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en abréviations, qui étaient une espèce de chiffres à peu près semblables aux notes de Tiron (voyez Tiron). Par ce moyen, on écrivait plus vite, et l’on pouvait suivre celui qui dictait. Ceux qui écrivaient en notes s’appelaient notaires, et ceux qui copiaient proprement ces notes ou les actes qu’elles renfermaient, calligraphes. Eusèbe[1] et saint Grégoire de Naziance donnent ce nom aux copistes qui commerçaient de leur travail en ce genre. Il est parlé des calligraphes dans le second concile de Nicée. Néophyte et Théopempte sont d’anciens calligraphes des Xe et XIe siècles. Montfaucon a donné un catalogue alphabétique de tous les calligraphes connus[2]. On peut encore consulter, à ce sujet, les Glossaires de Fabrot sur Téophilacte, Simocatta, et sur Cédrenus. On a fait dernièrement une découverte qui a rapport à la calligraphie : un capitaine suédois a inventé une machine à l’aide de laquelle on fait deux copies à la fois d’un même ouvrage, et, si l’on veut, en formats différens ; l’essai de cette machine a été fait en présence de l’académie de Stockolm, et a parfaitement réussi. Cette opération n’exige que le temps qu’il faut ordinairement pour faire une seule copie. Le mécanisme n’est pas encore connu ; mais il est présumable que c’est une espèce de pantographe. Un de mes amis a vu, à l’abbaye de Salem en Souabe, un instrument inventé par un religieux de cette abbaye : cet instrument est encore plus précieux que celui du capitaine suédois, car on en obtient cinq copies à la fois : il est en acier avec des spirales en cuivre : on ne peut s’en servir que sur une surface parfaitement unie ; l’épaisseur d’une feuille de papier placée mal à propos en dérangerait l’effet ; l’encre est d’une composition particulière, et parait moins fluide que l’encre ordinaire.

  1. Voyez Histoire ecclés. VIe liv. Chap. 17.
  2. Voyez Palæographie, liv. Ier. Chap. 8.