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jourd’hui le grand Caire, qui était déposée dans le temple de Vulcain. C’est de cette bibliothèque que Naucratès[1] accuse Homère d’avoir volé l’Iliade et l’Odissée, et de les avoir ensuite donnés comme étant ses propres productions. Mais la plus grande et la plus magnifique bibliothèque de l’Égypte, et peut-être du monde entier, était celle des Ptolomées à Alexandrie : elle fut commencée par Ptolomée Soter, et composée par les soins de Démétrius de Phalère, qui fit rechercher, à grands frais, des livres chez toutes les nations, et en forma, selon saint Epiphane, une collection de 54,800 volumes. Josephe dit qu’il y en avait 200,000, et que Démétrius espérait dans peu en avoir 500,000. Cependant Eusèbe assure qu’à la mort de Philadelphe, successeur de Soter, cette bibliothèque n’était composée que de 100,000 volumes. Il est vrai que sous ses successeurs elle s’augmenta par degrés, et qu’enfin on y compta 700,000 volumes : mais par volumes il faut entendre des rouleaux beaucoup moins chargés que nos volumes. Ptolomée Philadelphe acheta de Nélée, à des prix exorbitans, une partie des ouvrages d’Aristote, et un grand nombre d’autres volumes qu’il fit chercher à Rome, à Athènes, en Perse et en Éthiopie. Un des plus précieux morceaux de sa bibliothèque était l’écriture sainte qu’il fit déposer dans le principal appartement, après l’avoir fait traduire en grec, par 72 interprètes que le grand-prêtre Éléazar avait envoyés à cet effet à Ptolomée, qui les avait fait demander par Aristée, homme très-savant et capitaine de ses gardes. Un de ses successeurs nommé Ptolomée Phiscon, prince d’ailleurs cruel, ne témoigna pas moins de passion pour enrichir la bibliothèque d’Alexandrie. On raconte de lui que, dans un temps de famine, il refusa aux athéniens les bleds qu’ils avaient coutume de tirer de

  1. Voyez le Manuel Bibliographique. Traité des bibliothèques, pag. 2.