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l’octave, deux fois redoublée, avec les quintes intermédiaires. Pour en augmenter la plénitude, on y fait entrer la tierce. Dans la facture allemande, on nomme Acuta, la F. quintuple qui, sur un do, donne sol-do-mi-sol-do, et jeu mixte ou mixture, ou sesquialtera, celle qui fait entendre avec la quinte, la tierce au-dessus de l’octave, ou dixième, ut-sol-mi. La facture de ces jeux, qui sont composés de tuyaux d’étain ou d’étoffe, réclame une justesse absolue, sans laquelle, les sons harmoniques n’étant pas absorbés complètement par le son fondamental, « tout leur effet est détruit ». À une certaine époque, il a été de mode de les qualifier de barbares, et plus d’un a disparu dans des réfections d’anciennes orgues exécutées vers le milieu du xixe s. Gevaert n’a pas eu de peine à démontrer qu’en construisant les jeux de F. les organiers des siècles anciens avaient au contraire fait preuve d’une singulière perspicacité musicale : leur travail consistait à renforcer les harmoniques, qui existent dans la nature, et contribuent à notre insu à la beauté du timbre ; ils en avaient, avant les acousticiens, deviné l’existence et compris la nécessité.

Fragment, n. m. Partie détachée d’un tout. Pendant le xviiie s. la coutume régna, à l’Opéra de Paris, de donner des spectacles coupés formés d’actes ou d’épisodes empruntés à des ouvrages différents. On donnait à ces spectacles le titre de F., F. nouveaux, F. héroïques, etc.

Française (chanson à la) ou canzon alla Francese, forme de composition usitée du xve au xviiie s. (Voy. Canzone, Suite, Toccata.)

Frappe, n. f. Partie de la cloche qui subit le choc du battant.

Frappé, participe du v. tr. frapper, pris subst. pour désigner le temps de la mesure qui se marque par l’abaissement de la main. C’est la thesis de la rythmographie antique, qui a changé de signification et correspond aujourd’hui au temps fort. (Voy. Mesure.)

Frapper, v. trans. Marquer par l’abaissement de la main les temps appuyés de la mesure. || Mettre un corps sonore en vibration par le choc. C’est le mode d’attaque de tous les instruments de percussion et des instruments dits à cordes frappées, piano, tympanon et leurs variétés.

Fredon, n. m. Ornement mélodique sans forme rigoureusement déterminée et sans signe spécial de notation. J.-J. Rousseau (1753) en fait le syn. de roulade. Mais le sens du mot est plus général et s’applique même à des motifs d’allure ornée et légère.

Fredonner, v. intr. Ajouter des fredons à une mélodie. Cette acception du mot a disparu avec l’usage même des petits ornements auxquels elle se rapportait. On a conservé celle qui est synonyme de chantonner, chanter un motif à demi-voix, et sans paroles.

Frein, n. m. Petite lame de métal pliée à angle droit et placée devant la bouche de certains tuyaux d’orgue, tels que les jeux de gambe, afin d’en rendre le son plus mordant. Le F. harmonique a remplacé dans les orgues modernes le mécanisme autrefois appelé barbe, qui donnait nom aux jeux barbus, ou vox barbata.

Fricassée, n. f. L’un des noms anciens du quolibet, ou chanson en coq-à-l’âne, formée de fragments sans suite. (Voy. Quolibet.) || Ancienne batterie de tambour, faite de coups précipités et servant à commander le rassemblement.

Frottement, n. m. Action de l’archet sur la corde. || Rencontre passagère de deux sons, produisant une dissonance inattendue. Un exemple célèbre est celui de la Sonate de Beethoven, Les Adieux, l’absence et le retour, où la superposition fragmentaire de l’accord de tonique et de l’accord de dominante produisent un F. que Fétis déclarait n’être pas de la musique :


\language "italiano"
porteeA = \relative do' {
  \key mib \major
  <mib sol,>4 r4 r2 | r2 r4 <sol mib>4 | <fa sib,>1 | <mib sol,>4 r4 r <sol' mib> |
}
porteeB = \relative do' {
  \key mib \major
  \clef bass
  <sol mib>1 | <fa sib,> | <mib sol,>4 r r <sol mib> | <fa sib,>1 |
}
\score {
  \new PianoStaff <<
    \new Staff { \porteeA }
    \new Staff { \porteeB }
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves \remove "Time_signature_engraver" }
    indent = 0\cm
    line-width = #120
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
(Beethoven, Sonate pour piano, op. 81.)

Le célèbre passage de l’entrée du cor, dans le premier morceau de la Symphonie héroïque, qui a été « corrigé » dans plusieurs éditions, produit un F. semblable :


\language "italiano"
porteeA = \relative do'' {
  \clef "treble"
  \time 3/4
  \key mib \major
   << { \voiceOne
         dob2.:16^\markup \center-align { \italic "Violons" } | dob2.:16 | \repeat unfold 5 {sib2.:16} |
      } 
      \new Voice { \voiceTwo 
         \repeat unfold 2 {lab2.:16} | \repeat unfold 5 {lab2.:16} |
      } 
   >> 
}
porteeB = \relative do {
  \clef "bass"
  \time 3/4
  \key mib \major
  \repeat unfold 4 s2. | mib2^\markup { \italic "Cor" } sol4 | mib2 sib4 | mib2. |
}
\score {
  <<
   \new Staff {  \porteeA }
   \new Staff {  \porteeB }
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves \remove "Time_signature_engraver" }
    indent = 0\cm
    line-width = #120
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
(Beethoven, 3e Symphonie, op. 55.)