusion et application de toutes les doctrines précédentes ; elle ne peut reposer que sur l’étude chronologique et analytique des monuments de l’art, et représente l’équivalent d’un cours supérieur de littérature, succédant à des leçons de grammaire, de logique, de versification, etc. Aussi cet enseignement ne s’est-il créé et développé qu’à l’époque moderne, lorsque la valeur des études historiques pour la formation intellectuelle de l’artiste a été enfin reconnue. Les suites d’ouvrages théoriques publiées par les professeurs Jadassohn, en allemand, et Prout, en anglais, comportent des volumes spéciaux pour l’enseignement des formes (Jadassohn, Die Formen, 1889 ; Eb. Prout, Musical Form, 1893 ; Applied forms, 1895). Le Cours de composition de V. d’Indy (vol. i, 1902, vol. ii, 1909) s’appuie principalement sur une telle étude.

Formule, n. f. Dans le chant liturgique, dessin de quelques notes appliqué uniformément en des cas déterminés, pour marquer le début, la médiation et la terminaison d’un récitatif, d’un répons-graduel, etc. Les F. primitives du récitatif liturgique romain furent déduites de celles qui étaient en usage chez les Juifs. En se développant, elles eurent une influence décisive sur la constitution des modes et sur la construction des mélodies. || Dans la musique moderne, procédé de composition passé à l’état de « lieu commun ». Les cadences terminales sont des F. conclusives d’un morceau ou de ses divisions. Les anciens agréments du chant étaient des F. ornementales, tellement stéréotypées qu’elles s’exprimaient par des signes convenus. Les F. abondent dans les parties d’accompagnement des compositions de l’époque classique, et constituent toujours le fonds de la réalisation de la basse chiffrée. On dit d’une œuvre qu’elle est formulaire, ou pleine de F. quand il y est fait un usage exagéré de procédés d’école et de coupes mélodiques banales.

Fort, (temps). Voy Mesure.

Forte, adj. ital., = fort. Locution employée pour prescrire une nuance d’intensité. On l’exprime souvent par l’abréviation , avec le superlatif ou même , pour fortissimo, très fort.

Forte chanteuse, qualification du rôle de cantatrice dramatique dans les troupes théâtrales et surtout dans les théâtres de province.

Forte-piano, n. m. Nom donné au piano dans les premiers temps de son usage, et qui exprimait sa faculté de rendre les nuances d’intensité du son.

Fortissimo, adj. ital., superlatif de forte (voy. ce mot).

Fourchette, n. f. Partie du mécanisme de la harpe qui sert à élever ou abaisser d’un demi-ton l’accord des cordes.

Fourniture, n. f. Jeu d’orgue, de la série des jeux de mutation, dans lequel chaque touche est mise en relation avec une série de tuyaux qu’elle fait parler simultanément et qui donnent, avec la fondamentale, les premiers sons harmoniques, ou partiels. On ne met plus de F. dans les orgues de peu d’importance, qui ne dépassent pas une dizaine de jeux, et l’on proportionne en général la composition de la F. à la richesse de l’instrument. La F. comprend d’ordinaire