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brèves durées et en accords presque simultanés, soit en accords décomposés embrassant une étendue de plusieurs octaves, soit sous l’aspect de batteries diverses. Il donne sur le piano, par le jeu alterné des deux mains, de puissants effets de sonorité :


\language "italiano"
voixSolHMusic   = \relative do''' { 
  \clef treble
  \time 4/4
  \key mib \major
  \partial 4 do4\arpeggio | sol\arpeggio lab\arpeggio mib\arpeggio fa\arpeggio | sol^\markup { \hspace #-3 \italic "sempre arpeggio" } do,2
}
voixSolBMusic   = \relative do'' { 
  \key mib \major
  <do sol mib do>4\arpeggio_\markup { \italic \bold "pp" } <sol mib do sol>\arpeggio <lab mib do lab>\arpeggio <mib do lab mib>\arpeggio <fa do lab fa\arpeggio> <sol mib do sol> do,2
} 
voixFaHMusic = \relative do { 
  \key mib \major  
  <do do,>4\arpeggio <sib sib,>\arpeggio <lab lab,>\arpeggio <sol sol,>\arpeggio <fa fa,>\arpeggio s <do' fa sol > <sol' mib do>
}
voixFaBMusic = \relative do { 
  \key mib \major
  s1 s4 \stemUp <mib, do,>4 \stemDown <re re,> <do do,>
}
\score {
  \new PianoStaff <<
    \set PianoStaff.connectArpeggios = ##t
    \new Staff = "mel" <<
      \clef "treble"
      \new Voice = "mel"  { \voiceOne \voixSolHMusic }
      \new Voice = "acc" { \voiceTwo \voixSolBMusic }
    >>
    \new Staff <<
      \clef "bass"
      \new Voice = "acc2" { \voiceOne \voixFaHMusic }
      \new Voice = "acc3"  { \voiceTwo \voixFaBMusic }
    >>
  >>
  \layout {
    \context { \Staff 
               \RemoveEmptyStaves 
               \remove "Time_signature_engraver"
    }
    \context { \Score
               \override SpacingSpanner.base-shortest-duration = #(ly:make-moment 1/32)
    }
    indent = 0\cm
    line-width = #120
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
  }
}
\header { tagline = ##f}
etc.
(C. Franck, Prélude, Choral et Fugue.)

On pratique sur les instruments à archet tous les A. qui proviennent de la décomposition d’accords à triple et quadruples cordes, exécutables sur ces instruments. Les compositeurs modernes en ont élargi l’emploi bien au delà des seuls considérations de l’accompagnement, et ils les ont fait concourir tantôt à l’expression de sentiments poussés au plus haut degré d’exaltation et tantôt à des effets descriptifs. C’est dans cette dernière acception que le mouvement incessant de grands A. montants et descendants forme dans L’Étranger, de V. d’Indy, par une peinture musicale saisissante des vagues qui s’élèvent et s’abaissent, le motif-type de l’Océan :


\language "italiano"
melody=\relative do'''' {
  \key do \major
  \time 6/4
  \tuplet 3/2 { do8[( la do,]) } \tuplet 3/2 { do8[( la do,]) } 
  \tupletDown
  \tuplet 3/2 { do8[( la do,]) } \tuplet 3/2 { do8[( la' do]) } 
  \tuplet 3/2 { do8[( la' do]) } \tuplet 3/2 { do8[( la' do]) } 
}
\score {
  <<
    \new Staff = "staff" {
      \new Voice = "melody" {
        \melody
      }
    }
  >>
  \layout {
    \context { \Staff 
               \RemoveEmptyStaves 
             }
    indent = 0\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
(D’Indy, L’Étranger.)

Arpègement, n. m. Exécution de l’arpège.

Arpéger, v. intr. Exécuter successivement les sons d’un accord.

Arpeggio, n. m. ital., = arpège, employé au lieu de signe pour prescrire l’arpègement.

Arrangement, n. m. Transport d’une œuvre musicale à une autre destination. Réduction d’une partition de chœur ou d’orchestre pour le piano ou tout autre instrument. Remaniement d’une composition pour en étendre l’accès à d’autres catégories d’exécutants, ou la conformer aux changements de la mode. La pratique des A. fut connue dès le moyen âge. Elle consistait, dans la musique vocale, en adaptations de paroles nouvelles à des airs préexistants et, dans la musique instrumentale, en transcriptions écrites ou improvisées de tous genres. Vers la fin du xve s. on arrangeait déjà pour le luth et l’orgue des chansons polyphoniques, des motets, des messes entières, comme l’on arrange aujourd’hui pour le piano les opéras et les symphonies. L’usage se perpétua et s’élargit de siècle en siècle. Bach et ses contemporains en appliquaient eux-mêmes les procédés à leurs propres ouvrages ainsi qu’à ceux d’autrui. Bach a arrangé 16 concertos de violon de Vivaldi pour le clavecin et 3 autres pour l’orgue ; il a, de plus, transformé une œuvre pour 4 violons, du même auteur, en un concerto pour 4 clavecins. Hændel plus qu’aucun autre musicien a été coutumier d’A. et d’emprunts qui allaient jusqu’au plagiat. Du moins la forme nouvelle donnée par de tels maîtres aux compositions qu’ils arrangeaient était-elle toujours de la plus haute valeur artistique. Il n’en fut pas de même pour les remaniements que l’on prit l’habitude de faire subir aux partitions d’opéras, à chaque remise à la scène. Les A. grotesques de La Flûte enchantée, de Mozart (sous le titre : Les Mystères d’Isis), par Lachnith et Kalkbrenner (1801), et du Freischütz, de Weber (sous le titre de Robin des bois), par Castil-Blaze (1824), sont restés fâcheusement célèbres. Les chefs-d’œuvre du genre oratorio n’ont pas été préservés des ravages de l’A. Quelques-uns de ceux de Hændel, après avoir été déjà réorchestrés par Mozart ou par Robert Franz, ont été remaniés par des musiciens moins autorisés, qui ont, comme, dans Jephté par ex., transposé des morceaux, supprimé des rôles, échangé des voix et introduit des fragments extraits d’autres partitions. Les A. présentés sous le titre de « Reconstitution » sont trop souvent arbitraires ou inexacts, et ceux qui consistent en une simple orchestration, presque toujours inutile. On a été, en ce genre, jusqu’à prétendre transformer en symphonies les Sonates de piano de Beethoven. Entre les mobiles qui contribuent à multiplier les A., figure