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XCVI
PRÉCIS HISTORIQUE,

Guillaume, rappelé en Angleterre par la nouvelle d’une conspiration qui s’y ourdissait contre son autorité, laisse des troupes dans le Maine, pour y maintenir son pouvoir. Sa mort, arrivée en 1100, fait ouvrir les portes du Mans à son compétiteur Hélie. La garnison s’étant retirée dans le château, ne tarda pas à capituler et à sortir de la province, qui se soumit avec joie au comte Hélie qu’elle chérissait.

Tant de troubles, de guerres, de pillages, d’incendies, de calamités de tout genre, avaient porté la misère et la désolation à leur comble, dans ce malheureux pays. On en peut juger par les lettres qu’écrivait à cette époque l’évêque du Mans Hildebert. « Nous sommes, dit-il, poussés en une si grande extrémité de maux, que nous n’avons plus de consolation que celle que nous trouvons dans une patiente résignation à la volonté de Dieu. J’ai vu le gouvernement changer six fois dans trois ans. Nous n’étions pas le maître du choix de ceux à qui nous devions obéir ; et nous nous sommes vu souvent dans la nécessité de nous parjurer, en promettant fidélité au vainqueur, au préjudice de la foi que nous avions jurée au vaincu. Plus le gouvernement était court, dans de si fréquens changemens, plus il était dur ; car ordinairement un conquérant tire de sa conquête tout ce qu’il en peut tirer, quand il prévoit qu’il ne la pourra pas garder long-tems. C’est pour lors qu’il accable le peuple avec une dureté impitoyable. Nous parlons comme gens que l’expérience a rendus savans de ce qu’ils disent. L’on n’a cessé de nous dépouiller que lorsque l’on n’a plus rien trouvé à prendre ; l’on n’a pas épargné le sanctuaire, et le sacré a été au pillage comme le profane. Les églises avaient été enrichies par la piété de nos prédécesseurs, leurs richesses ont servi d’appât aux impies pour les attirer au pillage : il ne reste plus dans notre cathédrale ni calices, ni chasubles, ni croix, ni autres ornemens nécessaires à nos fonctions. L’hôtel épiscopal, le cloître des chanoines