Page:Dictionnaire raisonné de bibliologie Tome 1.djvu/42

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on lui en doit seize : Palamède en inventa quatre à la guerre de Troie, l’an du monde 2800 ; et Simonides, 650 ans après cette guerre, en inventa quatre autre, ce qui porte maintenant l’alphabet grec à 24 caractères[1] ; mais les huit dernières sont moins de nouvelles lettres que des composés de signes simples. Quand à l’alphabet latin, différens auteurs ont prétendu que plusieurs lettres de cet alphabet, telles que le G, le K, le Q, l’R, l’X et l’F, ont des inventeurs particuliers, plus ou moins postérieurs à la découverte de la totalité de cet alphabet ; mais ils ne donnent aucune preuve de leurs allégations ; il est bien plus certain que l’alphabet latin a toujours été tel qu’il est, à l’exception de l’Y et du Z, qui sont tirés de l’alphabet grec, et dont l’adoption doit remonter à deux siècles avant Auguste : depuis ce temps on n’y a pas touché, ou on l’a fait sans fruit, ainsi qu’on le voit par les vains efforts de l’empereur Claude, pour faire recevoir trois lettres de son invention, dont l’une, avec la forme d’une F renversée, devait servir à distinguer le v de l’u ; l’autre était un anti-sigma de la forme de deux c adossés, avec la valeur de ps ou bs, et l’on ne connaît ni la forme, ni la valeur de la troisième. On ne se servit de ces trois caractères que pendant la vie de cet empereur. Il en fut de même de l’invention de Chilperic Ier, roi de France, en 580 ; il ajouta quatre lettres à l’alphabet, par une loi qu’il fit publier par-tout le royaume ; et l’on ne connaît au juste ni la valeur, ni la forme de ces élémens, ni de quel langage ils ont été tirés. En général, on peut donc dire que

  1. Les vingt-quatre lettres furent reçues d’abord en Ionie. Ce ne fut qu’après la mort d’Euripide, et sous l’archontat d’Euclide, que les attiques se servirent des huit dernières. D’où il suit qu’avant Euripide et d’autres poëtes anciens, on écrivait le grec autrement qu’on ne le voit maintenant dans les imprimés, et que, dans les mots primitifs, on ne doit voir que les seize caractères cadméens. On ignore si Homère connut seize ou vingt lettres.