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CLXXXVII
QUATRIÈME ÉPOQUE.

Tandis que les assassinats, les pillages, les violences de tout genre, envers les calvinistes et leurs propriétés, étaient si scandaleusement tolérés, et s’exécutaient, même en plein jour, dans la ville du Mans et dans toute la province, la plus lâche vengeance s’organisait contre un des hommes qui avaient le plus à cœur d’y mettre un terme et de rétablir la tranquillité.

Le sieur de la Curée, dont il a été parlé plus haut, avait sa demeure dans la paroisse d’Artins ; un de ses frères était établi non loin de-là dans celle de Tréhel. De la Flotte et de Maillé, leurs voisins, comme on l’est à quelques lieues dans la campagne, circonviennent ce frère pour l’engager à attirer chez lui de la Curée. Le jour de cette visite est fixé, on en avertit à la hâte Leroy de Chavigny, gouverneur du Maine, qui envoie deux de ses lieutenans, nommés des Rues et Hardiau, avec trente archers à cheval, pour aider l’exécution du crime médité. On répand le bruit que cette troupe est chargée d’aller arrêter les brigands de Courdemanche et de Saint-Vincent-du-Lorouer, et on lui fait faire une traite de dix lieues, sans s’arrêter, pour se réunir à la Flotte, à Maillé, et au sieur de la Poissonnière. Un nommé Bernadet, gascon, meurtrier du comte de Sancerre, va se poster près de la maison du sieur de la Curée ; il le voit sortir de chez lui, sur les cinq heures et demie du matin, accompagné seulement d’un serviteur à cheval, « portant un tiercelet d’autours (pour la chasse à l’oiseau ) » et de deux laquais qui menaient les chiens. Bernardet le suit, l’atteint près de la maison de la Poissonnière, y entre prendre un renfort de deux coupe-jarrets comme lui, avec lesquels il le suit jusques dans la plaine de Couture. « Il trouve à l’entrée d’icelle les deux laquais qui menaient les chiens, et un peu plus avant l’homme de cheval qui ne pouvait piquer quant et quant son maître, pour autant que son oiseau se battait » ; Bernardet et les siens séparent le sieur de la Curée de ses servi-