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exerça d’abord son art ; et, en 1521, il y donna les Commentaires latins de Jacques Lefevre, sur les quatre évangiles. Il parait que cette même année, il s’établit à Paris ; car on connaît l’ouvrage latin des Femmes illustres et mémorables, imprimé par lui, sous la date de 1521, et sous l’indication de Paris. Il composa, en 1533, un livre intitulé : Grammatographia, ouvrage rare aujourd’hui, dans lequel il y a des tables ou des cartes sur lesquelles sont des lettres en très-gros caractères, pour faciliter aux enfans les élémens de la lecture. Il a donné à Paris, en 1541, la Bible latine in-folio, pour Galiot Dupré. Il mourut en 1547. Les derniers ouvrages sortis de ses presses portent la date de 1546.

CONTRE-FAÇON, on dit aussi contrefaction. On appelle ainsi toute impression faite en fraude et sans le consentement de l’auteur, du libraire ou imprimeur, seuls autorisés à publier un ouvrage. La contrefaçon est un vol manifeste, contre lequel les lois ont porté des peines peut-être trop douces. Ce brigandage typographique est si commun en France, qu’un imprimeur ou un libraire qui entreprend un ouvrage fait entrer dans ses calculs les contrefaçons qu’on fera circuler dans le commerce. Avant la révolution, il n’y avait guère en France que Rouen et Lyon où l’on vit des contrefaçons, encore le faisait-on très-secrettement : à Bruxelles, à Liège et en Suisse, on imprimait ouvertement des ouvrages dont le manuscrit avait souvent coûté fort cher aux imprimeurs de Paris. Maintenant, en France comme chez l’étranger, on ne se fait nul scrupule de se livrer à ces spéculations frauduleuses, et le nombre des contrefaçons va à l’infini. M. Vetterlein, dans un ouvrage qu’il vient de publier sous le titre de Manuel de la littérature poétique des allemands, voue à l’indignation publique les contrefacteurs, ces corsaires de la littérature, qui défigurent les ouvrages dont ils volent le produit, et trompent la bonne foi des