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CLXXXVI
PRÉCIS HISTORIQUE,

dans le même pays. Ces deux gentilshommes, la Curée et le Vasseur, ayant fait connaître à Miron l’état fâcheux du pays, et combien il était nécessaire de le débarrasser des bandes de brigands, voleurs et assassins qui l’infestaient, et dont le repaire ordinaire était dans les paroisses de Courdemanche et de S.-Vincent-du-Lorouer ; Miron feignit de se rendre à leurs remontrances, leur donna commission pour informer contre ceux qui troublaient la tranquillité publique ; mais, en même temps, il adressa des commissions semblables au gouverneur du Mans, Leroy de Chavigny, à René de Bellay, sieur de la Flotte, à Jean de Maillé de Benehart et à Jean Hardiau, lieutenant du prévôt des maréchaux au Mans, pour informer contre les calvinistes, et fit défense d’exécuter un décret de prise de corps qui avait été obtenu au conseil privé, contre les Chalopin père et fils, surnommés Pezats, si horriblement célèbres dans la province pour leurs crimes, que nous n’avons pu énumerer en entier.

Non-seulement Miron favorisait les catholiques dans toutes les occasions, au détriment des protestans, soit en refusant d’entendre les justes plaintes de ces derniers, soit, lorsqu’il s’y trouvait contraint, en faisant connaître aux premiers les dépositions qui les chargeaient ; mais encore, ayant appris que la reine de Navarre était en route pour Vendôme, il en instruisit le duc de Montpensier, qui commandait dans le Maine, et lui écrivit qu’elle venait avec quinze cents chevaux pour surprendre Orléans, Blois, Tours et Amboise ; « et au cas, ajoutait-il, que vous n’ayez vos forces promptement, il faut, s’il vous plaît, Monseigneur, que vous donniez pouvoir, liberté et commandement au peuple de s’eslever et avecques le son du toxin, prendre les armes pour courir sus la reine de Navarre » ; conseil qui, s’il eût été suivi, eut amené inévitablement le massacre de cette princesse, dont toute la suite consistait en douze gentilshommes servans, et un grand train de dames de sa maison.