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CLXVIII
PRÉCIS HISTORIQUE,

service divin, la modestie dans l’église, le bon exemple et l’édification à donner aux laïques ; mais il était trop tard : le torrent était entièrement débordé.

Les succès de leurs co-religionnaires dans toute la France, inspirèrent aux calvinistes du Mans le désir de s’emparer de l’autorité dans cette ville. Pour cet effet, ils se rassemblèrent le 1.er avril 1562 à l’hôtel du Louvre, situé près du marché Saint-Pierre, chez Jean de Vignolles, lieutenant - particulier, l’un d’eux, afin de se concerter sur les moyens d’exécution. L’intention des conjurés n’était point hostile envers les habitans, car, pour éviter les excès que pourraient commettre un grand nombre de soldats, venus secrètement de Mamers et de Bélesme, pour se réunir à eux, il fut résolu que Vignolles et Bouju sieur de Verdigny, premier lieutenant-criminel du Maine, se saisiraient des clés de la ville, et qu’en même temps on établirait aux portes des capitaines de leur parti. Louis Dagues était alors connétable du Mans : c’était une dignité créée lors des guerres des princes Normands dans le Maine, et qui avait toujours subsisté jusqu’alors ; le connétable était choisi comme un homme de confiance par excellence, à qui les clés de la cité étaient confiées, et mises en sûreté entre ses mains ; c’est à ce titre que Dagues en était dépositaire. Mais étant absent alors pour le service du cardinal de Bourbon, dont il était un des officiers, on profita de son absence, pour contraindre Renée de Landisson, sa femme, à les livrer. Alors, les portes furent fermées sur le champ, des corps-de-garde y furent placés, la place d’armes fut établie sur le marché Saint-Pierre, d’où partaient continuellement des patrouilles, pour empêcher le tumulte et le soulèvement des habitans dans les quartiers éloignés. C’est ainsi que le vendredi de la semaine de Pâques, troisième jour d’avril, les chefs calvinistes, au nombre desquels nous devons désigner Jean de Champagne, sire de Pescheseul, et Jean de Boisjourdan, se rendirent maîtres de la place sans coup férir, et sans aucunes voies de fait.