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CCLXXIV
PRÉCIS HISTORIQUE,

rait qu’au moment de cette convocation, l’esprit que certains écrivains partiaux ont qualifié de révolutionnaire, était dans toutes les têtes, même dans celles des personnes qui en ont le plus violemment combattu les résultats : il n’y avait pas alors un individu qui n’invoquât de grands changemens, une refonte dans l’ordre politique, et dans beaucoup de parties de l’administration : un grand nombre de personnes virent dans la réunion d’une assemblée générale, le moyen d’obtenir sans troubles une constitution qui mettrait fin à la confusion des pouvoirs, qui substituerait des lois positives à des lois équivoques, qui rendrait possible la réforme des abus, et réglerait la marche d’une administration faible et incertaine. Mais, que font les ministres pour répondre à ce vœu général ? ils essaient d’éluder la convocation des états-généraux, en la remettant à une époque éloignée, et d’assurer à la couronne un pouvoir sans limites, par l’établissement de la cour plénière ; mais le clergé, la noblesse, la capitale, la plupart des villes, tous les tribunaux, même un assez grand nombre de courtisans, repoussent cet ultimatum du despotisme ministériel. En vain fait-on marcher des troupes, les officiers invitent les soldats à protéger les mécontens ; l’opinion voue à l’infamie ceux qui voudraient obéir ; tous les moyens de contrainte se brisent ; alors il faut céder, promettre solennellement la convocation prochaine des états-généraux, abandonner le projet d’établissement de la cour plénière, et renvoyer des ministres devenus l’objet de l’animadversion générale et du mépris public[1]. »

Ce qui démontre d’une manière certaine et irrévocable, l’état vrai de l’opinion publique, de cette divinité fabuleuse et mensongère qui ne consiste qu’en apparences vaines et trompeuses, suivant certains publicistes, et dont l’expérience du passé comme celle du présent, prouve néanmoins tout le

  1. mongaillard, Histoire de France, Introduction.